Il est grand temps de bifurquer…

Par Nadine Lanneau, professeure documentaliste en collège et lycée de l’Education nationale. Récemment à la retraite. Publié dans Système éducatif.

Ça va être votre fête, mesdames et messieurs les enseignant•e•s !

Le 5 octobre, ce fut votre fête, mesdames et messieurs les enseignant•e•s !

Le 5 octobre, c’est la fête mondiale des enseignantes et des enseignants … » Le journal le Monde nous apprend : « Gabriel Attal prononce un discours sur l’esplanade de la Bibliothèque nationale de France, devant un parterre de 200 invités. Il y annonce le lancement d’une « mission » chargée de formuler des propositions à tous les niveaux de la scolarité afin « d’accroître le niveau des élèves ». Le ministre avance également des pistes pour améliorer l’attractivité du métier d’enseignant, en estimant que la priorité n’est plus à la hausse des salaires ».

Recension de l’article du Monde du 5/10/2023 :

Attal : Elever le niveau des élèves

Pour Attal, élever le niveau des élèves se fera en élevant le niveau des « fondamentaux » (français, mathématiques).

Question du Monde :

« Pourtant, d’après les enquêtes de l’OCDE, nous sommes l’un des pays qui consacrent le plus de temps à l’enseignement de ces « savoirs fondamentaux ». Que faudrait-il donc faire de plus ?

Réponse : Je souhaite que les premiers auditionnés soient les organisations syndicales représentatives des enseignants. Tous les professeurs seront également associés : la semaine prochaine, nous lancerons une consultation de l’ensemble de nos 860 000 professeurs sur les priorités et les actions à mettre en œuvre pour élever le niveau »

[ Petite parenthèse : Déclaration du syndicat CGT Educ’Action : « Annonces Attal ou l’intensification de la bataille idéologique. « Sur la forme, en annonçant ces mesures sans aucune concertation avec les syndicats (un seul et bref échange lors d’un week-end…) et en engageant un vaste sondage auprès des personnels, il est clair que le ministre souhaite contourner le dialogue social (qu’il vante pourtant…) et dé-légitimer la représentativité syndicale. Nous dénonçons également le calendrier retenu qui indique clairement que le travail est d’ores et déjà mené par le ministère et que les décisions sont prises ». ]

Comment élever le niveau des élèves : les mesures ministérielles

Résumé succinct des principales propositions d’Attal (Le Monde et les annonces…)

  • Priorité au français et aux mathématiques = les fameux fondamentaux
  • Revoir les programmes, leur contenu, leur organisation même en primaire (maternelle, élémentaire).
  • Supprimer les cycles dans tout le système. (Voir plus bas : Les Cycles de la loi Jospin.)
  • Un manuel unique : d’Etat, officiel ? Voir mon article ici-même : « Des manuels scolaires d’Etat pour innover ??!
  • Accepter en sixième de nombreux élèves « illettrés » ? Grande question… Il s’agit bien de lecture, donc de compréhension de tous les langage outre le français, les mathématiques, des langages permettant de comprendre le monde. (Voir ci-dessous : les filières. Le collège.)
  • Refonder le collège ? Autre grande question… (Voir ci-dessous le collège unique…)

En arrière toute !

Et tout d’abord, comme pour mieux comprendre le présent et l’avenir, il n’est rien de mieux que de se pencher sur le passé : un petit historique des réformes dans l’Education nationale pour comprendre les manigances du ministre.

L’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 coïncidera pour l’Education nationale avec de grandes dates :

1985 : La grande réforme du lycée professionnel

  • Wikipedia. J.P. Chevènement était ministre de l’Education. J.L. Mélenchon, ministre délégué à l’enseignement professionnel a créé le LP Lycée professionnel. Celui-ci remplace l’ancien LEP Lycée d’Enseignement Professionnel qui recevait les élèves se destinant à des études courtes pour se former rapidement à un métier, avec le CAP (Certificat d’Aptitude professionnelle et le BEP (Brevet d’Enseignement Professionnel créé en 1967, le diplôme terminal). Un nouveau lycée est donc créé avec de nouveaux personnels recrutés avec un nouveau concours, le PLP2 permettant d’enseigner dans le BAC PRO.
  • Le bac professionnel ou bac pro comme on l’appelle va mettre cette filière moins considérée dans la hiérarchisation des études, à la même hauteur de considération que les deux autres, la technologique et la générale.
  • Petite parenthèse : le lycée général était la voie d’excellence des études longues des enfants de la bourgeoisie depuis sa création par Napoléon en 1808 pour les garçons – le lycée militaire -. Il s’ouvrira un siècle plus tard aux filles : « … en 1919, soit cent onze ans après l’institution de celui des garçons en 1808. Il ne devient identique pour les deux sexes qu’en 1924. Enfin, ce n’est qu’en 1971 que les nouveaux lycées sont systématiquement mixtes. Le baccalauréat, premier grade universitaire. Décerné par les Facultés, il est conçu comme le premier grade universitaire. Car le baccalauréat a la double particularité d’entériner la fin des études secondaires et d’ouvrir l’accès à l’enseignement supérieur. […] Lire sur le site gouvernemental.
  • J.L.Mélenchon, le ministre de l’enseignement professionnel, créateur du bac professionnel, fait un bilan de sa réforme, dans les années 2000, alors qu’il est devenu ministre de Jack Lang. Le bac pro : c’est un véritable changement de paradigme. Le bac pro, c’est : « […] une vision moderne de ce que sont les métiers de notre époque et donc les conditions à réunir pour les enseigner. En fait, les métiers contemporains peuvent être décrits comme autant de « sciences pratiques ». C’est à dire qu’ils sont tout à la fois un savoir de haut niveau de contenu et une culture technique de la mise en oeuvre de ces savoirs ». Une question se pose alors, celle des passerelles avec le lycée technologique mais aussi l’enseignement supérieur, qui apporte une nouvelle dimension à la fois aux bacs pro mais aussi aux BEP : « […] à l’intérieur même du parcours dans l’enseignement professionnel, on doit constater l’existence de filières en impasse. C’est pourquoi j’ai fixé l’objectif qu’il n’y ait plus de BEP sans ouverture sur un bac pro dans la même spécialité. La formule se prolonge évidemment par l’exigence qu’il n’y ait pas de bac-pro sans passerelle ou contremarche vers l’enseignement supérieur (BTS, DUT etc). Lire sur la page ministérielle de Vie Publique, le bilan de son action.
  • A mille années-lumière des conceptions de l’ancien LEP !

« A l’heure actuelle, le ministre Attal a le projet de revenir sur cette avancée sociale et culturelle qu’a été le bac professionnel et qu’il est encore pour de nombreux élèves de milieu populaire. Car ce sont bien sûr les enfants du Peuple qui y sont « orienté•e•s » après la troisième, souvent hors de tout désir personnel, trop souvent parce que depuis toujours, depuis le CP, on ne leur a pas laissé le temps d’apprendre à leur rythme… à lire, écrire, compter (les fondamentaux) et à développer toutes leurs compétences. Uniquement à cause… de considérations de classe, de tri social ! Le bac pro par contre, a permis l’ouverture des études universitaires à des élèves qui ont pu se découvrir des talents cachés, après la troisième et le collège mortifère, une fois acquise une estime d’eux-mêmes ferme et solide. Ce n’est bien sûr pas la conception qu’a Macron de l’éducation du Peuple : qu’ont-ils à faire de la Culture, qu’ont-ils à faire d’études poussées réservées à la bourgeoisie ? A eux les métiers d’exécution sans réflexion. Le ministre Attal qui obéit à la voix de son maître fait en sorte que ces élèves ne soient plus que des pions au service des intérêts économiques, des serfs corvéables à merci. Loin de toute promotion collective et individuelle.

Analyse du syndicat SNUEP-FSU de l’enseignement public :

« La réforme des lycées pros à rebours de l’intérêt général et de l’intérêt des jeunes »

Considérons les étonnantes analyses de l’OCDE :

« Le rapport de l’OCDE, Regard sur l’Éducation, est un document qui fournit des analyses globales sur l’état de l’Éducation dans le monde. Il couvre plusieurs thématiques sur l’École, en particulier celle très explosive des salaires. Cette année, sa particularité est de mettre aussi l’accent sur l’enseignement et la formation professionnels. Et au regard des analyses, on peut aisément mesurer que la réforme des lycées pros est à rebours des attendus et des préconisations de l’OCDE, de l’intérêt des jeunes – en particulier sur les filières tertiaires, et plus largement des besoins en main d’œuvre qualifiée dans le pays.

« Ce rapport de l’OCDE affirme aussi à plusieurs reprises l’importance et le rôle déterminant des diplômes professionnels :  plus protecteurs contre le chômage, ils contribuent toujours à un accès amélioré à l’emploi. Il confirme aussi divers résultats déjà pointés par d’autres études : plus les jeunes sont diplômés, plus ils sont maintenus en emploi »

[…] « la réforme des lycées pros va aggraver la réussite des jeunes aux épreuves du bac pro et du CAP car elle ne prévoit pas de revenir sur les pertes horaires en enseignement général orchestrées par la réforme Blanquer. Et pire, Carole Grandjean, [Ndlr : ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels depuis le 4 juillet 2022 ], persiste dans cette même logique de renoncement scolaire aussi pour les disciplines professionnelles. Augmenter les périodes de stage en terminale, c’est diminuer d’autant le temps d’école pour toutes les disciplines. C’est donc faire un pari fou et dangereux sur la diplomation de la jeunesse lycéenne la plus fragile scolairement ».

[…] « La partie la plus emblématique de ce rapport concerne certainement les passages sur les filières professionnelles tertiaires où il est clairement écrit que l’enseignement du tertiaire est important car attractif puisqu’il permet aux jeunes de poursuivre des études et aussi, pour les diplomé·es en emploi, de changer plus facilement d’orientation au cours de leur carrière. Ces analyses, plusieurs fois mentionnées, démontrent à quel point le choix de C. Grandjean de fermer ces filières en priorité en France relève d’une hypocrisie et d’un dogmatisme pervers. Ces fermetures déjà calibrées et voulues rapides poursuivent un objectif caché et dangereux pour les personnels et les jeunes : alimenter les CFA d’entreprise type Mac Do qui ne recrutent pas et répondre aux exigences des grandes entreprises dans les secteurs d’activité en pénurie de main d’œuvre ». Lire sur la page du syndicat SNUEP-FSU. Enseignement professionnel public.

10 juillet 1989 : La loi d’orientation sur l’éducation 

  • La loi d’orientation sur l’éducation du 10 juillet 1989, dite aussi loi Jospin (du nom du ministre de l’éducation nationale, Lionel Jospin), est une loi qui modifie largement le système éducatif français mais… a été partiellement ou jamais appliquée.
  • Les cycles, un pilier de cette réforme : « La loi organise la scolarité en cycles, trois pour le primaire (maternelle et élémentaire), deux pour le collège, et des cycles plus ou moins nombreux au lycée selon les filières. Notons que déjà le nombre de cycles est revu à la baisse avec la réforme des lycées [ndlr : en 2017, de Blanquer].
  • Les cycles, objectif : La loi Jospin, avec les cycles, permet de créer des passerelles entre les différents niveaux : maternelle-CP, CM2-sixième, 3°-2°, etc. pour que les élèves puissent suivre leur scolarité… à leur rythme et non à un rythme effréné qui, toutes les études l’ont montré, défavorise les plus faibles à tous les points de vue. Et si l’on ne donne pas le temps au temps, ce sont les privilégié•e•s qui l’emporteront toujours sur les plus faibles, non les moins compétent•e•s.

11 Juillet 1975 : Le collège unique

  • Souvenons-nous ensuite que le collège unique a été créé par la loi Haby, ministre de l’éducation de droite de Valéry Giscard d’Estaing, lui-même de droite mais « éclairé » (souvenons-nous de Simone Veil, sa ministre de la santé choisie dans la société civile pour son engagement et son humanisme et de la loi pour l’avortement qu’ils avaient soutenue ensemble malgré les oppositions de… la droite en particulier).
  • Le 11 juillet 1975, René Haby, ministre de l’éducation, supprime la distinction entre CES et CEG qui deviennent tous des collèges. Elle met donc fin à l’organisation de la scolarité en filières.
  • Les filières avaient pour but de classer et de trier les élèves, selon des critères de classes sociales : le lycée, pour les enfants de la bourgeoisie, avec d’abord le CP du « petit lycée » pour les plus jeunes et un apprentissage de la lecture à des années-lumière de celui dispensé pour le Peuple à l’école communale : pas d’apprentissage avec du déchiffrement pour alphabétiser mais tout de suite de vrais textes à lire. Le choix était clair : on voulait former des lecteurs•rice•s qui entreraient en sixième avec latin dans une filière classique.
  • Les bons élève de CM2 entraient en sixième au Cours complémentaire, des classes d’enseignement primaire supérieur annexées aux écoles communales, d’abord puis en 1959 une réforme de l’enseignement public les transforme en CEG, collèges d’enseignement général, un collège moderne sans latin donc. Une filière courte pour les enfants des classes populaires et moyennes qui se destinaient à l’administration, à des professions subalternes, les employé•e•s. Les enfants d’ouvriers allaient en technique.
  • En 1963, on décida de rassembler dans des collèges d’enseignement secondaire (CES), les classes de fin d’étude primaire, les premiers cycles de lycée et les CEG. Ces CES comportent donc des sections classiques avec latin en sixième puis grec en quatrième et des professeurs certifiés ou agrégés, anciens professeurs•e•s de lycée ; des sections modernes sans latin avec des professeurs d’enseignement général de collège issus des CEG ; et des classes dites de transition, en 6° et 5° issues des classes de fin d’études d’école primaire ; suivies en 4e-3e , de classes pratiques ou terminale pratique qui consistaient en une formation pratique pour un apprentissage ou une carrière d’ouvrier spécialisé.
  • Les filières sont abandonnées cad les deux ordres d’enseignement, un pour les enfants de la bourgeoisie qui se destinaient aux études longues et aux carrières de dirigeantes et de dirigeantes = le lycée et les = le cours Complémentaire. Il y avait cependant des passerelles permettant à celles et ceux que l’on appelle aujourd’hui des « transfuges de classe », comme Albert Camus « […] une infime minorité d’élèves brillants, dits «méritants» et issus des classes populaires, de passer d’une voie à une autre […] Lorsqu’on était pauvre, il fallait être meilleur que les autres, meilleur que le petit camarade enfant de riches ou de lettrés pour accéder aux voies «royales».
  • Un article de Libération de 2015 : « Cette réforme du collège est un pas de plus vers un collège plus «unique», plus juste et plus performant » Article de Libération en 2015, par les journalistes Maya Akkari, Fondation Terra Nova et Caroline Veltcheff, Fondation Terra Nova (une association française se définissant comme un laboratoire d’idées, proche du centre gauche, qui se veut progressiste et indépendante.)
  • Avec la loi Haby, l’hétérogénéité des classes est établie, des actions de soutien et des activités d’approfondissement sont organisées. Enfin, c’est la théorie ! A voir la réalité réelle…
  • L’article de Libération continue : « Le jeu d’options, a priori louable pour éviter un collège monochrome, (bilangues, sportives, musique, etc.) a servi l’entre-soi des familles initiées et est d’une telle complexité qu’il a été un frein à une égale répartition dans les classes des différentes typologies d’élèves. Sans réelle mixité entre les établissements ni en leur sein même, on se retrouve donc dans la majorité des cas face à des regroupements d’élèves d’un même niveau scolaire dès la 6e dans des classes à profil qui, de fait, créent des filières dites «cachées» »? […]
  • « Ainsi, les sociologues nous disent qu’à leur sortie de 3e, et toutes choses égales par ailleurs, deux enfants, l’un ayant été scolarisé dans un collège de centre-ville dans une classe bi-langues avec option latin, l’autre, dans un collège d’une banlieue populaire ou de zone rurale dans une classe lambda, ces deux enfants n’auront pas été confrontés aux mêmes apprentissages ni aux mêmes exigences ; que lorsqu’ils se retrouvent dans un même lycée, ils n’ont statistiquement pas les mêmes chances de réussite. On peut donc affirmer que le collège n’a jamais été pleinement «unique» en France ».[…] Il » a peu évolué contrairement à des nations économiquement comparables à la nôtre (Europe du Nord ; Sud-Est asiatique ; Canada, etc.), qui ont de nouveau modernisé leur système dans les années 80″ […] »Par ailleurs, la tentation du petit lycée a aussi conduit l’ensemble du système à tendre vers l’abstraction : le collège en France est très notionnel et les enseignements, peu fondés sur des projets, oublient en cours de route d’enseigner aux élèves des compétences pragmatiques et concrètes. L’émiettement des enseignements au collège (11 à 12 disciplines dès la 6!) défavorise les enfants les moins autonomes et les moins soutenus, bien souvent les plus fragiles socialement. Donner du sens aux contenus, appréhender la transversalité s’acquiert, dans le système actuel, malheureusement plus auprès des familles qu’à l’école, ce qui est source d’inégalités« .

Mai 1999 : Le Collège de l’an 2000

  • En mai 1999, une nouvelle réforme des collèges est lancée par Ségolène Royal, ministre déléguée chargée de l’enseignement scolaire. Elle s’appuie sur les conclusions du rapport du sociologue François Dubet « Le Collège de l’An 2000. » Le rapport est favorable au maintien du « collège pour tous », réaffirme son rôle intégrateur et refuse une orientation précoce.
  • Il propose notamment de remettre à niveau des élèves arrivant en 6e avec des lacunes importantes, de favoriser une plus grande cohérence des enseignements et des équipes pédagogiques, de diversifier les méthodes d’apprentissage, de promouvoir la culture technique, de réformer le pilotage des collèges afin de lutter contre l’accroissement des écarts entre les établissements, d’améliorer la vie au collège en y associant davantage les parents et les élèves.

Tout ce que veut « chambouler  » l’auto-suffisant et plein de morgue Attal, lui , le bourgeois de l’entre-soi du « Petit Paris » (terme employé par Juan Branco qui a été élève avec lui à l’école alsacienne, école de l’élite), où les études bien sûr se font dans le même lycée privé parisien, les rencontres amoureuses, et les mariages dans un « entre-soi », un mépris de classe de ce qui n’est pas « nous » (Cf. les écrits de Juan Branco pourtant l’un des leurs dont il se désolidarise et qui dénonce dans ses livres ce qu’il connaît bien ; et les Pinçon-Charlot sociologues qui ont montré que cette connivence débute « dès l’âge de dix à treize ans, par des sorties culturelles, pour se terminer par de grandes soirées dansantes […] Les futurs héritiers y apprennent à reconnaître d’instinct leurs semblables, en tant que partenaires possibles pour leur vie affective, sexuelle et surtout matrimoniale. » Lire ici

Je referme la parenthèse et reprends la lecture de l’article du Monde du 05/10/2023 :

Jeu de questions-réponses entre le ministre et le Monde

  • Q : « Le système scolaire français se caractérise surtout par d’importantes inégalités entre les meilleurs élèves et les moins bons, fortement corrélées à leur origine sociale. Comptez-vous agir sur ces inégalités pour améliorer le niveau ? »
  • R : …?
  • Q : « Vous avez souhaité rendre hommage aux professeurs à l’occasion de la Journée mondiale des enseignants. Cette profession est aujourd’hui en souffrance. Comment comptez-vous répondre à son mal-être ? »
  • R : « Au fond, nous sommes passés des hussards noirs de la IIIe République aux combattants du savoir, qui luttent contre les inégalités, les déterminismes et parfois les complotismes. S’il y a une institution qui peut être un rempart contre la peur du déclin, c’est l’école, et le ciment de cette institution, ce sont les professeurs ».
  • Donc R : …?
  • Q : « Sur les rémunérations, vous soulignez les importantes hausses des dernières années, pour autant les enseignants n’ont pas rattrapé le retard pris en quelques décennies et leurs salaires restent inférieurs à ceux des autres fonctionnaires de catégorie A. Ce chantier de la revalorisation est-il clos pour vous ?
  • R : ???
  • Q : « Le temps de formation initiale des professeurs des écoles a baissé de 40 % depuis 1990 ». Ne parlons pas de la formation continue.

La lecture de l’article est réservée aux abonné•e•s du Monde.

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Notes

[1] Les trois lycées à l’heure actuelle.

Les différents lycées après la troisième : sur le site gouvernemental.

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[2] L’importance des cycles

L’organisation de l’Ecole primaire (maternelle-élémentaire) et du collège, sur Eduscol

  •  La question des cycles à mettre en relation avec la question de l’apprentissage de la lecture :
  • Importance du temps à laisser à l’enfant : se socialiser d’abord (attention à ce que l’on veut faire de la matenelle)
  • Donner du sens
  • une société d’enfants : importance de l’imitation des pairs

Une interview de Jacques FIJALKOW par la revue des instituteurs et profs d’école « Entre Guillemets »:

« Jacques FIJALKOW , professeur à l’Université de Toulouse, a travaillé en Israël, au Québec dans des projets européens et s’intéresse plus particulièrement aux enfants en difficulté (…). »

L’imitation est primordiale


Il montre que les enfants en difficulté en lecture sont en difficulté parce qu’ils ne sont pas socialement dans l’école. Il faut donc attendre qu’ils se socialisent même si cela prend du temps, et les aider à prendre conscience de l’intérêt de ce qu’ils font à l’école. Pour lui, dans une société d’enfants, l’imitation (que l’on appelle à tort le copiage, des enfants les uns sur les autres) est primordiale pour la progression des enfants en difficulté. »Pour les enseignants, c’est très difficile, car il y a une pression très forte, en particulier lors du CP. Les parents sont angoissés, les collègues sont pressés, etc. Pourtant avec certains enfants, il faut attendre plus d’un an. Parfois, il faut attendre que l’enfant soit au CE1 pour que ça démarre. Il y a tellement de cas spectaculaires de démarrage quand les enseignants ont joué le jeu, quand c’est la même équipe qui a fonctionné sur l’ensemble du cycle que je suis convaincu que si l’on donne du temps à ces enfants, ils progresseront.(…) » »Il faut donc que les premiers, ceux qui sont prêts, fassent et que les autres les voient faire, qu’ils les imitent pour que peu à peu ça fonctionne. Il y a une société des enfants, ils s’observent les uns les autres, beaucoup plus qu’on ne le pense. La mise en place des cycles* est une chose importante. Il faut effectivement donner le temps au temps. Il faut vraiment jouer le jeu sur trois ans, sinon ça ne peut pas fonctionner pour tous. (…) »


« L’entrée dans l’écrit est le pas décisif que nos sociétés demandent de faire au jeune de cinq, six et sept ans. Dans « l’apprentissage de la lecture », l’écriture, aujourd’hui, est prise en compte au même titre que la lecture, tandis que l’enfant se retrouve placé au centre des préoccupations. Quelques-uns des meilleurs spécialistes mondiaux de la conception constructiviste s’expriment dans cet ouvrage sur un thème qui fait l’objet d’un intérêt chaque jour plus grand ».

Éditeur ‏ : ‎ Presses universitaires du Midi (27 février 2020)

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