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2024

POUR UNE CONVENTION CITOYENNE DE L’EDUCATION

OBJETS/SUJETS… BIFURCATIONS EN COURS

pour mémoire…

Une bifurcation majeure concernant la femme

  •  2017 : « le mouvement #Me Too a rendu possible quelque chose qui semblait inimaginable il y a quelques années : entendre les femmes. Une « libération de la parole » mais surtout de l’écoute » constate en 2024 le quotidien Libération…
  • 1791 : Olympe de Gouges rédigeait une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

Il a donc fallu 216 ans pour que la femme soit ainsi écoutée et reconnue en tant que sujet

Concernant l’homme… la bifurcation est à entreprendre ! Vaste programme… pour que tous ou du moins la plupart, reconnaissent leur responsabilité.

Concernant l’enfant, quelques jalons :

  • 1904 : Lewis Hine pouvait encore photographier des enfants de 5 ans employés dans les filatures anglaises…
  • 1882 : Jules Ferry instaure l’école obligatoire, l’enfant échappe enfin à l’exploitation par le travail, mais il reste en l’état d’objet. On lui enseigne ce qu’on nomme aujourd’hui les « savoirs fondamentaux » pour satisfaire les besoins de la révolution industrielle et ceux de la Patrie (1918 : on a décompté côté français,1 400 000 de morts, 4 000 000 de blessés).
  • 2021, en France : une commission indépendante se penche, sur les violences sexuelles faites aux enfants. Le juge pour enfants Edouard Durand qui dirige cette commission, la « CIIVISE », rend son rapport en 2024 et l’on apprend que les mineurs sont en France 160 000 à subir des violences sexuelles. Au moins 2 enfants par classe ! 

L’opinion découvre que l’enfant, dont on parle publiquement avec attendrissement et qui fait l’objet de soins raffinés dans les journaux, est aussi, massivement, l’objet des pires abus. On aimerait assister à une vague massive d’indignation…

  • 2023, décembre, le juge Durand est évincé… il semble déranger
  • 2024 Les deux personnes qui le remplacent à la tête de la Ciivise, ont selon Télérama du 14 février « foulé aux pieds la doctrine, si forte, de la CIIVISE, le « on vous croit » qui affirmait jusqu’ici la légitimité de la parole des victimes ». Ces deux nouveaux co-présidents sont contraints de démissionner… » « Comment cette commission peut-elle finir dans un tel fiasco ?» s’interroge l’hebdomadaire (pas vraiment écolo-gauchiste). Le Président Macron semble avoir oublié être l’initiateur de cette malencontreuse CIIVISE. Avec son ministre Attal il entend maintenant et de toute urgence rétablir l’autorité et à cet effet utiliser les artifices habituels, uniforme, salut au drapeau, etc… Il s’agit de couper l’herbe sous le pied du R.N.

            Les souffrances des enfants sont de nouveau poussées sous le tapis…

Ces quelques données appellent à réfléchir au fait qu’aucun mouvement Me Too ne permettra aux enfants de « se faire entendre », et que cette évidence nous fait le devoir, sinon de parler pour eux, du moins de réunir les preuves que leurs souffrances sont encore plus nombreuses et odieuses que celles des femmes. Notamment celles qu’ils subissent à l’école sur lesquelles il nous est possible d’agir.

[Lire aussi « Dénoncer la violence systémique à l’oeuvre dans l’école, c’est aussi lutter contre le harcèlement scolaire » de J.P. Véran dans son blog de Médiapart.]

Certaines violences sont depuis peu connues du public : harcèlement, décrochage, phobie scolaire, détérioration de la santé mentale des enfants et des adolescents, sont périodiquement évoqués dans les journaux à la télévision.

Le problème est suffisamment grave pour qu’on s’efforce de remonter à la racine des causes.

A cet effet, nous proposons de prendre au sérieux l’objectif majeur qu’osait évoquer Jules Ferry, l’émancipation, et de réfléchir à la manière de transposer, à l’intention des enfants, la conviction de Karl Marx :« l’émancipation de la classe ouvrière doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes »…

L’auteur de ces lignes est entré tardivement dans l’enseignement et a eu le privilège de participer aux recherches-actions des écoles expérimentales du XXème (« Vitruve »), puis de la Villeneuve de Grenoble (animation de 5 groupes scolaires) toujours en relation étroite avec la recherche (INRP) de 1962 à 2001). Il a été porteur puis a suivi la mise en œuvre du projet émancipateur, de la pédagogie de « l’auto-socio-construction ». Il a assisté objectivement, dans la durée, à la transformation du statut de l’enfant. Il a pu observer comment son passage à l’état de sujet a pu provoquer des évolutions dans les familles et dans le corps social (notamment quand une équipe a diffusé sa brochure « Vivre à l’école en citoyens ») .

C’est donc avec une longue expérience pratique qu’il se permet de réfléchir sur le thème « Statuts » puis d’en tirer une proposition permettant d’ouvrir le débat.

LES STATUTS

Les travailleurs

Dans la société industrielle, naissante, Marx pouvait définir le prolétaire comme un travailleur « qui, n’ayant ni capital ni rente foncière, vit uniquement de son travail, d’un travail abstrait et monotone ». Le prolétaire est un objet dont on dispose comme une machine. Cette société s’est complexifiée mais le nombre de personnes qui vendent leur force de travail et exécutent des tâches sans intérêt est tout aussi grand. Complexification qui rend le projet émancipateur lui aussi plus complexe…

La femme

Le statut d’objet a une place majeure dans la lutte émancipatrice des femmes qui dénoncent ce fait immémorial. En qui combattant les aliénations qui les accablent elles revendiquent un statut de sujet. (cf. le début de ce texte).

Les enfants
Les travailleurs et les femmes luttent pour leur émancipation. Les enfants, mis à part les plus grands, ne sont pas en mesure d’analyser le problème. C’est donc notre devoir d’entreprendre cette analyse et d’envisager les voies de leur émancipation (dont l’institution parle abusivement en réduisant cet objectif à la transmission de savoirs).

Les enfants dans la sphère familiale

… ce statut d’objet est évident, non seulement dans les actes criminels dénoncés par la Ciivise, mais aussi dans le formatage éducatif, la transmission des « valeurs » (traditions, religion, « récits » historiques, etc.). Les parents sont de plus en plus nombreux à prendre conscience de la réalité volontaire ou insidieuse de ce problème. Ils constatent aussi qu’il est difficile de s’en dégager. Le statut de sujet s’impose néanmoins progressivement.

La bifurcation objet/sujet suit donc son cours dans notre société. Elle peut sembler irréversible mais les systèmes totalitaires peuvent engendrer des régressions : dans la Russie de Poutine (1)

Les enfants dans le système scolaire public

… Nous appelons à réfléchir aux faits suivants :

  •  Les enfants avant 6 ans, à l’école  maternelle, alors que le pouvoir actuel cherche à en faire la propédeutique  de l’école primaire, sont encore majoritairement traités comme des sujets, tout autant et probablement mieux que dans la moyenne des familles. Ils peuvent se déplacer librement, jouer, développer leurs capacités créatrices. Ils sont appelés à découvrir et respecter les différences (sexe, couleur, âge, comportements). Ils s’y socialisent, apprennent à coopérer et y sont encouragés et accompagnés par des adultes bienveillants. Le processus « d’auto-socio-construction » est objectivement en cours (plus ou moins clairement théorisé).
  • À 6 ans, ils se trouvent soudain enfermés dans la salle du « cours préparatoire », contraints à des apprentissages dont ils ne comprennent pas précisément l’intérêt et la nécessité. Apprentissages qui laissent peu de place au respect du rythme de chaque enfant, et dont la fonctionnalité est très réduite, peu perceptible (sinon la fonction : satisfaire la maîtresse ou le maître, les parents). Les enseignant•e•s peuvent s’efforcer d’en ouvrir le champ culturel, mais la régression actuelle rend cette attitude presqu’impossible parce qu’il faut suivre le programme et sa temporalité.

Les enfants deviennent objectivement des objets dont les étapes de formatage sont suivies attentivement : les évaluations se multiplient et l’on accorde à celle « du milieu d’année » une possibilité prédictive de réussite ultérieure ou d’échec. Leurs parents acceptent ce changement, ils savent qu’un retard pris à 6 ans et demi risque de coûter très cher au cours du processus de sélection. Il leur semble normal de dire « maintenant tu es grand, tu vas à la grande école », sous-entendu, il est temps que tu découvres la dure contrainte du travail. L’enfant peut en être fier, se résigner ou en souffrir.

Il est possible de comparer cette attitude « réaliste » avec un rite d’initiation…

  • De 6 à 17ans le formatage se poursuit, les enseignant•e•s en sont chargé•e•s sans trop le mettre en cause.
  • À 18 ans, après le bac, les élèves retrouveront (?) un statut de sujets (si toutefois leur vœu à « Parcoursup » est satisfait…) mais le long formatage qu’ils ont subi à partir de leur sixième année aura laissé des traces…
  • Les enseignant.e.s , si elles et ils se considèrent aussi comme des « éducatrices ou des éducateurs » doivent gérer leurs contradictions : s’efforcer de respecter leurs élèves en tant que sujets, en tant qu’individus et êtres sociaux… mais avant tout respecter les programmes pour qui les élèves sont des objets à formater, à évaluer, principalement en prévision de leur insertion dans la hiérarchie économique (but essentiel du système « éducatif »)

Les adeptes des diverses formes d’Education Nouvelle,

  • sont donc dans l’obligation de gérer l’antagonisme objet/sujet et se trouvent dans une contradiction douloureuse : s’efforcer de donner du sens aux obligations qu’elles ou ils subissent, tout autant que les enfants… Contradiction permanente d’autant plus dure à supporter que ces enseignant•e•s sont très rarement majoritaires dans leur établissement !
  • Leur espoir ? Qu’un changement politique puisse, un jour, faire prospérer le fruit de leurs recherches et parfois elles et ils militent politiquement à cet effet. Mais leur constat comme nous le faisons ici, est que toutes les organisations politiques évoquent volontiers le concept éducation mais se gardent de dénoncer le rôle du système scolaire dans la reproduction sociale comme ont osé le faire les sociologues Bourdieu et Passeron. Toutes et tous se contentent de défendre « l’école de la République »
  • ll est possible de faire une hypothèse : la cause de cette difficulté récurrente pourrait se trouver dans l’attachement à l’idée ancestrale de transmission… La gauche tout autant que la droite, les croyants de toutes religions, les parents, souhaitent depuis toujours transmettre leurs « valeurs ».

En considérant inconditionnellement l’enfant comme une personne, en lui reconnaissant le statut de sujet, nous pensons qu’il pourra, devenu grand, contribuer au processus émancipateur en cours et même l’accélérer (2)

Cet objectif conditionne la réalisation des objectifs de notre appel de 2020 (3) où il aurait pu figurer. Il invite à faire du 4ème point un objectif majeur :

Affirmer que l’éducation est un bien commun qui en tant que tel, ne doit pas dépendre d’un quelconque pouvoir politique ou économique mais faire l’objet d’une construction collective évolutive élaborée démocratiquement.

Raymond Millot 22 février 2024

NOTES

  • OBJETS

(1) Reportage édifiant de France 5 (16 avril 23). OLGA , instructrice dans « l’armée des  jeunes », dans la russie de Poutine, déclare : « Les enfants  sont un terreau fertile et il nous revient  d’y planter la bonne graine. Il faut profiter de la période où ils sont encore petits. Ce que nous mettrons dans leur tête déterminera ce qu’ils seront dans le futur. Un jour, ce sera leur tour de payer leur dette envers leur pays. Oui, ça fait de la peine de devoir sacrifier ses enfants (…) un enfant naît pour être défenseur de sa patrie. Une fille pour être la gardienne de son foyer »

  • SUJETS

(2) Au lycée, les enfants, devenus de jeunes adultes, en ont fait la démonstration quand, en 2016, le CESE (Conseil Economique Social et Environnemental alors animé par Jean-Marie Laureau), s’est rendu au lycée Le Corbusier d’Aubervilliers. Des élèves, le Proviseur et plusieurs professeurs étaient appelés à témoigner. La parole est tout d’abord longuement donnée à une dizaine d’élèves de « l’atelier culturel » qui se sont  répartis les interventions autour de trois thèmes

« l’importance de la pression », « l’école lieu de souffrance », « la compétition malsaine pour la meilleure note(de la classe) au détriment du savoir ».

 Grâce à de récentes innovations, ils ont pu connaître « la solidarité, l’entraide, le travail en groupe et la mutualisation qui permet de combler les lacunes avec les points forts des autres

  Ils savent « qu’il faut défaire la représentation qu’ont les parents de l’école et leur montrer que la qualité de l’apprentissage est plus importante ». Ils dénoncent encore « la pression sur les profs qui doivent finir le programme et ne donnent pas le temps de comprendre, et sur l’élève qui doit restituer ses connaissances sans même les comprendre ».

Au collège

Le malaise existant a justifié une enquête officielle sur La santé des collégiens en France 2018-Novembre 2020. Une première question générale porte sur le fait d’aimer l’école, sur la perception des exigences scolaires excessives et du stress lié au travail scolaire… « La proportion d’élèves déclarant aimer l’école « un peu » ou « beaucoup » décroit de façon régulière, passant de 86,0 % en 6e à 56,7 % en3e . Plus encore, la proportion de ceux déclarant aimer beaucoup le collège se voit divisée par trois entre les élèves de 6e et ceux de 3e » etc…

En 2018 une « Enquête nationale en collèges et en lycées chez les adolescents sur la santé et les substances » apporte des constats qui devraient interroger comme « La perception du collège a tendance à se dégrader avec l’avancée dans les niveaux de classe : la proportion d’élèves déclarant aimer l’école « un peu » ou « beaucoup » décroit de façon régulière, passant de 86,0 % en 6 e à 56,7 % en 3e . Plus encore, la proportion de ceux déclarant aimer  beaucoup le collège se voit divisée par trois entre les élèves de 6 e et ceux de 3e »..

  • BIFURCATION

(3) 4 objectifs de l’Appel de 2020 :

  • développer les capacités de résilience « en donnant la part belle à la coopération et la créativité, et au développement des sciences citoyennes et participatives (cf. les 35 propositions)
  • permettre au potentiel d’intelligence et de créativité de chaque individu de s’exprimer au service de son propre équilibre et du développement qualitatif de la société, notamment par la création dans le domaine artistique
  • favoriser les démarches émancipatrices et solidaires dans l’esprit des premiers temps du mouvement ouvrier
  • affirmer que l’éducation est un bien commun qui en tant que tel, ne doit pas dépendre d’un quelconque pouvoir politique ou économique mais faire l’objet d’une construction collective évolutive élaborée démocratiquement.

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Difficultés… à nous faire entendre…

Deux personnalités nous aident à comprendre les difficultés que nous avons à nous faire entendre.

– Coralie Chevallier, chercheuse en science cognitives et comportementales :« Ce n’est ni le climato-scepticisme, ni la théorie du complot qui fait qu’on n’agit pas… Le niveau de compréhension est très élevé. Mais ce n’est pas parce qu’on a compris l’urgence d’agir qu’on respecte le devoir d’agir ».

– Laurence Tubiana, directrice de la chaire « développement durable » de Sciences Po : « Comment abandonner l’idée que demain sera mieux que ce qui a fondé l’économie orthodoxe [sachant que] la prospérité ne nous a pas apporté le bonheur, [que] l’accumulation de richesses ne procure pas de bonheur additionnel ?»

Lu sur libération du 1er février 2024, l’article « Les héritages de Daniel Cohen : des « pavés contre les idées reçues » (pour abonné•e•s).

Nous laissons à nos ami•e•s  le soin de transposer ces analyses au domaine de l’éducation…

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Mobilisation générale : et les enfants et les jeunes dans tout ça ?

Nous proclamons ici dans notre collectif (voir plus bas) : La mobilisation générale doit impliquer les enfants et les adolescents

Appel public 

Contre l’école du tri social, une riposte collective s’impose : pour un Grenelle alternatif de l’Education

« C’est un appel à une riposte, unitaire et collective que lancent dans cette tribune les mouvements pédagogiques et associations complémentaires de l’école, les associations d’usagers·ères, les organisations syndicales, les chercheuses et chercheurs, les actrices et acteurs de l’éducation. « Nous appelons toutes celles et tous ceux qui ne peuvent se résigner à une école du tri social, à participer à nos travaux pour un Grenelle alternatif » écrit le collectif.

Pour relever le défi d’une école plus égalitaire, pour former des citoyennes et des citoyens de demain éclairé·es, à même de relever les enjeux majeurs posés par les crises climatiques, démocratiques, sociales qui pèsent sur nos sociétés, une bifurcation est plus que jamais nécessaire.

L’école française, dans son ensemble, va mal. Les signaux sont au rouge, le président en fait son affaire personnelle dans une direction amplifiant la fracture sociale qui ronge déjà notre école. Rejoignant d’autres études, les dernières évaluations PISA soulignent et confirment des indicateurs inquiétants : poursuite de la baisse des résultats des élèves de 15-16 ans en maths et lecture, confirmation des écarts de réussite selon les milieux sociaux, mal-être scolaire sensible des élèves, et souffrance des professionnels de l’éducation ».

Ce qui est dit dans le texte de l’appel (lire l’intégralité sur le site du Café pédagogique plus bas) : « La méthode proposée ? Ouvrir 4 ou 5 chantiers successifs autour des questions vives posées. Organiser des séminaires largement ouverts sur chacune : ouvrir des débats documentés, par la recherche, les expérimentations, les innovations de terrain, les témoignages. Construire ensemble des consensus pour être force de proposition.

Vers un grand rendez-vous pour un « Grenelle alternatif de l’école », en juillet ou septembre 2024 : des états généraux pour faire le point sur l’ensemble des discussions menées ».

Le collectif Education bien commun associé au groupe éducation du CNNR, interviendra dans les débats pour faire connaître ses propositions pour cette bifurcation – une transformation totale du système et non une énième réforme de l’éducation -. Nous avons des témoignages de terrain, des expérimentations qui ont été positives en leur temps dans le système lui-même (écoles et collèges) ou à l’étranger. (Lire ici sur notre site).

Le texte de l’appel est à signer sur le site du Café Pédagogique.

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Pétition de tous les syndicats aussi

« Ensemble nous disons « NON » au « Choc des savoirs ». Le ministère s’entête à vouloir mettre en place le projet conservateur et passéiste du « choc des savoirs » présenté il y a quelques mois par Gabriel Attal devenu Premier ministre. Ce projet est néfaste à l’École pour les élèves et pour les personnels. Au lieu d’en guérir les maux, il renonce à les voir et va les accroitre. À l’appel des organisations syndicales FSU, UNSA, FO, Sgen-CFDT, CGT Educ’Action et Sud, nous nous opposons à ce plan qui :

  • trie socialement les élèves en organisant les cours de mathématiques et de français en groupes de niveau, ce qui va immanquablement accentuer les inégalités scolaires […] Signer la pétition ici.

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Les vœux intranquilles de la présidente Camille Étienne

Chaque nouvel an, Mediapart propose à un·e citoyen·ne (ou plusieurs) d’être président·e de la République d’un jour afin de rappeler que celle-ci nous appartient à toutes et tous. Pour 2024, la militante pour le climat Camille Étienne nous offre ses vœux présidentiels intranquilles, entre lucidité et espérance. Les voeux sur youtube. Et ci-dessous :

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Nos textes :

« Mobilisation générale » : contribution de l’éducation

Les effets du réchauffement climatique se manifestent plus vite et plus gravement que prévu. Les journalistes et les politiciens en sont informés mais, allant au plus pressé, ils mettent presque systématiquement cette perspective entre parenthèses.

Contrairement à eux, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’en inquiète au point d’appeler à la « mobilisation générale ».

Dans le champ de l’éducation, notre collectif (1) s’est « mobilisé » dès 2020, en en lançant un premier appel « Une éducation pour faire face au « jour d’après » dans le sillage de l’appel de 18 organisations sur le thème « Plus jamais ça ! Préparons le jour d’après ! » (l’éditorial du Monde du 5 -12- 23 porte sur son 4ème objectif « l’éducation, bien commun indépendant du pouvoir politique » !).

En 2022, à la suite de la manifestation des élèves des « Grandes Ecoles »dont « AgroParisTech », nouvel appel : « C’est tout le système éducatif qui doit bifurquer ».

Ces appels ont recueilli des signatures significatives de personnalités connues des sciences de l’éducation, de la philosophie, de la psychologie, de la psychiatrie, et de militant.es appartenant aux différents mouvements pédagogiques. Voir sur cette page de notre site.

 En novembre 2023, des élèves de Grandes Ecoles manifestent de nouveau leur volonté de « bifurquer ». Ils apportent implicitement leur contribution à cette mobilisation générale.

En attendant que celle-ci devienne effective, il est possible :

  • d’exploiter et déborder les timides propositions de l’institution scolaire concernant « l’éducation au développement durable ». Occasion d’accumuler de l’expérience utile à l’éventuelle« bifurcation » et de donner un sens à la « transdisciplinarité »
  • d’imaginer une mise en œuvre de cette mobilisation, dans les différents domaines de la vie sociale.

  Il est impossible de tenir les enfants et les adolescents à l’écart des horreurs du monde.  Nous constatons leur inquiétude et nous estimons que le moyen le plus efficacepour empêcher qu’elle n’envahisse les esprits, c’est l’action. A cet effet, nous proposons d’examiner une première hypothèse.

La mobilisation générale doit impliquer les enfants et les adolescents

 Les pédagogues qui ont ouvert l’école sur le monde et pratiqué « la pédagogie du projet » ont constaté qu’ainsi, les apprentissages prenaient du sens aux yeux des enfants.  

La lutte contre les effets du changement climatique et les efforts pour y porter remède constituent un projet majeur et vital qui  les concerne au premier titre.

Il est donc fondé d’envisager que les enfants et les adolescents deviennent, aux côtés des adultes, acteurs de cette mobilisation générale.

Nous avons donc tenté de décrire le processus d’une manière réaliste et à nos yeux féconde car elle a permis d’aborder divers sujets sous un angle nouveau, ainsi :

  • Ce rôle d’acteur conduit à considérer le statut de l’enfant et en quoi il se trouve changé, non seulement parce que le processus d’auto-socio-construction transforme son statut d’élève, mais aussi son statut de « personne » partenaire des adultes.
  • Un tel objectif constitue une rupture avec le statut actuel  de l’écolier. Considérer l’enfant en termes de personne ou de « sujet » a été longtemps un objectif majeur à l’école maternelle. Il apparaît d’une manière très secondaire après 1968 dans la période scolaire de 6 à 18 ans au cours de laquelle l’enfant est  assigné au statut d’« objet » qu’on prépare et sélectionne pour son insertion dans le système économique.
  • Dans le paradigme qui a produit la catastrophe climatique, le réalisme conduisit à trouver naturelle cette sélection. Et souvent à oublier qu’elle est faussée comme Bourdieu et Passeron, en ont fait le constat en 1964, qu’elle a une fonction de « reproduction sociale », qu’elle entretient les inégalités sociales… et qu’elle est toujours à l’œuvre en 2023.
  •  Le projet « changer de paradigme », implique d’analyser les caractéristiques de l’ancien et conduit à compléter le constat des sociologues :   le système scolaire actuel contribue  à l’acceptation et à la reproduction du paradigme. Le travail scolaire sert avant tout à obtenir des notes et des diplômes monnayables à l’âge adulte…

Notre hypothèse se situe dans la perspective d’un nouveau paradigme :

  • Le travail pour le bien commun aux côté des adultes, sera source d’apprentissages porteurs de sens, valorisant les transmissions de savoirs et justifiant les efforts pour les assimiler. 
  • Dans des groupes d’enfants hétérogènes où chacun peut apprendre à chacun et de chacun, le bagage culturel qui avantageait les enfants favorisés sera mis en commun dans l’action, tout comme les savoir-faire et l’expérience des réalités acquis par les enfants des milieux populaires (constatés  dans la pédagogie du projet).
  • En promouvant la pédagogie du projet sur une grande échelle, il est possible de transformer à la fois le statut de l’enfant et le statut du travail.

Le réalisme oblige à examiner les modalités de la mise en œuvre d’un tel changement du paradigme éducatif ; l’expérience acquise dans le cadre de la recherche pédagogique le permet. La mobilisation générale libérant les potentiels d’engagement et de créativité rendra possible une ambitieuse « recherche-action »

  • basée sur des projets locaux
  • se dotant d’objectifs définis démocratiquement, précisant l’engagement des acteurs
  • et s’intégrant dans une recherche organisée régionalement et nationalement (2)

N.B. tous les sujets de réflexion évoqués sont développés dans des articles figurant sur ce site.

Nous souhaitons que d’autres hypothèses soient formulées et que celle-ci soit examinée par celles et ceux qui croient en l’urgence d’une « mobilisation générale ».

Raymond Millot et le Collectif Education bien commun

Ce texte a été écrit pour présenter l’action de notre collectif depuis 2021 à « Convergence(s) pour l’Education Nouvelle ». Regroupons nos forces pédagogiques avec d’autres collectifs ou associations vu la situation désastreuse du système éducatif.

Notes

  1. Constitué lors de la publication de « L’EDUCATION UN BIEN COMMUN » Raymond Millot  (éd. Massot).
  2. Ces propositions reposent sur une « expérience », une réalisation qui a duré trente ans de 1972 à 2001 concernant un quartier de 9000 habitants, suivie par l’INRP, décrite dans « Une voie communautaire : les écoles de la Villeneuve de Grenoble », Rolande et Raymond Millot, préface de Bertrand Schwartz  éd. Castermann, et relatée dans « Ecoles en rupture » et dans Ecole ouverte/recherche action/ société éducatrice  éd. AFL 2013

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Bifurquer n’est pas une mode passagère

« […] La saison des forums d’entreprises est ouverte. Cette traditionnelle opération […] vire désormais à l’insurrection. De polytechnique aux Mines  Paris-PSI ,  en passant par Agro Paris Tech, le scénario est toujours le même. […]des dizaines d’étudiants se laissent tomber par terre, simulant la mort […]. Tout autour des banderoles aux slogans percutants : « Ecole financée par l’or noir » , « Stop aux cabinets de con(seil) » « Les intérêts privés se font toujours au détriment de l’avenir commun ». Puis des discours viennent rompre le silence de la foule interloquée. « Comment peut-on encore accepter d’être financé par TotalEnergies, qui continue de multiplier les nouveaux projets pétroliers, […] en OugandaComment peut-on encore accepter des partenariats avec  la BNP, la Société générale ou le Crédit Agricole qui continuent de financer les projets les plus destructeurs ? […] s’insurgeaient début octobre une trentaine d’étudiants de Polytechnique à l’occasion du X Forum devant les regards parfois approbateurs, amusés ou le plus souvent indifférents de leurs camarades.

« Déroulé similaire quelques jours plus tard, au Forum Trium co-organisé par les associations étudiantes de quatre écoles d’ingénieurs (Mines Paris PSL, Ponts Paris Tech, Ensta Paris et Ensae Paris) » […] LE MONDE CAMPUS  30 novembre 23. Pour abonné•e•s.

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Un Institut Pédagogique Provisoire ?

L’éducation est un bien commun qui en tant que tel, ne doit pas dépendre d’un quelconque pouvoir politique ou économique mais faire l’objet d’une construction collective évolutive élaborée démocratiquement.

L’organisation de cette « construction collective » devra comprendre un Institut Pédagogique où seront examinés des problèmes, tels ce fait scandaleux révélé en septembre 2023 par le juge Edouard Durand et la CIIVISE :

1 fille sur 5 et un garçon sur 13 sont victimes d’inceste et de violences sexuelles

CE CONSTAT DEVRAIT AVOIR L’EFFET DE ME TOO ! CE N’EST PAS LE CAS, POURQUOI ?

 L’Institut Pédagogique Provisoire, I.P.P.  ouvre le débat.

Première contribution :

Les hommes ont manifestement l’habitude historique de cacher les souffrances des enfants sous le tapis. Contrairement aux femmes qui ont su se faire entendre – « Me Too ! » – , les enfants ne peuvent eux-mêmes s’exprimer. Il faut donc que celles et ceux qui n’entendent pas se résigner devant ce fait monstrueux et leurs souffrances en général, s’emparent du problème...

Nous verrons que l’institution scolaire n’est pas actuellement en mesure de le faire du fait qu’elle est elle-même impliquée ! Nous proposons d’entrer dans le sujet par une analyse du statut qui est imposé aux enfants depuis la nuit des temps comme l’ont fait pour elles-mêmes les femmes avec « Me Too » en 2017, comme le font aujourd’hui les Iraniennes. [Lire la suite]

Nous vous invitons à soutenir ce projet.

  • Les signatures avec vos références (nom, prénom, qualités) et les éventuelles contributions peuvent être envoyées par mail à nadine.lanneau@gmail.com ou à rr.millot@wanadoo.fr
  • Les contributions sont rassemblées dans une page attribuée : L’I.P.P. lance le débat.

Le 6 octobre 2023 – Raymond Millot et le Collectif Education Bien commun

Les signataires

Philippe Meirieu,  professeur honoraire en sciences de l’éducation, président des CEMEA 

Anatole Gérard–Chevais, Citoyen en classe de Seconde au Lycée. Merci beaucoup pour votre engagement !

Nadine Lanneau, anciennement professeure documentaliste dans l’Education nationale, collège et lycée, membre de l’Association Française pour la Lecture (AFL), anciennement animatrice de Centres de loisirs associés aux Ecoles, et ancienne membre des Francas, de l’Education populaire, grand-mère et citoyenne active et réactive.

Eveline Charmeux, professeure-formatrice honoraire de français, ex-chercheuse à l’INRP.

Charles Pepinster, initiateur du Groupe Belge d’Education Nouvelle (GBEN) – pédagogie du Chef-d’Oeuvre.

François Le Ménahèze, ex enseignant et directeur d’école, formateur, auteur  http://lemenahezefrancois.eklablog.com/ Auteur de « Désobéir est parfois un devoir » https://editions-libertaires.org/ « L’IPP est indispensable pour  ne pas dépendre des lobbies des politiques et des injonctions contradictoires qui leur sont si courantes ».

Jean-Pierre Klein. « Je ferai ce que je pourrai dans un emploi du temps débordé car je suis en plein accord avec ces perspectives ». http://www.inecat.org

Niels Mestre, musicien.

Bernard Defrance, philosophe. Pour une éventuelle contribution, voir le billet que m’a inspiré le flot des larmes de crocodile au sujet du harcèlement… sur ToutEduc le site de Pascal Bouchard : « Pourquoi toutes les mesures actuellement prises contre le harcèlement scolaire ne peuvent qu’échouer ? (B. Defrance, philosophe)

Pierre Prim, collège Paul darde Lodève. Professeur d’Eps. Formateur académique processus de création artistique. Formateur égalité. Responsable éco-délégués au collège. 

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Actualité de novembre : « Le prix Goncourt des lycéens a été attribué, jeudi 23 novembre, au roman Triste tigre (éditions P.O.L), de Neige Sinno, a annoncé de Rennes le jury représentant une cinquantaine de lycées de la France entière. Déjà lauréat du prix Femina et du prix littéraire « Le Monde », le roman, publié aux éditions P.O.L, porte sur le récit de l’inceste dont l’autrice a été victime ». Article du Monde.

Neige Sinno, Prix Goncourt des lycéens déclare : […] vous savez, beaucoup d’éditeurs m’ont refusé ce manuscrit en me disant : « Encore un livre sur l’inceste… » Quelque chose s’est ouvert avec #MeTooInceste, grâce au livre de Camille Kouchner, La Familia Grande. Le sujet est au cœur des préoccupations, avec le documentaire d’Emmanuelle Béart, Un silence si bruyant, avec le rapport de la Ciivise, « Violences sexuelles faites aux enfants : on vous croit », qui vient de paraître. Je crois que cela correspond à un refus de tourner la page sur la question de l’inceste. On m’a dit que le sujet était passé, mais c’est faux. Il n’est pas passé. » Article du Point.

Les contributions

L’enfant le jeune, l’élève sont des personnes. Trop de problèmes dans l’école et hors de l’école, dans les familles, dans l’éducation en général, ne sont pas pris en compte collectivement. L’éducation est un bien commun. Pour introduire ces contributions et inciter à l’écriture, voici une contribution : l’enfant, le jeune, l’élève sont des personnes, en faisant référence à la mémoire de Françoise Dolto dont l’oeuvre est si décriée à l’heure actuelle (certains psychiatres, les neuro-sciences ont le vent en poupe…). Dans les années 70, elle alertait sur les ondes […] Aujourd’hui, où tout le monde est persuadé que « l’enfant est roi », voici la triste réalité […] Lire la suite ici.

Pourquoi toutes les mesures actuellement prises contre le harcèlement scolaire ne peuvent qu’échouer ?

… Tout simplement parce qu’elles ne mettent pas en cause le fonctionnement institutionnel de notre système éducatif, qui, à la racine, est le producteur par sa violence intrinsèque, verticale, continue, froide et invisible, des violences horizontales, sporadiques, chaudes, dont la visibilité donne prétexte à exploitation médiatique et politique, sur le mode compassionnel ou répressif. Lire ici.

  • Plusieurs contributions sur les maltraitances sur les enfants : En ce moment tournent sur Internet 11 pétitions dont celles intitulées « Luttons contre la pédocriminalité » pour dénoncer les violences et maltraitances faites aux enfants.
  • Une pétition urgente réclame la reconduction de la commission la CIIVISE dont nous avons retenu les résultats pour écrire notre Appel. Sa fin était programmée pour Décembre 2023. La CIIVISE (commission indépendante sur l’ Inceste et les Violences Sexuelles faites aux enfants ) qui a pour objet de recueillir les témoignages d’adultes victimes dans leur enfance, ou de parents protecteurs de leur enfant victime, a malheureusement une durée de vie de 2 ans seulement. En fin de compte « le gouvernement maintient la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants. Son médiatique président, le juge Édouard Durand, est débarqué. Ses remplaçants, l’ex-rubgyman Sébastien Boueilh et la pédiatre Caroline Rey-Salmon, sont aux antipodes de l’équipe sortante ». Article de Médiapart pour abonné•e•s et Libération annonce la possible démission de plusieurs de ses membres. Article de Libération pour abonné•e•s.
  • Le devenir de la Civiise
    • Le 08/02/2024 : Publication du livre d’Edouard Durand 160 000 enfants. Violences sexuelles et déni social (Gallimard), dans lequel il rapporte le constat fait par la Ciivise lorsqu’il en était le co-président : en France, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles, soit un enfant toutes les trois minutes.
    • Le 23/02/2024 dans l’émission de Public Sénat « Sens public », l’ancien co-président de la Ciivise, le magistrat Edouard Durand a rappelé le rôle que l’Etat devait jouer dans la protection des enfants victimes de violences sexuelles. Depuis bientôt un mois, les travaux de la commission sont en pause, après le départ de ses deux co-présidents, nommés fin 2023.
    • 82 préconisations : Edouard Durand regrette que les polémiques autour de la reconduction de la Ciivise, tendent à faire oublier ses 82 préconisations. Ces dernières avaient été établies à partir des témoignages de victimes, recueillis entre 2021 et 2023. Parmi ces recommandations figuraient entre autres : l’imprescriptibilité pour les viols et les agressions sur mineurs, la garantie pour les victimes que leurs soins spécialisés soient pris en charge à 100% ou encore, la reconnaissance du caractère incestueux pour des violences commises par un cousin ou une cousine. […] Il tient également à rappeler que « protéger un enfant n’est jamais contraire à la présomption d’innocence » et que recueillir la parole des enfants relève de la « politique publique ». Lire sur la page de Public Sénat.

Toutes les contributions sont sur la page « L’IP.P. lance le débat ».

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Appel du 14 octobre 2022

« C’est tout le système éducatif qui doit bifurquer !

« Quand on parle de politique climatique, en réalité on ne parle pas seulement de climat, on parle d’emploi, on parle de formation, on parle de protection sociale, on parle d’éducation, on parle de…», explique Magali Reghezza-Zitt, membre du Haut Conseil pour le climat dans Le Monde du 17 août 2022. Et elle n’est pas seule à inclure l’éducation dans le changement de paradigme qui s’impose sans pour autant préciser ce qui doit changer.

    On peut, d’ailleurs, poursuivre sur le même modèle : quand on parle d’éducation, on ne parle pas seulement des savoirs fondamentaux, on parle de la fonction du système éducatif, de sélection, d’inégalités, de reproduction sociale, d’aliénation, on parle de formatage, mais aussi de fonctionnalité de coopération pour les apprentissages, on parle…

    Des enseignants et éducateurs qui en sont convaincus, parfois depuis très longtemps (avec l’Education Nouvelle, avec Célestin Freinet, avec le sociologue Pierre Bourdieu…), sont persuadés que, de nos jours, la « politique climatique » peut enfin inciter le système éducatif et les éducateurs à « bifurquer ». Cette bifurcation doit mettre l’entraide, la considération, l’égalité, au cœur du système public d’éducation. Le chemin à prendre est celui qui permettra à chaque jeune de s’épanouir parmi les autres et qui offrira d’autres perspectives que celles de la reproduction sociale, de la consommation, de l’individualisme. Une bifurcation qui pose l’écologie et la justice sociale comme projet émancipateur« .

14 octobre 2022 – Raymond Millot et le groupe éducation CNNR (Conseil National de la Nouvelle Résistance). [Lire le texte intégral de l’Appel ici avec les signataires]

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Ce second appel a engendré un texte ayant pour objectif de faire part aux collégien•e•,s lycéen•e•s et étudiant•e•s, des raisons et des objectifs de cette « bifurcation ». Pour essayer de traduire l’Appel en actes, nous avons rédigé  un texte qui vise à interpeller les jeunes activistes : Bifurquer… ? Pourquoi ?  Pour quoi ? Et pour convaincre qu’il ne s’agit pas d’idées en l’air, nous engageons une réflexion sur la possible traduction en actes des idées exposées dans l’Appel, intitulée « Transition ».

Albert Einstein

Le changement de paradigme exige des «bifurcations »…

« En science, on appelle paradigme une conception théorique dominante ayant cours à une certaine époque dans une communauté scientifique donnée ». Le productivisme est « une conception  dominante de notre époque » qui a créé une situation catastrophique. Le mettre en question c’est donc vouloir « changer de paradigme ». Le système éducatif entretient actuellement l’ancien paradigme en façonnant les esprits et en jouant un rôle majeur dans la reproduction sociale. Il est possible de nuancer le constat, d’évoquer le rôle émancipateur des savoirs qu’il transmet, mais il est indéniable qu’il est organisé  pour sélectionner, sur la base de critères définis par des programmes qui correspondent aux besoins de la société productiviste et capitaliste. Sa philosophie méritocratique, prétendument égalitaire, développe un individualisme  qui fait obstacle à toute remise en question.

Vouloir changer de paradigme, c’est aussi vouloir, champ par champ, envisager les bifurcations .

a) La « déconstruction » du système… un préalable ? […]

b) La proposition : lancer  une recherche-action de très grande ampleur […]

Lire ici L’Appel à bifurquer dans le système éducatif du 14/10/22. Avec la liste des signataires et les autres textes… cf. ci-dessus.

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Plusieurs textes de Raymond Millot, qui préparent et annoncent la bifurcation de la société à plusieurs niveaux : articles, déclarations, annonces, etc. et notre projet de bifurcation dans l’Education. Réflexions au cours des mois de l’année 2023. Lire ici dans la Page Paradigme.

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L’Appel de 2020

« Education bien commun »

Une éducation pour faire face au « Jour d’après »

« Avec l’intention d’introduire l’éducation dans la préparation du « jour d’après », un nouvel appel, « Education Bien Commun », est lancé quelques jours plus tard, dans ce site, affirmant que notre système éducatif a pour « but principal de sélectionner les « élèves » pour répondre aux besoins du système capitaliste, avec pour horizon la consommation et pour résultat, l’accroissement des inégalités », qu’il est « urgent d’esquisser les contours d’un système éducatif alternatif et d’entreprendre des recherches-actions le préfigurant ». Lire notre page ici. L’Appel avec toutes et tous les signataires.

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En 2020

« RÉSISTONS ENSEMBLE, POUR QUE RENAISSENT DES JOURS HEUREUX »

Le 13 Mai 2020 a été créé le Conseil National de la Nouvelle Résistance CNNR Voir la vidéo.

En ce 27 mai, journée nationale de la Résistance, nous publions RÉSISTONS ENSEMBLE, POUR QUE RENAISSENT DES JOURS HEUREUX – un ouvrage préfacé par Denis Robert qui nous propose les contributions d’une quarantaine de personnalités. Un texte pour apprendre d’hier pour agir demain. Disponible gratuitement ici. Téléchargeable.

Préface de Denis Robert : « Tout est parti d’un vieux militant Raymond Millot, 93 ans, qui rêvait de refaire le coup « des jours heureux ». Il nous a écrit et envoyé un texte […] Il parle d’un projet visant à repenser le modèle éducatif. […]
Denis Robert est écrivain, journaliste et réalisateur de documentaires. Spécialiste de la lutte contre la criminalité financière, il est notamment connu pour son enquête sur la société Clearstream. Il est depuis 2019, le directeur de la rédaction du Média. Artiste prolifique, il est aussi plasticien et l’auteur d’une dizaine de romans et autant d’essais. »

Raymond Millot se définit lui-même comme libertaire, féministe, internationaliste, autodidacte. Il a été charpentier, électricien, agent technique, instituteur (école expérimentale), conseiller pédagogique, coordinateur de la recherche-action (école ouverte/société éducatrice) à La Villeneuve de Grenoble. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels : « Une voie communautaire ; Émancipation, avenir d’une utopie », et co-auteur de : « À la recherche de l’école de demain ; Écoles en rupture ; Vivre à l’école en citoyen » 

Cliquer ici pour accéder au site du CNNR (Conseil National de la Nouvelle Résistance).

« Déclaration » du Conseil National pour la Nouvelle Résistance, CNNR, point 5 : « Les biens communs sont l’air, l’eau, la biodiversité, la santé, l’éducation».

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27 mars 2020 : Tribune essentielle

18 organisations syndicales, associatives et environnementales signent une tribune :

« Plus jamais ça ! Préparons le « jour d’après »

« Face à « la crise du coronavirus » des organisations syndicales, associatives et environnementales réclament « de profonds changements de politiques », pour « se donner l’opportunité historique d’une remise à plat du système, en France et dans le monde« . « 

« Philippe Martinez (CGT), Aurélie Trouvé (Attac), Jean-François Julliard (Greenpeace) et Cécile Duflot (Oxfam), signent une tribune commune publiée, vendredi 27 mars, sur franceinfo. Ces organisations lancent un appel « à toutes les forces progressistes et humanistes […] pour reconstruire ensemble un futur, écologique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre néolibéral ». Lire l’article ici.

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AUTOUR DE LA BIFURCATION  EN EDUCATION 

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Un système éducatif qui « bifurque » transforme radicalement les apprentissages, en particulier celui de la lecture pour émanciper les enfants et les jeunes, leurs conditions d’apprentissage ; émancipe les personnels du rêve technocratique de l’Etat qui veut les infantiliser, intègre comme des partenaires les éducateur•rice•s, les parents d’élèves, etc ; prend en compte réellement l’urgence écologique… en faisant des enfants et des jeunes les premiers acteur•rice•s d’actions entreprises collectivement pour qu’ils échappent aux états dépressifs qui les menacent…

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Articles récents

« Nous ne trierons pas ! » : prise de conscience ou hypocrisie collective ?

Par Philippe Watrelot, militant pédagogique actuellement membre du collectif « Ecole – La Riposte », ancien président du Crap-Cahiers-Pédagogiques, signataire de nos appels Education bien commun. Publié dans Système éducatif. Constat : un slogan unanime contre le « choc des savoirs » « Nous ne trierons pas ! » « Non au tri social » sont des slogans des…

« Combattre l’échec scolaire : et si la solution était dans les pédagogies « différentes » »

Titre du dernier livre d’Yves Reuter en janvier 2024, professeur émérite à l’université de Lille et son interview dans le Café Pédagogique par Lilia Ben Hamouda. Publié ici dans la page « innovations ». Introduction Dans son dernier livre, « Comprendre et combattre l’échec scolaire », Yves Reuter rappelle la persistance de l’échec scolaire et son caractère…

L’école primaire à un point de bascule

Par Rachel Schneider, professeure des écoles, militante à la FSU-SNUipp (secteur éducatif). Publié dans Système éducatif. Avec le « choc des savoirs », la rentrée 2024 est celle de tous les dangers pour le 1er degré. Programmes réécrits pour y mettre le « guide orange », labellisation des manuels et généralisation du pilotage par les…

L’ensemble des articles est à lire dans le BLOG

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Actualités

Nous souhaitons publier sous cette rubrique des articles ayant trait aux possibilités et aux difficultés du changement de paradigme en éducation que propose notre APPEL et des articles en rapport avec les thèmes de la brochure « EDUCATION UN BIEN COMMUN ».   

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Le 17 mars 2024

Arrêté relatif à l’organisation des enseignements dans les classes de collège

Fin du feuilleton ?

Après l’annonce du Choc des savoirs le 5 décembre 2023, et les fameux groupes de niveau qui ont mobilisé contre eux enseignants, communauté éducative (même des parents) et chercheurs contre le tri social des élèves dès l’entrée en sixième, Nicole Belloubet la nouvelle ministre a été plus nuancée en consultant les syndicats : elle a parlé de groupes de… besoins.
« Art. 4-1. – Les enseignements communs de français et de mathématiques, sur tout l’horaire, sont organisés en groupes pour l’ensemble des classes et des niveaux du collège. Les groupes sont constitués en fonction des besoins des élèves identifiés par les professeurs. Les groupes des élèves les plus en difficulté bénéficient d’effectifs réduits. Par dérogation, et afin de garantir la cohérence des progressions pédagogiques des différents groupes, les élèves peuvent être, pour une ou plusieurs périodes, une à dix semaines dans l’année, regroupés conformément à leur classe de référence pour ces enseignements. La composition des groupes est réexaminée au cours de l’année scolaire, notamment à l’occasion des regroupements, afin de tenir compte de la progression et des besoins des élèves ».

On constatera que le texte officiel n’emploie plus le terme de « groupes de niveau » d’Attal ni celui de Nicole Belloubet mais parle seulement de « groupes » et de « groupes constitués en fonction des besoins des élèves ». Un dévoiement du terme « groupes de besoins » ?!

« Les groupes, qui devront être « réexaminés » toute l’année, ne seront pas non plus obligatoires sur toutes les heures de mathématiques et de français, les équipes pouvant réunir les élèves dans leur « classe de référence » jusqu’à dix semaines par an » Le Monde pour abonné•e•s du 18 mars.

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Le 12 mars 2024

« Le Choc des savoirs est une contre-réforme du collège »

Extraits de l’article du blog de Philippe Watrelot dans Médiapart : « Les fameux groupes de niveau ne sont pas un dispositif isolé. Ils s’inscrivent dans un ensemble plus vaste. Le « choc des savoirs » annoncé par Gabriel Attal le 5 décembre 2023 et que Nicole Belloubet va devoir appliquer constitue une remise en cause du « Collège unique ».  Volonté délibérée ou juxtaposition de mesures ? Au final, c’est bien une contre-réforme du collège qui est à l’œuvre ». […]

« Car le choc des savoirs comporte bien d’autres mesures qu’il faut énumérer pour prendre conscience des transformations qu’il implique :

  • Des programmes articulés autour d’objectifs annuels
  • Des programmes de mathématiques favorisant une approche concrète et imagée (méthode de Singapour)
  • Des manuels labellisés obligatoires en mathématiques et en français
  • Un socle commun réorganisé (en 2025) autour de compétences disciplinaires, de compétences psychosociales et de repères de culture générale.
  • Doublement de l’horaire d’EMC (rebaptisée “instruction civique”et entièrement réécrite)
  • Redoublement décidé “à la main” des enseignants
  • Passage conditionnel dans la classe supérieure (tutorat, stage de réussite…)
  • Le brevet devient « un véritable examen d’entrée au lycée »
  • Mise en place d’une “prépa lycée” pour les élèves ayant échoué au Brevet
  • Utilisation de l’IA pour des exercices adaptés aux élèves
  • Renforcement des enseignements généraux de mathématiques, de français et d’histoire-géographie dans la voie professionnelle

« Avec cette liste de mesures, le gouvernement s’attaque à plusieurs fondements de la politique éducative depuis plusieurs dizaines d’années ».

Titres des paragraphes développés dans l’article :

  • Un peu d’histoire
  • Le collège unique a t-il existé ?
  • Choc des savoirs et menaces sur le collège unique
  • Contre-réforme ?
  • Scolariser ensemble pour faire société

Avec cette conclusion : « Le « choc des savoirs » peut contribuer au chaos social et à la fragmentation de la société… »

Philippe Watrelot. Le 12 mars 2024. Dans son blog de Médiapart : Le choc des savoirs est une contre-réforme du collège

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07 mars 2024

Groupes de niveau : rétropédalage du gouvernement

Le café Pédagogique publie « À titre dérogatoire, et sous la responsabilité des chefs d’établissement, il sera possible de préserver des temps d’enseignement en classe entière en français et en mathématiques », indique-t-on au ministère de l’Éducation nationale. Une façon de reculer sans perdre la face pour le gouvernement sur la mesure phare du Premier ministre Gabriel Attal. Autre reculade, et non des moindres, l’appellation de ces groupes. La rue de Grenelle n’évoque plus de groupes de niveau, mais parle de groupes de besoin. Un changement lexical loin d’être anodin » […]

« La nouvelle ministre de l’Éducation nationale a finalement désavoué le projet de Gabriel Attal. Une victoire à mettre sur le compte de la mobilisation des communautés éducatives – enseignant·es, chef·fes d’établissement, vie scolaire, parents, élus… Et de la réalité du budget de l’Éducation nationale… »

Les syndicats dans leur ensemble soulignent que la récente et forte mobilisation des personnels contre le Choc des savoirs et le tri social des élèves, a eu une influence certaine sur le ministère. Mais ils attendent des précisions et des éclaircissements.

Sur la Page du Café Pédagogique.

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23 Février 2024

Au cinéma, la parole des femmes se libère suivie par celle des hommes

Judith Godrèche : Un # metoo français du cinéma aux Césars du 23/02/24. Après sa dénonciation de l’emprise et agressions sexuelles qu’elle a subies de la part de deux réalisateurs pendant sa jeunesse alors qu’elle était mineure, « L’actrice assure au «Parisien» avoir été touchée par la standing ovation qui a suivi sa prise de parole lors de la cérémonie des césars, vendredi 23 février. Elle appelle désormais à l’action pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans le monde du cinéma français ». Elle déclare « qu’elle a écrit «ce discours pour qu’il fédère, qu’il suscite un changement». Sur la page de Libération.

Sur France 5 dans l’émission « En société » qui a suivi, le 25/02, elle dit que ce qu’elle voudrait dénoncer, plus que le sort des femmes, c’est surtout le sort des enfants dans le cinéma, comment ils sont traités par les réalisateur•rice•s… Et l’inceste dans les scénarios comme des choses évidentes. Il y a beaucoup de familles incestueuses dit Eric Orsenna, invité dans l’émission : dans les milieux politiques, le sport… et il remercie Judith Godèche pour ses paroles.

Celle-ci invitée toujours sur France 5 mais dans l’émission « C’est à vous » du 26/02 annonce que ses paroles aux Césars lui ont valu… 2000 témoignages !

Etait présent aussi à l’émission le journaliste Adrien Borne qui avait dénoncé sur Facebook, il y a quelques années, sans trop de réactions, les atteintes sexuelles qu’il avait subies à 13 ans et a annoncé le @me too garçons qui venait d’être lancé par l’acteur français Aurélien Wiick pour témoigner et raconter les abus sexuels dont il a été victime pendant son enfance dans le milieu du cinéma. Le hashtag #MeTooGarçons doit encourager d’autres hommes à prendre la parole et raconter les violences sexuelles qu’ils ont pu subir. Des centaines de témoignages jaillissent alors sur les réseaux sociaux. « Au-delà des abus subis de la part de son agent, c’est toute l’industrie du cinéma qu’il met en cause, évoquant « producteurs et réalisateurs » et dénonçant « agressions, harcèlements, tentatives de viol ». Aurélien Wiik raconte par ailleurs le « chantage » qu’il a subi « contre des rôles », les « dîners piégés organisés par des vieux avec plusieurs mineurs » ou encore les « mains baladeuses » contre lesquelles il a dû se « défendre ». « Jusqu’à 25 ans, on m’a proposé des rôles en échange de faveurs. On a tenté de me droguer souvent », confie l’acteur […] » Lire ici. et ici.

@me too garçons a provoqué plus de 15000 réponses parmi lesquelles celle d’un député de la France Insoumise qui est interviewé dans l’émission :  « Je serai là pour porter la parole ». 

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19 Février 2024

Les collégiens contre les groupes de niveau

Tweet sur X anciennement tweeter ce matin, remarquable et à partager : @Lunarobase

« J’arrive pas à dépasser le fait qu‘on est en train de détruire le collège unique et que personne à part les profs en a quelque chose à foutre. Et pourtant dieu sait qu’il est dysfonctionnel, ce collège unique. Mais bordel. Le tri des enfants à 10 ans. Mes élèves m’ont demandé –

pourquoi je faisais grève. Du coup, au lieu de lancer l’activité d’écriture qui m’aurait fait rattraper le retard que la 5e7 a sur la 5e1 et qui m’embête fortement, je leur ai parlé des groupes de niveau. Ils étaient unanimement horrifiés. Ils ont tout de suite eu conscience-

– de la dégueulasserie concoctée par Gabriel Attal. J’ai vu le regard de W., dys, tdah en cours de diag, un gamin que j’aime beaucoup (eh oui) dans ma classe depuis deux ans. Très intelligent et vif, passage à l’écrit très difficile. Il m’a rendu une super éval où les phrases avaient presque tous les mots, récemment. Un beau 14, la première fois qu’il a une aussi belle note en français. J’étais super fière de lui. Dans son regard et dans son cri d’horreur quand j’ai parlé des groupes de niveau, j’ai vu qu’il s’imaginait toute sa scolarité dans le groupe des nuls. Ça m’a brisé le cœur. C’est tellement violent. Je pleure en écrivant ces lignes. J’ai vu plus de profs de français et maths pleurer cette semaine que dans les 4 dernières années. On détruit notre métier avec le sourire et « l’intérêt des élèves » en étendard. –

Standardisation des manuels dès le primaire, tri sur le niveau à 10 ans, pas de lycée général sans brevet, brevet plus dur, réduction des matières générales à peau de chagrin en bac pro, uniformes, SNU. Nos élèves? Chair à patron, chair à canon. Rien d’autre ».

A partager d’urgence pour avertir les parents et autres partenaires de l’école (primaire, collège, lycée). Pour une réaction immédiate.

Une action est entreprise actuellement sur le site de la Riposte. Appel à soutien et signatures de tous les personnels et usagers (parents, citoyens, etc.) de l’école primaire (maternelle, élémentaire, collège, lycée).

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15 Février 2024

L’enfance n’est toujours pas protégée

En effet ce matin je reçois des notification de X (anciennement Twitter) dont énormément de Lyes Louffok @LyesLouffok, militant des droits de l’enfant, ancien membre du Conseil National de la Protection de l’Enfance. A 29 ans, il est l’auteur de « Dans l’enfer des foyers » et de « Si les enfants votaient ». Il témoigne encore et toujours : Qui défend la cause des enfants placés ? D’autant que des faits divers (suicides, enfants et jeunes placés en foyer, pire dans des hôtels, sans protection,  violences, prostitution, etc.) défraient la chronique en ce moment (mais on n’en parle pas au journal de la 2 par exemple).

Lu sur Wikipedia : « Lyes Louffok, né le 3 novembre 1994 dans les Yvelines, est un militant des droits de l’enfant et essayiste français. Ancien enfant placé, il témoigne en 2014 des maltraitances qu’il a subies dans un livre intitulé Dans l’enfer des foyers. Il milite depuis pour une réforme de l’Aide sociale à l’enfance et une meilleure représentativité politique des enfants. Il dénonce notamment qu’« un SDF sur quatre est un ancien enfant placé »

Il est membre du Conseil national de la protection de l’enfance (CNPE)

Le téléfilm L’Enfant de personne, réalisé par Akim Isker et diffusé le 15 novembre 2021 sur France 2, porte à l’écran le parcours de Lyes Louffok. Il remporte deux prix au Festival de la fiction TV de La Rochelle 2021, dont le prix du meilleur unitaire. » J’ai vu ce téléfilm diffusé en 2021 aux alentours de minuit (!!!) l’histoire vraie et bouleversante de Lyes, enfant placé. Suivi d’un débat que je n’ai pas regardé.

« Thématiques du film sur wikipedia : Le téléfilm aborde avec pudeur les nombreux périls qui guettent les enfants en foyer : enfants agités sans prise en charge pédopsychiatrique, violences d’éducateurs non formés, petits violés par des grands, prostitution, jeunes filles placées seules à l’hôtel, enfants lâchés à la rue le jour de leurs 18 ans… »

Une jeune fille vient de se suicider à Clermont-Ferrand :

Robert Badinter vient de décéder mais nous laisse de puissantes paroles dont témoigne l’Unicef

Mais combien encore de cas d’enfants et de jeunes en détresse en 2024 ?

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Dénoncer la violence systémique à l’oeuvre dans l’école, c’est aussi lutter contre le harcèlement scolaire

« Faire de la lutte contre le harcèlement une priorité éducative va de soi. Mais remettre en question la violence pédagogique systémique de notre organisation scolaire en faisant vivre la démocratie scolaire au lieu de la considérer comme un artifice inutile, est nécessaire pour ne pas renforcer les vulnérabilités des élèves. […]

La violence systémique de l’école : « Si les heures de vie de classe sont effectivement des lieux d’expression où il s’agit d’écouter d’abord les élèves puis de dialoguer avec eux en changeant ce qui peut être changé quand ils ont évoqué une difficulté, on a aussi plus de chances de faire émerger la souffrance scolaire du silence dans lequel elle est le plus souvent tenue. Cette souffrance a de multiples facteurs, externes pour certains à l’école, comme la précarité, le chômage, mais aussi internes. On pense bien sûr aux relations entre élèves, qui peuvent se traduire par du harcèlement, mais aussi aux relations entre les élèves et les personnels : discriminations, stigmatisations, comparaisons, sont des composantes de la violence pédagogique ordinaire.

S’interroge-t-on assez souvent sur le sens que peut avoir le fait de rester assis huit heures par jour, pour écouter en faisant silence la plupart du temps, temps marqué par des contrôles-surprises dont il est hors de question de discuter la note, de supporter le jugement des adultes et des pairs ? Dans son ouvrage L’attention portée aux vulnérabilités des élèves, Christophe Marsollier appelle à la plus grande vigilance sur ce point. Et il met en lumière le curriculum caché qui constitue la face invisible des apprentissage scolaires : s’inscrire dans un milieu contraignant, savoir bachoter, faire semblant, simuler, vivre dans la compétition instituée, crier en silence pour respecter la discipline imposée… » […] Sur le blog de Jean-Pierre Véran dans Médiapart

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14 Février 2024

Réactions de membres de la première Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise)

« Des membres de la Ciivise 1 veulent reprendre le travail qu’ils ont mis en place, après la démission du nouveau président. Treize membres de la première commission indépendante ont demandé mercredi le retour du juge Edouard Durand à la tête de l’instance. Quatre associations de victimes d’inceste estiment de leur côté que la Ciivise 2 a « trahi les victimes », dans une lettre adressée à Emmanuel Macron ». Article pour abonné•e•s du Monde.

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2 Février 2024

Démission du recteur de l’Académie de Paris

« Education : la démission très politique du recteur de Paris, en désaccord avec Amélie Oudéa-Castéra.

Christophe Kerrero, à la tête de l’académie depuis 2020, a annoncé sa décision vendredi dans une lettre aux personnels. Il évoque le désaccord qui semble l’avoir convaincu de quitter ses fonctions, lorsque la ministre a suspendu, mercredi, son projet de fermeture de certaines classes prépa à Paris ».[…]

« Les disparitions d’une classe économique commerciale et générale, au lycée Jacques-Decour, de la seule hypokhâgne de Lamartine, d’une khâgne à Chaptal et d’une classe de la filière adaptation technicien supérieur à Pierre-Gilles-de-Gennes devaient permettre, « à moyens constants », d’ouvrir d’autres types de classes. Le recteur avait pour ambition d’ouvrir deux prépas destinées à des bacheliers professionnels pour préparer les concours des écoles d’ingénieurs et des écoles de commerce. Le lycée Henri-IV devait quant à lui expérimenter une toute nouvelle filière de classe préparatoire au professorat des écoles ». Lire sur la page du Monde pour abonné.e.s

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Janvier 2024 : l’année de tous les désastres

Groupes de niveau : le choc de répulsion

Sur le site du Café Pédagogique : « Le 5 décembre 2023, le ministre de l’Education nationale annonçait la mise en place de groupes de niveau en français et en mathématiques pour les 6èmes et 5èmes à la rentrée 2024 : un dispositif inégalitaire immédiatement contesté par les pédagogues, les équipes éducatives, les syndicats… En cette fin janvier 2024, alors que les établissements découvrent avec effroi leurs Dotations Horaires Globales pour l’an prochain, les autoproclamés « choc des savoirs » et « choc d’attractivité » se transformeraient-ils en choc de répulsion jusque chez les enseignant·es ? Voici 10 témoignages, édifiants, de professeur·es de français sur les conséquences désastreuses des groupes de niveau annoncés : aggravation de l’apartheid scolaire, stigmatisation d’élèves par l’institution elle-même, naufrage des pédagogies coopératives, progressions uniformisées, suppression d’options ou de dispositifs pour récupérer des moyens, renoncement au rôle si essentiel de professeur principal, fin des dynamiques de projets, cloisonnements disciplinaires, conditions de travail dégradées, évaluation problématique, perte de sens du métier … Le ministère entendra-t-il leur parole ?

Marina (académie de Rennes) : Mes 6èmes me disent « j’ai pas envie d’être chez les nuls »

Céline (académie de Besançon) : Regrouper, classifier, trier, étiqueter des enfants

Marie (académie de Bordeaux) : La mort de tout ce que j’ai mis des années à construire

Sandrine (académie de Grenoble) : Faire se rencontrer les parcours de vie

Chloé (académie de Créteil) C’est le contraire de notre métier

François (académie de Besançon) : Quid des progressions, des séries de livres, de l’évaluation… ?

Véronique (académie de Rennes) : Supprimer latin, allemand, EPI, poste d’H-G … ?

Peggy (académie de Lille) : L’inclusion par l’exclusion !

Clémence (académie de Grenoble) : Un creuset des inégalités scolaires

Cécile (académie d’Orléans-Tours) : Quid des projets, des professeurs principaux, des compétences psychosociales … ?

Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut. (Certains prénoms ont été modifiés). Lire sur la page du Café Pédagogique.

Et une pétition du président du CRAP-Cahiers pédagogiques : Alerte sur les groupes de niveau au collège. Pétition lancée par Gwenael Le Guével, président du CRAP-Cahiers pédagogiques

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14/12/23

« Pour un collège démocratique » enfin ?

Philippe Meirieu, chercheur et militant en pédagogie – écologiste – vice-président des @Cemea a twitté : « Renoncer au collège unique ou réparer le vice de forme initial ? » puis écrit le lendemain, un second tweet : « Peut-être pourrait-on même s’inspirer du rapport de Louis Legrand en 1981 : « Pour un collège démocratique ». Il ferait apparaître comme particulièrement vieillottes et rétrogrades les propositions de notre jeune ministre ».

Historique du rapport Legrand

Intitulé « Pour un collège démocratique », le « rapport Legrand » est rendu en décembre 1982.
Il prône la constitution au sein des établissements d’ensembles autonomes d’une centaine d’élèves sous la responsabilité d’une équipe pédagogique. Celle-ci aurait la latitude d’organiser son enseignement, notamment en formant des groupes temporaires d’élèves en fonction des besoins, ainsi qu’en adaptant les programmes.
Le rapport préconise un large recours à la « pédagogie de projet », impliquant simultanément plusieurs disciplines, et prévoit l’instauration d’un système de tutorat, où un adulte prend en charge un groupe de 12 à 15 élèves pour les soutenir dans leurs études. Il défend la reconnaissance des enseignements artistiques, technologiques et sportifs à égale dignité avec les autres matières. Il propose enfin une redéfinition du service hebdomadaire des enseignants dans le sens d’une présence accrue dans l’établissement : seize heures de cours pour tous (agrégés compris), trois heures de tutorat et trois heures de concertation » […]

Les adversaires qui ont détruit la réforme :

« […] le SNES, principal syndicat du second degré […] lance une intense campagne contre la réforme, refusant notamment tout changement dans les obligations des enseignants et dénonçant dans le tutorat une distorsion du métier dans le sens de « l’animation ». Parallèlement, le camp traditionaliste se mobilise dans le champ politique et dans les médias sur le thème, promis à un grand avenir, de la « destruction de l’école ».

« Alain Savary abandonne la redéfinition du service hebdomadaire des enseignants et le tutorat. Le ministre ne retient sous une forme amoindrie que certaines des mesures préconisées et décide que la rénovation se fera à partir de la rentrée 1984 sur la base du volontariat des établissements, par
tranches de 10 % chaque année […] « Nommé ministre de l’éducation en juillet 1984, Jean-Pierre
Chevènement, réticent envers les réformes de son prédécesseur, n’annule pas officiellement la rénovation engagée, mais celle-ci s’enlisera lentement mais sûrement ». Lire en intégralité dans le site de Philippe Meirieu.

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6/12/2023 et suites…

Maths, PISA, Atal… et témoignages…

Le 6 décembre 2023, dans les Matins de France-culture de 7h42 à 8h, suite à PISA et aux  déclarations de Gabriel Attal, le journaliste Guillaume Erner s’entretenait avec Hugo Demille-Copin médaille Fields 2022 (la médaille Fields est la plus prestigieuse récompense en mathématiques) et Laure Carémon mathématicienne de l’EHES (l’École des Hautes études en Sciences sociales). Leurs propos sont concordants (sans intention de polémiquer avec Attal, mais le trouvant implicitement ridicule).

 Les deux spécialistes sont d’accord sur toutes les formulations suivantes :  il ne s’agit pas de sélectionner des élites, de mélanger éducation et recherche  mais de considérer qu’il « s’agit d’une culture » à développer dès les premiers âges.

Il s’agit « d’apprendre à raisonner », « de faire ensemble et non pas dans la compétition » et « essentiel, apprendre à se tromper ». Hugo Demille-Copin raconte une erreur récente qu’il vient de commettre sans honte. Il insiste  en parlant « du petit enfant qui essaie d’apprendre quelque chose en se trompant, en réitérant, réitérant » Il faut convaincre les parents en particulier qu’un enfant qui se trompe n’est pas nul en math. Parallèle avec la musique, le sport « répéter un geste pour pouvoir le maîtriser ».

A la remarque de G. Erner « l’échec est jugé plus sévèrement en France qu’ailleurs », Laure Carémon déclare : « on a un système qui repose sur des notes, on a eu des 2 et  l’on considère qu’on est « nul en math  pour le reste de sa vie ». On veut aussi « produire des scientifiques » « si l’école est capable de produire des gens heureux qui sont capables de faire grandir leurs talents, on aura des scientifiques.  Il faut compter aussi avec les émotions : « fierté d’avoir mérité après avoir galéré »

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Témoignage de Raymond Millot ancien instituteur : « Je travaillais avec Nicole Picard de l’INRDP. Je peux témoigner de ce qu’on peut faire avec des enfants de 6 à 8 pour créer la culture mathématique. Il faudrait faire un appel pour obtenir des témoignages actuels. Nous travaillions :

  •  sur la théorie des ensembles : avec des « blocs logiques » qui conduisaient à raisonner, déterminer les caractéristiques, classer,  ranger dans des cercles en intersection, cela en groupe,  en discutant sans note.  
  • Sur les 4 opérations à la fois : Alors que selon la logique du simple au complexe  on commence avec l’addition etc. Avec le « matériel Cuisenaire » (réglettes de couleur l’unité étant le cm3 couleur bois) permet qu’en sachant compter jusqu’à 12 , dès 6 ans, de comprendre sans les nommer les 4 opérations, et visuellement , la moitié, le tiers, le quart, donc avoir l’idée de fraction, d’organiser le travail en petits groupe avec des consignes…
  • Sur la numération : avec le matériel «multi-bases » comprendre que la base 10 n’est qu’une convention, savoir qu’avec les œufs on comptait en base 12, qu’on peut compter  dans de multiples  bases et même savoir que l’ordinateur fonctionne en base 2 , n’utilisant que le 1 et le 0,( comme un interrupteur 1 le courant passe, 0 on coupe), avoir une idée de surface (une plaque) et de volume(un cube).
    • A chaque séance de  gym, à la fin la consigne était de se ranger en base 3 ou 4 ou 5, de discuter, en étant 28 enfants :
      • on formait  en base 5, on formait une « plaque » (5 puissance 2) et  3 unités ( 3 petits cubes)
      • en base 4  une « plaque »(4 puissance 2),  3 « barres » )
      • en base 3, un « cube » (3 puissance 3)  et 1 » »
    • et rentrés en classe, constater que 28 en base 5  s’écrit 103, 28 en base 4 s’écrit 130, 28 en base 3 s’écrit 1001. Et  constituer ces nombres avec le matériel.

Il n’y avait aucune note, des erreurs et des discussions, des répétitions, du plaisir, parfois de la fierté, ( en savoir plus que ses parents) une culture commune. C’était à l’école expérimentale de la rue VITRUVE dans les années 60 !

Appel à témoignages…

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05/12/2023

Résultats des évaluations internationales PISA : défaillance du système éducatif

« Le niveau des collégiens français s’affaisse t-il ou se redresse t-il ? Les résultats de Pisa 2022, la grande étude internationale portant sur les jeunes âgés de 15 ans, seront connus mardi 5 décembre et le Café pédagogique en rendra compte dans la matinée. Aujourd’hui, on peut revenir sur les résultats de Pisa 2018 pour estimer les chances d’une amélioration et celles d’une aggravation du décrochage. Et, comme les maths sont la discipline reine de l’édition 2022 de Pisa, on peut aussi revenir sur Timss 2019. Que nous ont-ils appris de l’Ecole française ? Les gouvernements Macron ont-ils tenu compte de ces enseignements ? » Sur la page du Café Pédagogique.

5/12 : les résultats sont connus. « Cette fois, c’est une vraie chute de niveau qu’enregistre la nouvelle évaluation internationale Pisa organisée par l’OCDE. […] Si presque tous les pays sont touchés par des conséquences négatives du covid, les élèves français chutent beaucoup plus que les autres. Et, pour la première fois, l’OCDE pointe directement la gestion du système éducatif. Depuis 2018, la France est, après le Cambodge, le pays où le nombre d’élèves touchés par le manque d’enseignants a augmenté le plus : 67% des élèves sont scolarisés dans des établissements où le chef d’établissement signale qu’il manque d’enseignants. Le système éducatif français reste marqué par l’importance des inégalités sociales de réussite scolaire ». Article du Café Pédagogique.

Le ministre G. Attal a aussitôt annoncé les mesures pour remonter le niveau : par un retour en arrière ? Le redoublement à l’honneur. Les groupes de niveau controversés même par l’OCDE.

« Nouvelle épreuve de mathématiques en première, brevet indispensable pour le passage au lycée ou encore changement de règles pour le redoublement […]

« Des mesures tous azimuts. Gabriel Attal promet la mise en place d’un logiciel comprenant une « intelligence artificielle » censée aider à l’apprentissage ou à l’approfondissement en français ou en mathématiques. […]

« Inquiétude sur les moyens humains. « Comment le ministère va réussir à recruter assez d’enseignants pour mettre en œuvre toutes ces mesures ? », s’interroge la FCPE sur franceinfo. Autre élément controversé : les groupes de niveau.

L’enquête Pisa « indique bien que ces groupes devraient plutôt être des groupes de besoins ponctuels et ne pas conduire à une ségrégation des élèves par classe au niveau scolaire », fait valoir la fédération de conseils de parents d’élèves. » Sur la page de Franceinfo.

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28/11/2023

Roland Goigoux : “Je ne m’indigne pas des choix politiques mais de l’instrumentalisation de la science.

Et en 2022 déjà : Lecture : Roland Goigoux dénonce l’engouement ministériel pour la fluence

Reprenons ici les principes que nous énonçons ici dans notre Collectif Education bien commun, depuis 2020 : « L’éducation est un bien commun qui en tant que tel, ne doit pas dépendre d’un quelconque pouvoir politique ou économique mais faire l’objet d’une construction collective évolutive élaborée démocratiquement. » Que constatons-nous et avec nous Roland Goigoux, chercheur spécialiste de l’apprentissage de la lecture ? Que les différents ministres de l’éducation imposent depuis J.M.Blanquer une méthode de lecture syllabique dure, un livret unique le guide orange labellisé, un outil d’évaluation, la fluence : « la fluence est un outil de mesure très partiel de ce qu’est la lecture. Elle ne dit rien de la compréhension des textes. On peut lire vite des choses que l’on ne comprend pas. On survalorise un test qui n’évalue qu’une partie des compétences de lecture, celle de la maîtrise du décodage et de son automatisation. Et qui n’incite les professeurs qu’à entrainer cette seule habileté. » Il déclare après avoir été auditionné le 8 novembre par les rapporteurs de la mission parlementaire sur l’apprentissage de la lecture : « Que la politique fasse de la politique et assume ses choix, mais qu’elle n’utilise pas la science pour cautionner des directives qui sont idéologiques », lâche-t-il. Une mise au point salutaire en ces temps de récupération politique de l’apprentissage de la lecture ». Lire l’intégralité de l’article sur le site du Café Pédagogique.

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11/11/2023

Podcast : l’exception de la pédagogie Freinet »

…ou ce que la maternelle devrait être aujourd’hui mais dont les différents ministres de l’Education et aujourd’hui le président Macron lui-même, la détournent pour en faire l’antichambre du… CP… au nom de… l’égalité des chances ! La pédagogie Blanquer a de beaux jours devant elle. La pédagogie Freinet et toutes les pédagogies de l’éducation nouvelle, du GFEN, de l’AFL etc. font d’abord confiance aux enfants dès le plus jeune âge avant de vouloir les embrigader, les formater. Article de Télérama du 11/11/2023 qui présente un podcast à écouter.

« Et si on faisait confiance aux enfants ? C’est cette idée, simple et difficile à appliquer, que défend la pédagogie Freinet, dont le podcast “La Buissonnière” explore la méthode au fil d’un reportage à Vence. Utile et attendrissant. Pour le podcast La Buissonnière, Héloïse Pierre pose son micro dans une classe de maternelle et fait découvrir cette méthode bienveillante, exigeante et interactive. Les élèves apprennent à lire et à écrire à partir de leurs propres histoires, se responsabilisent grâce à un système de parrainage entre grands et petits, débattent autour de notions cruciales comme le consentement ou les stéréotypes de genre. Quant aux conflits, ils sont résolus par le dialogue et le vote. Immergée dans les journées de ces enfants, on est à la fois attendri et impressionné : on réalise à quel point ces mini-citoyens sont frappés de bon sens, en prenant tout simplement le temps de les écouter ».

« Faire des élèves des acteurs de leur apprentissage, c’est ce que propose la pédagogie Freinet enseignée à l’école publique Freinet de Vence. Durant une année, nous suivons les élèves de maternelle et leur enseignante Marie, en immersion sonore dans une classe de trois niveaux de maternelle. Ecouter ici le podcast.

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6 novembre 2023

Ce que la pensée complexe d’Edgar Morin apporte à l’éducation : « Le paradigme de l’éducation complexe


« Le dicton « nul n’est prophète en son pays » pourrait bien s’appliquer aux travaux d’Edgar Morin sur l’éducation. C’est un champ que le sociologue a amplement traité, pourtant son apport en la matière ne semble pas reconnu en France. L’homme de la complexité ne trouve pas dans cette « province de la Terre-patrie » à laquelle il se voue l’écho des honneurs et plébiscites qu’il reçoit à l’échelle planétaire, par exemple en Amérique latine qui dès les années 60 a noué une forte relation avec lui.

En replaçant l’humain au cœur d’une communauté de destin, la vision anthropologique de l’éducation d’Edgar Morin s’inscrit dans une visée sociétale qui fait de chacun de nous un citoyen du monde, un monde qui se transmet, et qu’il nous appartient tant de préserver que de bâtir. Au regard des problématiques qui parcourent l’école aujourd’hui, déployer des réformes ne saurait suffire. Une pensée prenant en compte la globalité des grands défis contemporains est nécessaire pour assurer la transmission des connaissances aux jeunes générations.

Cette pensée éducative, Morin s’y est consacré à travers une trilogie composée des ouvrages suivants : La Tête bien faite : repenser la réforme, réformer la pensée (1999), Relier les connaissances (1999), Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur (2000). La trilogie a été complétée une quinzaine d’années plus tard par l’ouvrage Enseigner à vivre : manifeste pour changer l’éducation (2014), dont s’est inspiré le réalisateur Abraham Ségal pour réaliser un documentaire montrant une mise en perspective des idées de Morin dans 5 établissements publics ». […]

« La transdisciplinarité au service de la compréhension de l’humain

Les différentes disciplines doivent être mobilisées ensemble plutôt que séparément afin de converger sur la compréhension de la condition humaine. C’est sur ces bases que Morin appelle à une réforme de pensée qu’il annonce comme étant historique et vitale en ce qu’elle permettra conjointement de séparer pour connaitre et de relier ce qui est séparé ». […]

« Concrètement, la mission de l’enseignant est de donner du sens aux apprentissages en proposant à ses élèves un travail s’appuyant sur leurs besoins profonds, comme le préconisait en son temps le pédagogue belge Ovide Decroly avec la pédagogie de l’intérêt ».

« Instaurer une démocratie à l’école

Edgar Morin prône aussi l’instauration, dans le cadre de l’école, d’une démocratie qui permettrait aux élèves de prendre réellement part aux débats et à la vie quotidienne scolaire. L’objectif serait de redonner à l’école sa place comme lieu de formation du futur citoyen ».[…] « Autrement dit, selon Morin, l’éducation doit non seulement permettre d’apprendre à vivre, mais à vivre dans la solidarité, et dans une solidarité qu’il place dans un système planétaire. Le système compétitif que l’école continue à favoriser devrait donc être repensé au prisme de la coopération pour permettre aux enfants et aux jeunes d’apprendre à travailler ensemble, dans un monde commun, et dans une relation de confiance qui englobe également les éducateurs ». Lire l’article ici.

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5 octobre 2023

Débat sur les savoirs : un électrochoc réactionnaire

« Une mission « exigence des savoirs », avec une priorité sur le français et les mathématiques, sera lancée, associant les professeurs, des recteurs et des inspecteurs, annonce le ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, dans un entretien au « Monde ». Article du Monde du 05/10/2023.

Réaction à cette dernière com’ du ministre Attal : « Qui pourrait douter du bien fondé de mettre les savoirs au cœur du débat éducatif ? Mais le «choc des savoirs» annoncé par le ministre est un électrochoc réactionnaire. » Le CICUR : Collectif d’interpellation du curriculum (CICUR) au sein du Comité universitaire d’information pédagogique (CUIP), association loi 1901.

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5 octobre 2023

Le 5 octobre, ce sera votre fête !

« Nous sommes dans le temps de l’action ». Intervenant à l’occasion de la Journée mondiale des enseignants, le 5 octobre, Gabriel Attal lance « le choc des savoirs ». En huit semaines, il promet de trouver les solutions pour “relever le niveau” et sauver l’Ecole. C’est que les “constats” sont déjà faits et les réponses connues. Ce sont celles préconisées depuis 2017 : mettre fin aux cycles, généraliser les classes de niveau, dicter aux enseignants les méthodes à suivre, labelliser les manuels scolaires. En toute logique, le ministre veut aussi rétablir les écoles normales avec recrutement au niveau bac. Dans cette vision caporaliste de l’Ecole, nul besoin d’enseignants formés en université, le ministère pense pour eux. Des exécutants dociles suffisent. Pour légitimer cette vision, une consultation organisée par le ministère sera lancée auprès des enseignants. Vous avez aimé Blanquer, vous aimerez Attal… » Lire ici sur la page du Café Pédagogique.

« C’était il y a 15 jours, le 5 octobre, lors de la journée des enseignants, le ministre de l’Éducation promettait un « choc des savoirs » et annonçait une mission de huit semaines pour tout réformer : recrutement des enseignants au niveau bac pour une formation au sein « d’écoles normales du XXIe siècle », fin des cycles, généralisation les classes de niveau, labellisation les manuels scolaires… Jean-Paul Delahaye, ancien DGESCO, nous livre son analyse de ces annonces. Selon lui, ces annonces ne règlent pas la question des inégalités qui « ne nuisent pas à tout le monde » . Comment ne pas voir qu’il existe une véritable lutte de classe dans notre système éducatif ? » interroge-t-il. « Cette situation, mesurons-le, met en danger la cohésion de notre pays ». Il répond aux questions du Café pédagogique« .

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Septembre 2023

Crise d’attractivité du métier : Finlande : une exception !

« Enseignement : la Finlande, une exception dans la crise d’attractivité qui touche tous les pays de l’OCDE.

Dans son rapport annuel, « Regards sur l’éducation », l’OCDE compare les politiques de la quarantaine de pays membres et évoque notamment la question de la pénurie de professeurs ».

Radio France – Publié le 12/09/2023

« À notre connaissance, il n’y a qu’en Finlande et en Irlande en Europe où on arrive à trouver des candidats pour tous les postes », résume Éric Charbonnier, analyste à l’OCDE ».

« Il y a un problème d’attractivité qui est lié à plusieurs raisons : la première est salariale mais ce n’est pas suffisant pour tout expliquer. »

« Pourquoi la Finlande fait exception, alors que les enseignants n’y sont pas beaucoup mieux payés qu’en France ? C’est une question de « valorisation du métier », explique Éric Charbonnier.

« On propose une formation de qualité aux enseignants et ils bénéficient de toutes les avancées de la recherche en éducation, ils ont accès à une formation continue sur leurs besoins ».

« Les enseignants en Finlande sont valorisés par la société. Il y a moins de problèmes avec le respect des maîtres en Finlande. » Lire l’article ici.

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24 Septembre 2023

« Un silence si bruyant » : les enfants victimes d’inceste

« Aucun cri ne sort de ma bouche » : l’actrice Emmanuelle Béart révèle avoir été victime d’inceste pendant son adolescence. « Mon père, ma mère, mon école, mes amis ne voient rien. Tout peut recommencer et tu recommenceras pendant quatre ans », poursuit la comédienne dans Un silence si bruyant, film qu’elle a co-réalisé et qui sera diffusé le 24 septembre sur M6. « « C’est un film choral, collectif », a expliqué Anastasia Mikova, la co-réalisatrice, rappelant les chiffres communément admis sur les victimes d’inceste : « 10% de la population française, 6 millions de personnes. » Dans un propos liminaire enregistré et diffusé lors de l’avant-première, Emmanuelle Béart a insisté sur la portée sociétale de ce documentaire, au-delà de son cas personnel »

« A partir du 24 septembre, des enfants seront mieux protégés grâce à ce film » : le juge Edouard Durand qui préside la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise). La secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance, Charlotte Caubel, a salué « le courage des témoignages » de ce documentaire et annoncé une « grande campagne gouvernementale » sur les « violences sexuelles infligées aux enfants », « dans les prochains jours ». Lire l’article ici.

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Septembre 2023

Humour trouvé sur Facebook…

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Août 2023

L’été, les colos ! Le gouvernement propose un « pass colo ». Examen !

TRIBUNE de Jean-Marc Berthet, Sociologue dans un article du Monde (pour abonné•e•s).

Création d’un « pass colo » : « Il faut faire des propositions d’activités aux jeunes en dehors de l’école pour les aider à grandir. » En opposition aux mesures dénuées de vision globale portées par le gouvernement, le sociologue Jean-Marc Berthet plaide, dans une tribune au « Monde », pour une politique structurée en faveur de la jeunesse, soulignant l’importance des vacances et des loisirs dans la construction des élèves ».

Extraits :

« En annonçant la mise en place d’un « passe colo » à hauteur de 200 à 350 euros par enfant – qui devrait concerner les enfants passant du CM2 à la 6e –, la nouvelle ministre des solidarités et des familles, Aurore Bergé, trace un chemin prometteur vers l’accès à un droit renforcé aux vacances. La mesure mérite d’être mieux examinée dans le détail – notamment vis-à-vis de la création d’un nouvel effet d’aubaine ou du modèle économique de redistribution sous forme de chèques – mais elle ouvre des perspectives. En effet, près de la moitié de la population et 3 millions d’enfants de 5 à 19 ans ne partent pas en vacances ; et encore, la définition donnée aux vacances est ici très large : il suffit de passer quatre jours hors du domicile personnel ».

Un constat :

– Il y a 50 ans : trois semaines en classe de neige / aujourd’hui quatre nuits ou moins.

– les colos : 1,25 million d’enfants partis en 2021-2022, quand 4 millions partaient dans les années 1960. Lire l’article ici.

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27 juillet 2023

Derniers écrits de Karl Marx : remise en question de l’idée de progrès et de développement

Article de Libération : « Auteur d’un best-seller inattendu au Japon, le jeune philosophe Kohei Saito a analysé des écrits tardifs de Marx. Le penseur du communisme y apparaît préoccupé par l’épuisement des ressources naturelles, et réfléchit à la façon d’organiser la production de manière soutenable et équitable. […]

« Le livre a aussi obtenu une bardée de prix, nommé dans la liste des meilleurs livres asiatiques du Asia Book Awards en 2021, et a été traduit dans plusieurs langues (le Seuil devrait en publier une version française prochainement). […] « La thèse du livre a de quoi faire lever quelques sourcils : en se penchant sur les écrits tardifs de Karl Marx, Kohei Saito découvre que le père du communisme s’est épris sur le tard de sciences naturelles, et que sa vision du monde en a été bouleversée. Dès lors, il aurait tourné le dos à l’idée qu’il faut développer les forces productives et aurait mûri une pensée préoccupée avant tout par la soutenabilité des sociétés, conçue comme condition essentielle à la réduction des inégalités ».

L’article de Libération est pour les abonné•e•s.

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24 juillet 2023

« Le certificat des savoirs verts » : la réaction d’EPLP

EPLP, c’est l’association des Enseignants pour la Planète. Sur son site, son bureau a réagit à la nouvelle annonce du gouvernement : « Quelques jours avant le début des vacances d’été, les services de Matignon ont annoncé qu’un projet de « certification des savoirs verts » pour le niveau collège était à l’étude. Cette proposition vient  en réponse à celle portée, entre autres, par l’association étudiante Pour un Réveil Écologique, qui représentait la jeunesse dans le Conseil National de la Refondation.  Par la voix de sa porte-parole Léa Falco, l’association appelait de ses vœux la création d’un « brevet vert », pour l’ensemble des élèves. A-t-elle été entendue ? Cette idée est-elle pertinente ? 

Dans la mesure où ce débat s’est tenu (une fois de plus…) à distance des enseignant.e.s, EPLP apporte ici son point de vue ». Lire ici.

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Juillet 2023

« Dessine-moi l’école publique. Comment la reconstruire après des années de casse »

La question est posée dans le Hors-série de la revue Politis de Juillet-août 2023.

« L’école française est l’une des plus inégalitaires de l’OCDE » dans l’édito de Laurence de Cock, historienne et enseignante

PARTIE 1 : Ce que la Macronie fait à l’école publique

PARTIE 2 : Quelle école publique voulons-nous ?

Voir le sommaire et les contributeurs et contributrices ici.

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Après les émeutes suite au meurtre de Nahel par un policier

Juillet 2023

Qui se soucie de ce que font les enfants des milieux populaires quand ils ne sont pas à l’école ?

« Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran interrogé dimanche lors de l’émission « Questions politiques » sur France-Inter estimait que l’exécutif en la matière n’avait rien à se reprocher. Le chômage recule, même dans les banlieues, et puis les fameux « CP-CE1 dédoublés à 12 élèves » réservés aux quartiers populaires sont là pour rétablir « l’égalité des chances » dès le plus jeune âge, quitte à ce que chacun ensuite soit confronté à ses responsabilités ».

Finalement d’après le gouvernement tout va très bien dans les banlieues pour les enfants et les jeunes, et dans l’école des banlieues, donc l’école de notre pays. Egalité des chances = chacun a sa chance et s’il ne la saisit pas, c’est de sa responsabilité, non de celle d’un système éducatif inégalitaire, non celle d’une société qui promeut la sélection, la compétition. Il n’a qu’à traverser la rue…

L’Egalité des chances, voilà bien l’expression magique entonnée partout maintenant et que refuse Jean-Paul Delahaye, ancien directeur général de l’enseignement scolaire (Dgesco) du ministre Vincent Peillon en 2011, qui déclare dans le Hors-série de Politis (péridique papier) « Dessine-moi l’école publique » :

« Il faut mettre « l’égalité des chances » entre guillemets […] « A ce niveau atteint par les inégalités dans notre pays, il est en effet devenu absurde et même cynique de parler d’égalité des chances. C’est l’inégalités des droits qu’il faut garantir à tous. Le problème, c’est que les inégalités ne nuisent pas à tout le monde. Une partie de nos concitoyens, de droite comme de gauche, qui peuvent peser sur les politiques publiques et dont les enfants réussissent bien dans notre école inégalitaire, pensent qu’ils n’ont pas besoin de réformes qui élargiraient la base sociale de la réussite scolaire.[…]

 » Pour résumer, faut-il promouvoir la coopération et le commun qui rassemblent ou faut-il favoriser la compétition et la sélection précoce qui divisent ? On voit bien que, selon qu’on privilégie l’une ou l’autre option, on ne construit pas la même société. » Et il fait ce constat : « On dépense 45 fois plus pour les élèves de classe prépa que pour ceux de REP. »

Politis. Dessine-moi l’école publique. Comment la reconstruire après des années de casse. Dans le périodique à trouver en kiosque :

A lire aussi dans le site https://educationbiencommun.fr/

De même le Nouvel Obs titrait le 4 juillet : « Emeutes urbaines : et l’école resta sans voix[…] « La « reconquête éducative du mois de juin », promise depuis des lustres par les ministres de l’Education nationale, est bien un enjeu de société[…]. Fin de l’année scolaire : les élèves sont désoeuvrés.

« La ségrégation sociale et ethnoculturelle plombe notre école

Depuis deux ans, « l’Obs » a multiplié les dossiers sur la fracture scolaire, l’école à double vitesse, la vraie carte des inégalités, bref la ségrégation sociale et ethnoculturelle qui plombe notre système éducatif et le caractère tout sauf fortuit de ce phénomène. C’est un constat : après trente ans de démocratisation scolaire, les CSP + de droite comme de gauche veulent de moins en moins mêler leurs enfants à ceux des classes populaires, jugés mal éduqués ». […]

« Lycées et collèges fermés signifient oisiveté forcée »

Lire l’article du Nouvel Obs ici.

Jean-Paul Delahaye renchérit : « Comme la semaine de quatre jours plébiscitée par les classes favorisées et moyennes [leurs enfants ont souvent un emploi du temps démentiel le mercredi entre le conservatoire; le club de tennis ou une officine de soutien scolaire payant et défiscalisé] Qui se soucie de ce que font les enfants des milieux populaires quand ils ne sont pas à l’école ? : d’après un sondage ministériel de 2017 d’après Jean-Paul Delaye qui déclare dans Politis « La semaine de quatre jours a été particulièrement défavorable aux enfants des milieux populaires.

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Juillet 2023

Il faut donner la parole aux enfants, aux jeunes

« Elsa Bouteville enseigne dans une école de Bagneux. Membre du collectif des Territoires vivants de la République. Elle donne dans cette tribune la parole à Mohamed Anouar, un élève qu’elle a eu en classe de CM2 l’an passé. Une manière de laisser la place aux enfants, en qui elle croit.

Vendredi 30 juin, la fête de l’école a été annulée. Par mesure de précaution, la rectrice de l’académie de Versailles en a pris la décision. A l’heure où les familles étaient censées passer la grille de l’école, elles sont tout simplement rentrées chez elle. Sur le trottoir, Mohamed Anouar attendait son frère. Ce n’est pas n’importe qui, Mohamed Anouar. Du haut de ses 12 ans, il a ses propres idées sur les évènements. La banlieue, il connait. D’ailleurs, il a très envie d’en parler. Quand il commence, on a du mal à l’arrêter. Et là, devant l’école refermée, ça y est c’est parti, monsieur se lance dans une longue analyse des quartiers. Il n’est pas de ceux qui se contentent de dire que « casser les magasins du quartier ça sert à rien » ou que « hier soir ça a chauffé, on arrivait pas à dormir », non, il va plus loin Mohamed Anouar. Et puisque je l’écoute, il me demande de noter et, si je peux, relayer sa parole en précisant qu’il est « grand politicien ». »

« Certains riront sans doute des propos tenus par un gamin de 12 ans du côté de Bagneux. Ceux qui préfèrent écouter les adultes sachant parler, eux, sachant penser, eux, et connaissant soi-disant la situation mieux que personne. C’est qu’ils ne connaissent pas Mohamed Anouar. Sûr, il échappe aux caméras qui guettent les émeutiers, aux médias en quête de sensationnel. Il a autre chose à montrer, autre chose à dire.

« Pour moi, le problème c’est qu’on vit dans un ghetto et les gens laissent toujours ceux qui ont un costume, une cravate et un chapeau, faire les lois. Les aristocrates, c’est toujours eux qui font la loi alors que les banlieues ont jamais le droit de parler. C’est eux qu’on doit interroger. On vit dans un monde enfermé dans un ghetto et quand on parle de justice, c’est toujours ceux qui ont un chapeau qui parlent. C’est des gens qui ont fait des études et c’est eux qui parlent. Ce que je veux dire c’est qu’il faut que tout le monde participe à penser. Que tout le monde participe à penser, voilà, que tout le monde soit sur la même marche ». […]

Lire l’article dans son intégralité dans le Café Pédagogique.

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24 juin 2023

« Rendons les jeunes à la lecture. Au plaisir du texte. Aux jeux de l’écriture »

Dans une tribune du Monde, Thomas B. Reverdy, écrivain et enseignant agrégé en Seine Saint-Denis dénonce les conditions désastreuses de l’apprentissage du français qui ne donne pas le goût de la lecture aux élèves.

« Anonner la succession des « mouvements littéraires » esquissée à grands traits, essentiellement Renaissance, classicisme, Lumières, réalisme, les idées, puis les formes, comme aux temps glorieux de la réforme de Gustave Lanson, en 1880. Réussir à le faire sans même interroger ces formes et cette histoire à l’aune des enjeux actuels de la littérature.

Dresser le catalogue des figures de la rhétorique, dont se moquèrent à peu près tous les authentiques génies de la langue, de Molière à Victor Hugo, justement. Le faire au fil d’explications de textes ligne à ligne, aussi desséchantes qu’insensées.

Chercher désespérément le « message » de l’auteur et la « morale » d’un texte réduit à ses qualités argumentatives de plaidoirie ou de démonstration, comme si la littérature était un truc d’avocats et d’hommes politiques ».

« Mais surtout, que ne font-ils pas, nos chers jeunes gens, pendant qu’ils consument leurs jours en d’austères études ? Que n’apprennent-ils pas ? A être des lecteurs, assurément ».

Lire l’article pour abonné•e•s ici.

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L’ensemble des faits d’actualités les plus marquants sont consultables dans la Page des Archives.

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Bibliographie, sitographie, citations

Dans cette rubrique : Des textes, des citations tirées de livres ou de sites, à lire et partager. Cliquer ici pour aller sur la Page en haut du site et accéder à tous les documents archivés.

Et en exergue, cet hommage à l’homme qui appela toutes et tous à s’indigner :

Stéphane Hessel

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13 novembre 2023

« Grandir en humanité » : un livre, une visio-rencontre

« Philippe Meirieu, dans un dialogue en liberté et sans complaisance, échange avec le philosophe Abdennour Bidar sur les enjeux auxquels nous avons à faire face et les possibles qui s’ouvrent à nous dans un monde déchiré et complexe. Il est temps pour eux de construire ensemble un grand projet éducatif et une vision pour l’école afin de libérer les initiatives et combler les inégalités, redonner aux éducateurs le goût de l’engagement et permettre à nos enfants et adolescents de retrouver le désir d’apprendre, de comprendre et de réparer le monde. Les deux auteurs se rejoignent sur la nécessité de se recentrer autour de quelques principes forts et de transformer radicalement nos institutions éducatives.

Quelques citations tirées du livre :

« Le vrai fondamental ? ce serait de créer enfin une école de la liberté […] qui se donne pour tâche de stimuler en permanence l’autonomie […] de passer de la contrainte à la libération de l’initiative « (Bidar p.43)

« Il s’agit de faire grandir les élèves en conscience et en humanité par des pratiques pédagogiques qui contribuent, chacune de façon propre et toutes ensemble articulées, à la mise en culture de nos trois liens nourriciers, le lien à soi, vers l’autonomie de pensée et d’action, le lien vers l’autre, vers une fraternité universelle, le lien à la nature, vers l’harmonie de tout le vivant. »(Bidar p. 64)

« L’école est face à un choix radical : conspirer ou résister, être complice ou entrer en rébellion. Il est temps pour elle de se rappeler l’adage du philosophe Alain, dans ses Propos sur le pouvoir : « penser, c’est dire non » « (Bidar p 83)

« L’école est véritablement révolutionnaire […] quand elle aide un élève à s’exhausser au-dessus de ses préjugés et de ses représentations […] sans enfermer quiconque dans ce dont il a hérité. Sans jamais le réduire à une « nature » ou à une « essence », mais en lui offrant toujours la possibilité d’oser sa « différence », comme le dit Derrida, d’aller au-delà de ce qui le défini, vers ce qu’il décide, ce qu’il crée, ce qui fait de lui un être unique, riche de son intériorité et capable de construire, avec les autres, une relation qui, comme le disait Emmanuel Levinas, « ne soit pas de pouvoir » « (Meirieu p. 89)

« Il faudrait que l’état impose aux écoles et établissements de construire leur projet pédagogique autour des chapitres obligés définis par la loi : la rencontre de la différence et de l’altérité, la formation des élèves à l’engagement citoyen, l’éducation au choix, l’acquisition de la pensée critique, la création artistique ou encore l’accueil et l’information des parents, l’articulation avec le tissu artisanal de proximité, la prise en compte des exigences environnementales, etc. » (Meirieu p. 148)

« En fait, les jeunes générations nous invitent à cesser de réparer en urgence les fuites de tuyauterie de nos anciens systèmes avec l’illusion de parvenir un jour à une école « efficace » que nous proposent les technocrates. Elles nous enjoignent à « bifurquer » délibérément, d’inventer et de mettre en œuvre avec elles une véritable alternative : une éducation de la solidarité entre les humains qui soit aussi une solidarité avec la planète » (Meirieu p.220) ». Editions Autrement. 31/08/2022

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On en reparle avant les JO de 2024 : le sport et l’EPS à l’Ecole

Michel Serres : « Mes profs de gym m’ont appris à penser »

C’est le titre d’un livre de Michel Serres. Le Cherche Midi et l’Insep publient sous forme d’un petit ouvrage une sélection d’un long entretien réalisé pour l’Insep en 2009 entre Michel Serres et François L’Yvonnet. : « Les professeurs de gymnastique ont beaucoup plus d’importance dans la société et dans l’enseignement qu’on ne le croit d’ordinaire. Je souhaiterais qu’ils soient presque au centre de l’enseignement”. On pardonnera “professeur de gymnastique” à Michel Serres, pas très au fait des réalités de l’éducation nationale. On le fera car dans ” Mes profs de gym m’ont appris à penser” (Le Cherche Midi / Insep), Michel Serres fait l’apologie de l’EPS en expliquant pourquoi. Il distingue très bien le sport de l’éducation physique. Alors que le premier lui semble destiné à mourir, l’éducation physique “vit vraiment”.[…]

« Cela l’amène à la thèse centrale de l’ouvrage : la distinction entre sport et EPS. ” Je suppose que les professeurs de gymnastique sont les plus sages professeurs du monde, qu’ils sont vraiment professeurs d’éducation physique, que le sport est pour eux le cadet de leurs soucis. Et que, même si les parents veulent faire de leurs enfants des prodiges de tennis ou d’athlétisme, ils refuseront cette forme de toxicomanie”, écrit-il. ” Attachons-nous surtout à notre propre hygiène, à notre propre santé, retrouvons l’origine du sport avec l’entraînement, la musculation, c’est-à‑dire le bien-être et la santé… Ce qui aujourd’hui vit vraiment, c’est l’éducation physique, le soin de soi dont nous avons parlé tout à l’heure”. « Alpiniste et marcheur, Michel Serres entretient un rapport personnel avec l’activité physique. Il nous livre une apologie de l’EPS qui situe ses enjeux : émanciper les jeunes, développer du commun et de l’égalité ». Sur le site du Café Pédagogique.

Et un tweet de l’IH2EF : L’Institut des hautes études de l’éducation et de la formation (IH2EF) est un service à compétence nationale rattaché au secrétaire général du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et du ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques.

« L’EPS développe les compétences motrices des élèves, renforçant leurs coordination, équilibre, force et agilité et promeut la polyvalence. Sur le plan social, elle encourage la coopération, le respect des règles, la tolérance et la diversité, en accord avec les initiatives du ministère en faveur du vivre-ensemble. Les valeurs morales, comme la bienveillance, la tolérance et le respect de l’adversaire, sont également inculquées. L’EPS permet aux élèves de découvrir une variété d’activités sportives, en alignement avec les programmes visant à élargir leurs horizons sportifs. S’il reste encore quelques progrès s’agissant de l’inclusion et des moyens alloués, la valorisation de l’EPS dans l’éducation nationale est cruciale pour offrir aux élèves une éducation complète et équilibrée, en cohérence avec les récentes mesures ministérielles. Nous avons tenté de construire ensemble les réponses aux questions suivantes :

  • quels sont les enjeux de la mise en place d’un parcours « santé-bien-être » dans le système éducatif ?
  • comment un tel parcours percute-t-il la formation à l’esprit citoyen ?
  • quelles perspectives pour l’EPS ?

EN VERSION AUDIO« 

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15 novembre 2023

John Dewey et le “learning by doing”

« Après une période d’oubli relatif, le philosophe américain John Dewey (1859-1952), figure majeure du courant du pragmatisme, est largement mobilisé sur les questions de pédagogie depuis quelques années. Souvent réduite à la célèbre formule du « learning by doing » qui valorise l’expérience dans les stratégies éducatives, sa réflexion sur l’école reste indispensable, au-delà du recours à la pédagogie de projet ».

« John Dewey s’est penché sur les relations entre éducation et démocratie en cherchant une façon de construire un monde commun qui autorise le partage de significations et d’actions. Ce commun résonne profondément comme un appel à l’action dans les périodes de conflits militaires, politiques et sociaux, et de menaces environnementales. Car l’action est indissociable de la connaissance pour Dewey, une connaissance de nature relationnelle et sociale qui se construit dans l’expérience ». Lire l’article ici.

Automne 2023

Guerre Israël-Palestine : le mois de tous les dangers pour le monde

 » Le mieux pour les turbulences de l’esprit est d’apprendre. C’est la seule chose qui n’est jamais détruite.

Tu peux vieillir et trembler, anatomiquement parlant ; tu peux veiller dans les nuits en écoutant le désordre de tes veines, tu peux peut-être manquer ton seul amour et tu peux perdre ton argent à cause d’un monstre ; tu peux voir le monde autour de toi, dévasté par des fous dangereux ou savoir que ton honneur est piétiné dans les égouts des esprits les plus ignobles.

Il n’y a qu’une chose à faire dans de telles conditions : apprendre. « 

Marguerite Yourcenar. Sources II (Gallimard, 1999). Les passages en gras sont de la rédaction.

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juillet 2023

Kohei Saito : «Karl Marx a donné la clé pour réconcilier écologie et lutte des classes»

Article de Libération : « Auteur d’un best-seller inattendu au Japon, le jeune philosophe Kohei Saito a analysé des écrits tardifs de Marx. Le penseur du communisme y apparaît préoccupé par l’épuisement des ressources naturelles, et réfléchit à la façon d’organiser la production de manière soutenable et équitable. […] « Le livre a aussi obtenu une bardée de prix, nommé dans la liste des meilleurs livres asiatiques du Asia Book Awards en 2021, et a été traduit dans plusieurs langues (le Seuil devrait en publier une version française prochainement). […] « La thèse du livre a de quoi faire lever quelques sourcils : en se penchant sur les écrits tardifs de Karl Marx, Kohei Saito découvre que le père du communisme s’est épris sur le tard de sciences naturelles, et que sa vision du monde en a été bouleversée. Dès lors, il aurait tourné le dos à l’idée qu’il faut développer les forces productives et aurait mûri une pensée préoccupée avant tout par la soutenabilité des sociétés, conçue comme condition essentielle à la réduction des inégalités ». L’article de Libération est pour les abonné•e•s.

Sur Youtube : « Le samedi 11 novembre 2023, , l’Institut La Boétie recevait pour la première fois en France, Kohei Saito »Kohei Saito, le Capital dans l’anthropocène » : « une relecture originale de Marx qui lie critique du capitalisme et crise climatique. En partant de Marx, Kohei Saito montre comment la logique du capital, en s’écartant du cycle naturel éternel, rompt l’harmonie entre les hommes et leur environnement (l’interaction métabolique). Il introduit le modèle décroissant, l’appliquant simultanément à la production et à la consommation, et promeut ainsi un communisme décroissant et écologique dans un monde post-capitaliste ». Découvrir ici.

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24 juillet 2023

« Le certificat des savoirs verts » : la réaction d’EPLP

EPLP, c’est l’association « Enseignants pour la Planète ». Son bureau vient de réagir à la nouvelle annonce du gouvernement.

Juillet 2023

« Dessine-moi l’école publique. Comment la reconstruire après des années de casse »

La question est posée dans le Hors-série de la revue Politis de Juillet-août 2023.

« L’école française est l’une des plus inégalitaires de l’OCDE » dans l’édito de Laurence de Cock, historienne et enseignante

PARTIE 1 : Ce que la Macronie fait à l’école publique

PARTIE 2 : Quelle école publique voulons-nous ?

Voir le sommaire et les contributeurs et contributrices ici.

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23 avril 2023

Des savoirs bioclimatiques enseignés à revoir

« Dans une tribune au « Monde », Nathanaël Wallenhorst, professeur en sciences de l’éducation et auteur de « Qui sauvera la planète ? », alerte à propos de certains savoirs bioclimatiques enseignés entretenant le mirage de limites écologiques à dépasser ».
« En mai 2022, les lycéens du parcours de spécialité sciences économiques et sociales (SES) ont eu à répondre, parmi les questions posées au baccalauréat, à ceci : « A partir d’un exemple, vous montrerez que l’innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance ».
Ceux d’entre eux qui ont brillamment réussi sont aujourd’hui en prépa économique et commerciale où ils visent HEC. Les meilleurs conseilleront les ministres de demain ou spéculeront sur les matières premières alimentaires comme tradeurs dans des banques d’affaires. Un tel sujet d’examen, proposé par des agrégés, puis retenu par les inspecteurs généraux et les recteurs, en dit long sur l’obscurantisme économique et ses programmes ».
[…]
« il apparaît avec clarté que seule une rupture radicale avec le modèle économique dominant serait à la hauteur des enjeux ». « nous avons besoin de demeurer en présence des savoirs scientifiques pour les comprendre en profondeur – ils doivent être travaillés par les ministres et leurs conseillers, les PDG et leurs comex, les chefs d’établissement et leurs enseignants, etc ».

[…] »Alors nous cesserons de faire plancher nos lycéens sur des fables obscures et changerons le monde pour plus de justice, d’humanité, de durabilité et d’hospitalité ».
Réservé aux abonné•e•s. Lire l’article du Monde ici.

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Immersion d’une journaliste éducation du Slate dans un collège : Louise Tourret en 2015

Premier volet, sur la façon dont elle est devenue prof et a enseigné au collège de février 2015 à la fin de l’année scolaire 2014-2015. «Devenir prof ? Rien de plus simple (c’est après que ça se complique)» Prof contractuelle sans aucune formation, c’est facile… » Lire ici.

Deuxième volet, sur le niveau des élèves : «La difficulté scolaire n’est pas une maladie contagieuse». « Ce n’est pas seulement le niveau des élèves en français qui l’a marquée ». Lire ici.

Troisième volet : « Le système (scolaire) est plus fort que notre intérêt pour les élèves. Le niveau d’expression écrite est loin d’être ce qui l’a le plus attristée. Récit ».

A retenir sur la question du conseil de classe et de l’orientation en fin de troisième ceci : « À la fin de la 3e, les élèves ne sont plus des personnes mais des notes ».

« L’impression que tout cela m’a donné, c’est que mes élèves et les enfants de France ne sont pas orientés : ils sont classés, triés et rangés dans des petites cases dans lesquelles tout le monde va finir par rentrer si, du moins, il y a suffisamment de places dans les filières et les établissements demandés. Je le sais et je l’ai vu: les profs et les principaux sont attentifs, ils ont pris du temps pour parler, expliquer aux adolescents et à leurs parents de quoi il retourne pour chaque choix, mais la logique bien installée et bien rodée est trop forte. L’idée de choix des gamins est une illusion: les bonnes moyennes vont vers les bons lycées, les passables vers les établissements qui ont de moins bonnes réputations, les moins bons en pro. Vue de mon collège, l’idée de l’égale dignité des filières (générale et professionnelle), un vieux serpent de mer éducatif et politique, fait franchement sourire… et surtout pleurer ».

Désespérante mais si vraie la conclusion de ce troisième récit :
« À la fin de l’année, mis à part pour quelques élèves qui vont intégrer d’excellents établissements, il n’y a aucun enthousiasme à se figurer l’avenir scolaire. Pas de joie, pas de rêve au collège.
Comment faire aimer les livres, la littérature et même le savoir à des gamins pour qui il a pour principale fonction de les écarter des voies que la société tout entière présente comme les plus désirables ? Je me suis attachée à ces adolescents et, peut-être suis-je naïve, mais je sors du collège avec le sentiment d’avoir proposé un marché de dupes à des gamins de 15 ans ». Lire ici.

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Quand l’école de Jules Ferry découvre l’inégalité sociale…

TRIBUNE. Raymond Millot, auteur d’ École ouverte, Recherche-action, Société éducatrice , critique les outils avancés par l’Éducation nationale pour réduire les inégalités à l’école. Texte de 2014 : rien n’a changé !

Copie d’écran : le groupe scolaire de la Villeneuve de Grenoble avec son projet d’ « école ouverte » en 1970 jusqu’en 2000.

« Vincent Peillon n’ignorait rien du rôle de l’école dans la reproduction sociale, mais ne pouvait (ne voulait ?) le dénoncer. Sa «refondation» semblait néanmoins promettre une rupture avec l’école de Jules Ferry. Ainsi, dans son livre consacré au sujet, il condamnait cette «école pensée comme machine à trier» , ce lieu de «production de l’échec [par] institutionnalisation de la compétition et de la souffrance de beaucoup de nos enfants…» . Il maintenait «l’idée de socle commun de connaissances, de compétences et de culture» , mais tenait à «bien le distinguer d’une approche économiste […] qui voudrait réduire la scolarité à une simple préparation au marché du travail […] sorte de Smic éducatif» . Il entendait donner aux élèves «les moyens de se préparer au monde qui est le leur […], [de développer] la capacité à travailler par projet, à concevoir, à coopérer, à communiquer, à inventer, à créer» .

«Pourtant, aujourd’hui, malgré tous ses succès et le dévouement des personnels de l’Éducation nationale, la promesse républicaine qu’incarne l’école est mise à mal.« .

Lire l’article ici.

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Les inégalités filles-garçons vues par les enfants

“Il y a plein de gens qui disent que la place de la femme, c’est à la cuisine et tout, et que les hommes, ils doivent partir travailler. Ça ne se fait pas tout ça !” Brut a interrogé plusieurs enfants et adolescents ayant entre 8 et 19 ans. Et voici ce qu’ils pensent de l’égalité fille-garçon. “Les garçons, ils trouvent que les filles, c’est leur boniche. Ils disent ‘va me chercher ça et nananinanana…’”, explique Ariana, 8 ans ». Voici leurs réponses ».

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Les esprits formatés… et les autres !

Dans notre collectif et ce site, nous militons ardemment pour que l’Education cesse de formater les enfants et les jeunes. Pourquoi ? Arguments d’Edgar Morin.

Tweet ce matin d’Edgar Morin, sociologue et philosophe réputé, bientôt 102 ans le 8 juillet 👍 tweete presque tous les jours.

Son dernier tweet il y a 17 h :

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« L’adolescence ou le deuil des possibles »

« A quinze ans, j’étais fatigué de vivre. Sans doute faut-il être si jeune pour se sentir si vieux…

De quoi souffre-t-on à quinze ans?

De ça, justement: d’avoir quinze ans. De ne plus être un enfant et pas encore un homme. De nager au milieu du fleuve, une rive quittée, l’autre non rejointe, buvant la tasse, coulant, remontant, luttant contre les tourments du courant avec un corps nouveau qui n’a pas fait ses preuves, seul, suffoqué.

Violents, mes quinze ans, rudes. La réalité frappe, entre, s’installe et trucide les illusions. Gamin, je pouvais me rêver mille destinées – aviateur, policier, prestidigitateur, pompier, vétérinaire, garagiste, prince d’Angleterre -, m’imaginer de nombreuses apparences – grand, fin, trapu, musclé, élégant -, me doter de talents variés – les mathématiques, la musique, la danse, la peinture, le bricolage -, m’attribuer le don des langues, la facilité pour le sport, l’art de la séduction, bref, je pouvais me déployer dans tous les sens puisque je n’avais pas encore de réalité. Qu’il était beau l’univers, tant qu’il n’était pas vrai… Quinze ans, voilà que mon champ d’action se rétrécissait, les possibles tombaient comme des soldats à la guerre, mes rêves aussi. Charnier. Massacre. Je marchais dans un cimetière de songes. »

« Ma vie avec Mozart » – Eric-Emmanuel Schmitt – Ma vie avec Mozart est un roman épistolaire d’Éric-Emmanuel Schmitt sorti en 2005.

  • A l’heure actuelle, ces propos sur l’adolescence doivent s’accompagner d’une réflexion sur l’éco-anxiété, la dépression voire les tentatives de suicides chez de nombreux jeunes (et même chez des enfants). Ecouter la jeune Nochka qui a présenté « L’Enfer » de Stromae dans The Voice 2023.

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Offrir à tous les jeunes…

Un livre : Yann Arthus-Bertrand. Maintenant ! Agir rend heureux », Saltimbanque édition, 2021.

« Tout au long de ce livre, je vous invite une nouvelle fois au voyage avec des images extraordinaires des plus belles régions du monde. Mais cette fois-ci, je vous raconte une histoire unique, magnifique : la vôtre. Celle de l’humanité et de son incroyable succès »[…] « Nous disposons tous d’atouts indéniables pour préserver la planète : notre intelligence et notre capacité à coopérer […] « Ce n’est pas la Terre que nous devons faire mourir. C’est notre vision du progrès. »

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« 100 ans d’éducation nouvelle

Répondre aux défis éducatifs et sociaux de notre temps »

Michel Baraër, Michel Neumayer, Sophie Reboul, Etiennette Vellas, L’Éducation nouvelle. Répondre aux défis éducatifs et sociaux de notre temps, Chronique sociale, 2022.

« […] ouvrage réalisé par le GFEN à l’occasion des 100 ans de l’Education nouvelle et du GFEN. Le livre présente les principes de l’Éducation nouvelle et les démarches concrètes qu’elle veut mettre en œuvre dans les classes. Né de la coopération de pédagogues de différents pays, l’ouvrage met en lien action éducative et transformation sociale. Il donne une large place aux pratiques du changement. Il revient sur les apports de l’Éducation nouvelle au débat éducatif. Et il revient aussi sur les 100 ans du GFEN ».

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Conférence de Julian Branco à Polytechnique

« La République ne vous appartient pas ! » déclare Julian Branco, avocat, devant les élèves de l’Ecole Polytechnique en 2019. De milieu aisé, il est lui-même passé par les grandes écoles. Il a eu des fonctions importantes dans la Fonction Publique et connaît bien le système éducatif : lui-même a enseigné un temps, par choix dans le secondaire. Ici, sa critique du système est vive, bien avant celle des étudiants d’AgroParisTech, de grandes écoles dont Polytechnique en 2022, qui ont annoncé qu’ils « bifurquaient »

On peut suivre cette conférence ici.

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Où en sont les écoles expérimentales aujourd’hui ?

Des photos et images d’expériences alternatives, de projets émancipateurs. Voir aussi dans la Page du site : « Innovations »

et dans la Page du site : Recherche-action.

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Les écoles (et collège) de la Villeneuve de Grenoble

Des expérimentations ont été réalisées à l’intérieur du système éducatif et du Service public depuis plusieurs années. Certaines n’ont pas résisté à la pression de l’administration et ont disparu comme les écoles de la Villeneuve de Grenoble (avec un collège) qui ont vécu des années soixante-dix aux années deux mille. Et ce, malgré les éloges de l’administration qui n’était pas à une contradiction près comme on le voit sur ce document où sont énoncées les conditions propices à une transformation réelle de l’Ecole, qui peuvent être encore utiles aujourd’hui. Ces éloges ( exceptionnels) venant de l’institution témoignent du fait qu’il ne s’agit pas d’un mythe :

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L’école Vitruve à Paris

Certaines innovations sont toujours vigoureuses comme l’école Vitruve à Paris : on peut lire sur la page d’accueil de son site « L’école Vitruve est une école publique un peu particulière. Basée sur un fonctionnement par projets, elle a pour objectif de permettre à chaque individu qui la compose, enfant comme adulte, de trouver sa place et d’agir dans le collectif. Sa devise : C’est à plusieurs qu’on apprend tout seul ».

« Située dans le 19ème arrondissement, cette école publique est une « expérimentation, qui veille à se remettre en question et à se renouveler, et qui demeure hors norme, atypique et originale ». Une originalité qui porte sur l’organisation pédagogique de l’école et sur la coopération avec les partenaires du système éducatif dans le but de mieux lutter contre l’échec scolaire. Son évaluation, menée entre mars 2018 et juin 2019, doit permettre le renouvellement du statut particulier de cette école ô combien atypique… » Sur le site du Café Pédagogique (cliquer sur la photo).

Ecole Vitruve à Paris

L’école Vitruve participe depuis plusieurs années à la FESPI (fédération des établissements scolaires publics innovants).

Yves Reuter : « […] au travers des études qui existent, les résultats quant aux apprentissages purement scolaires sont au moins identiques aux autres écoles. Là où les résultats sont nettement meilleurs, c’est au niveau des compétences psycho-sociales et de citoyenneté. »

« Il ne s’agit pas d’uniformiser, mais de faire bouger l’éducation nationale et d’encourager différentes initiatives prises sur le terrain. Et puis surtout, il faut former les enseignants. Bien souvent en France, on reforme mais on ne forme pas. Quand on veut généraliser trop vite, quand les enseignants ne sont pas convaincus, cela ne marche pas.  Il faut faire connaître ce type de pratiques pour que les gens s’en inspirent, il faut socialiser. Chacun en fera ce qu’il souhaite. »

Rapport d’Yves Reuter.

Lire ici « En sortant de l’école » de Jean Foucambert sur l’école Vitruve.

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Le lycée auto-géré de Paris

Le lycée autogéré de Paris (LAP) est un lycée expérimental créé en 1982 sous le ministre de l’Éducation nationale Alain Savary. Des enseignants et des jeunes en sont les fondateurs. Il a été créé pour offrir une alternative à la pédagogie traditionnelle.

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Le collège Clisthène

Le collège Clisthène à Bordeaux date de 2002.

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En Belgique

Il faut retenir les expériences belges des écoles publiques sous la houlette de l’inspecteur Charles Pepinster.

Septembre 2020 : Une septième école publique à pédagogie du chef-d’oeuvre en Belgique

Une école publique au-delà de Montessori, Decroly, Freinet …

Un livre pour en savoir plus : « Du chef-d’oeuvre pédagogique à la pédagogie du chef-d’oeuvre » Ed. Chronique Sociale, éditions du GBEN collectif 

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Lire ici le compte rendu de toutes ces innovations.

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