Savoirs émancipateurs

L’éducation à la citoyenneté

Par Emmanuele Buffin de l’AFL (Association Française pour la Lecture)

L’éducation à la citoyenneté ne se confond pas avec l’instruction civique et la morale laïque. Si on veut bien admettre que c’est en forgeant qu’on devient forgeron, on ne peut pas envisager une éducation à la citoyenneté sans une expérience ayant quelque chose à voir avec la citoyenneté.

L’éducation à la citoyenneté est une expérience à vivre au quotidien, en famille, à la crèche, dans les établissements scolaires, dans les lieux d’éducation populaire culturels et sportifs sous la forme d’un exercice concret de la citoyenneté. […] Lire la suite.

En sortant de l’école

Par Jean Foucambert de l’AFL

Pour présenter le récit que les enfants et les adultes d’un groupe de l’école élémentaire de la rue Vitruve proposent dans ce livre, ne suffirait-il pas de rappeler qu’il ne s’agit pas des souvenirs d’une colonie de vacances mais bien de l’activité d’écoliers et d’instituteurs sur la totalité d’une année scolaire ?

Si le séjour à Bedous et la « Tournée » constituent le sujet essentiel du livre des enfants, ils ne représentent qu’une brève étape à l’intérieur du « projet » lui-même. Quel projet ? […] Lire la suite.

Propos sur les savoirs

Par Catherine Ledrapier du GFEN

Peut-être en premier lieu redire ce que Savoir n’est pas. Ce n’est pas un empilement de connaissances, ni thésaurisations à marchander, ni données à mémoriser ou pouvoir retrouver, ni informations à avaler telles qu’elles ont été emballées… On pourrait sans nuire remplacer Savoir par les savoirs ou par apprendre… ce qui permettrait d’ouvrir le champ de la réflexion, de donner des nuances, d’apporter des précisions, mais les constantes sont : construction par soi-même du Savoir, avec les autres et par les autres, grâce aux dispositifs d’interactions proposés par l’enseignant. […] Lire la suite.

Apprendre à vivre par ce qu’on vit à l’école

Par Catherine Ledrapier du GFEN

Construire ses savoirs, coopérer, respecter l’autre et la planète.

Il s’agit de construire ensemble les savoirs avec des pratiques qui sont en elles-mêmes coopératives et non compétitives. Apprentissage de la démocratie dès l’école, au sein des activités quotidiennes, mode de vie scolaire respectueux des autres et de l’environnent.

Il s’agit d’émancipation : élaborer son esprit critique, apprendre à discuter (écouter, analyser, prendre la parole), à argumenter et à prendre des décisions.

Il s’agit aussi d’apprendre à reconnaître et à gérer ses émotions. Apprendre à ressentir autant qu’apprendre à penser. […] Lire la suite.

Paolo Freire, le pédagogue qui fait peur au président

Par Jean-Yves Séradin de l’AFL

Sur le site AOC, le 1er novembre 2018, la philosophe Irène Pereira revenait sur le projet éducatif du nouveau président brésilien Jair Bolsonaro : « Extirper la philosophie de Paulo Freire des écoles. Interdit pendant la dictature, Freire est accusé d’avoir porté avant le coup d’état de 1964 une politique en faveur de l’alphabétisation et du développement en classe d’une conscience critique. Il est surtout porteur d’une lutte contre les discriminations insupportable à l’extrême droite désormais au pouvoir. » […] Lire la suite.

L’éducation artistique est un vecteur d’émancipateur

Par un Collectif : Des membres du collectif pour l’éducation par l’art, de la Maison des écrivains et de la littérature et du réseau Tras.

La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a appelé toutes les forces vives de notre pays à se mobiliser pour réaffirmer la place des arts et de la culture dans notre société. Le président de la République a, par ailleurs, souhaité construire une politique de l’émancipation et de la dignité. La formation d’individus capables de s’émanciper et de s’affranchir des destins auxquels leur milieu social ou/et géographique les assigne est au cœur de l’ambition démocratique, là où le projet libéral a pour conséquence d’asservir ces mêmes individus aux lois du marché dont le moteur est la pulsion consommatrice. […] Lire la suite.

« Apprendre ? »

Par Robert CARON AFL

« Continuité pédagogique », « Ecole à la maison », « Confinement » et maintenant « Vacances apprenantes » nous avons été gâtés pendant trois mois par le matraquage d’une profusion de vocables sensés nous rassurer et qui, au bout du compte, nous installaient dans une impuissance inédite. Impuissance qui, par ailleurs, était bien partagée dans les discours officiels ne serait-ce que par la multiplication de positions contradictoires.

L’école a donc dû se faire « à la maison » avec des parents déboussolés, voire totalement dépassés, avec des familles nullement logées à la même enseigne. Mais aussi avec des enseignants devant improviser, du jour au lendemain, un soutien à la scolarité en s’appuyant sur l’unique expérience qu’ils avaient : la classe et le modèle explicatif. […] Lire la suite

Il suffit…

Par Chariles Pépinster du GBEN

S’il est un domaine où l’émancipation des mentalités est désirable, c’est bien l’école. Nous avons tous connu des professeurs qui nous ont marqués par leur largeur d’esprit, qui nous séduisaient par de l’affranchissement, du souffle, de l’audace, de la bousculade des tabous, de l’irrévérence, de la provocation, des visées hautes, de la fraternité, de la poésie. […] Lire la suite.

Déclaration du Comité Mondial pour les apprentissages tout au long de la vie (CMAtlv)

Par Pierre Frackowiak

UNE ONG PARTENAIRE OFFICIELLE DE L’UNESCO fait une déclaration qui permet à Pierre Frackowiak d’apporter une première contribution au chantier « EDUCATION , AN 01 ».  Il s’agit du Comité Mondial pour les apprentissages tout au long de la vie  ((CMAtlv)qui affirme à la Commission Internationale UNESCO « Les futurs de l’Education », après avoir analysé avec ses partenaires les effets de la crise du COVID jusqu’à ce jour, que toute personne au monde, quels que soient son âge, ses conditions de vie, son genre, son lieu de vie, doit pouvoir avoir accès aux apprentissages nécessaires pour son insertion dans la société humaine, son développement, son épanouissement, et donc que tous les états et décideurs doivent considérer ce droit comme une priorité, et octroyer tous les moyens possibles pour y parvenir. […] Lire la suite.

Education aux Médias et à l’Information

Par R. Millot et N. Lanneau

Comment contrer la vague complotiste ? Le Monde. Le quotidien du soir se devait de traiter le sujet, d’analyser les raisons de l’incroyable succès du film « Hold- up » , « film conspirationniste » dont un journaliste du site « Spicee », Thomas Huchon, décrit la recette : « il y a la musique qui fait peur, le ton posé, les révélations cachées qu’on n’a pas le temps de voir, et un mille-feuille argumentatif. A la fin tu te retrouves écrasé, tu ne peux tout déconstruire » et Tristan Mendès-France (Université de Paris) précise « Le débunkage (la déconstruction) arrive toujours tard car on doit démonter énormément de choses. Il faut (…) faire de la prévention ». Idée reprise par Thomas Huchon, qui considère « (…) il faut donner des moyens à l’école, faire de l’éducation aux médias, créer une formation spécifique pour les enseignants. » On peut toujours l’espérer mais aussi douter que cela suffise […] Lire la suite.

En quête de sens

Par Jean-Yves Séradin

Dans son livre Sur la lecture (Bibliothèque Richaudeau/Albin Michel, 1992), Jean Richaudeau écrivait :

« Et la dyslexie. Je ne traiterai pas ce sujet faute de compétence… et encore plus faute d’être d’accord avec ce mot » (p. 152). Sans doute serait-il sage de l’écouter !

Un « handicap » difficile à combler

Evoquer la dyslexie, c’est s’exposer à la vindicte de ceux pour qui elle constitue une aubaine professionnelle et financière. Une chasse gardée, donc. Une invitation à braconner aussi. Dans sa recherche sur la médicalisation de l’échec scolaire, le sociologue Stanislas Morel établit un constat :

« La prévalence d’un retard significatif de lecture par zone d’éducation va de 3.3% dans les secteurs privilégiés à 24.2 % dans les écoles des secteurs « défavorisés ». Par ailleurs, 68 % des faibles lecteurs sont scolarisés en zone très défavorisée, 28 % en zone modérément favorisée et 4 % en zone normalement favorisée. » […] Lire la suite.

Du neuf dans l’art de faire apprendre

Par Charles Pépinster

La pédagogie du chef-d’œuvre, je l’ai initiée en 1978 en tant qu’inspecteur belge de l’enseignement. Je l’ai ensuite appliquée à l’école publique de Buzet- Floreffe en 1992. Jean-François Manil et Léonard Guillaume, tous deux docteurs en sciences de l’Education et instituteurs, l’ont reprise, théorisée et améliorée, enfin racontée dans un livre collectif : « Du chef-d’œuvre pédagogique à la pédagogie du chef-d’œuvre ». Ed. Chronique Sociale.

Il s’agit bien d’un nouveau courant émancipateur où l’on apprend seul puis en groupe dans la perspective non pas d’être interrogé arbitrairement et de gagner ainsi des points pour soi, mais dans l’intention manifeste de faire apprendre amicalement aux autres ce que l’on vient de comprendre…[…] Lire la suite.

Doit-on « attendre » quelque chose des enfants à l’école

Par Eveline Charmeux, ancienne professeure de français et formatrice d’enseignants.

Les attendus des élèves au CP et au collège

Voici, comme « cahier de vacances », un petit sujet de réflexion qui me chiffonne depuis toujours dans mon métier de formateur d’enseignants, parce que c’est une question bien souvent entendue des collègues : « qu’est-ce qu’on doit attendre d’un enfant à l’entrée au CP ? (ou plus tard…) »
Ce qui me donne envie de demander, sur ce point, leur avis aux lecteurs de ce blog, c’est la parution des nouveaux programmes pour l’École Maternelle. Moins pires que le projet initial, avec comme un relent de ceux de 2015, ils conservent néanmoins la raideur à la mode, interprétation grossièrement erronée de la « rigueur ».
Surtout, chacun des chapitres se trouve couronné du fameux  » Ce qui est attendu des enfants en fin d’école maternelle », dont le ministère est très fier : ça fait tellement « scientifique »… » Lire la suite.

Comme Marguerite Yourcenar, gardons les yeux ouverts

Par Nadine Lanneau, professeure documentaliste. 

« J’ai souvent réfléchi à ce que pourrait être l’éducation de l’enfant. Je pense qu’il faudrait des études de base, très simples, où l’enfant apprendrait qu’il existe au sein de l’univers, sur une planète dont il devra plus tard ménager les ressources, qu’il dépend de l’air, de l’eau, de tous les êtres vivants, et que la moindre erreur ou la moindre violence risque de tout détruire.[…] » Lire la suite

L’émancipation comme facteur déterminant de l’éducation

Par Roland Millot, ancien instituteur et coordinateur des écoles ouvertes de la Villeneuve de Grenoble entre les années 70 et 2000. 

« Introduction : Le 4 novembre 2021, les Editions Massot publient la brochure : « L’Education un bien commun ». A la finil est proposé : « d’imaginer les contours d’un Institut de l’Education et de l’Emancipation (IDEE) où les enseignants n’auraient qu’un pouvoir partagé avec  des scientifiques des sociologues, des psychologues, des médecins, des représentants de parents, soucieux de faire de l’éducation l’affaire de tous ». Le changement de paradigme en cours nous invite à travailler des utopies réalistes comme la préservation des biens communs. L’éducation, en tant que telle, pour échapper à son rôle de reproduction sociale (cf. Bourdieu), doit bénéficier de l’indépendance du pouvoir politique (être inscrite à ce titre dans la Constitution ?) Il s’agit d’un impératif qui joue déjà partiellement pour l’Université, la Justice, et divers organismes régulateurs. Impératif dont la gestion démocratique pourrait faire appel à divers dispositifs comme les Conventions Citoyennes… » Lire la suite

La lecture au cycle 1 : à l’école maternelle, de la Petite Section à l’entrée au CP

Par Eveline Charmeux, professeur-formateur honoraire de français, ex-chercheur à l’INRP. 

« Ici surgit une objection : Voyons, l’école maternelle, c’est à la rigueur du « préapprentissage » de celle-ci : on n’est pas au CP !
Cette objection, parfaitement classique, est sans fondement : des apprentissages, l’enfant en construit depuis qu’il est conçu. On en est certain depuis fort longtemps. Si bien que l’école maternelle qui est le premier endroit où l’on va pour apprendre, est bel et bien un école à part entière, certes adaptée à des tout petits entre 2 et 5 ans, mais où l’on a des savoirs à construire.

On va donc retrouver ici, déjà, sous des formes adaptées à cet âge, chacun des « grand principes », pour pouvoir travailler dès la petite section dans la visée des objectifs adultes.
On sait en effet qu’il n’y a pas d’objectifs intermédiaires : il suffit d’adapter l’objectif final à l’âge des enfants, c’est-à-dire, respecter la personne de l’enfant, ne pas lui imposer ce qu’il n’est pas en âge de faire, prendre appui sur ce qu’il sait et mettre ce qu’on lui enseigne, en relation avec ce qu’il sait, concevoir la lecture comme ce qu’elle est, une situation de vie différente de ce qu’il connaît et des manières de s’exprimer nouvelles pour lui.

Un travail continu, tout au long des trois ans, sans évaluations intermédiaires, autres que « formatives », c’est-à-dire « participatives ». » Lire la suite.

Pour qui sonne l’écrit ?

Par Eveline Charmeux, professeur-formateur honoraire de français, ex-chercheur à l’INRP. 

Dans une lointaine année, (1977 !), parut un ouvrage, écrit à quatre (Laurence Lentin, Christiane Clesse, Jean Hébrard, et Isabelle Jan), qui s’intitulait « du parler au lire » (ESF).
Leur hypothèse était, qu’avant d’être un bon lecteur, l’enfant devait d’abord être un « bon parleur », et que, c’était par le désir de transmettre cette parole — donc par le son — qu’il devenait lecteur. Qu’en est-il aujourd’hui ? […] Lire la suite.

Quelques fondamentaux du métier de professeur

Par Philippe Meirieu, professeur honoraire en sciences de l’éducation, Université LUMIERE-Lyon 2, président des CEMEA. 

A propos de « Lettre à un jeune professeur… » livre écrit par Philippe Meirieu en 2019, toujours d’actualité.

1 – Ne jamais renoncer à ce qui nous a fait choisir ce métier : la passion de transmettre
Nous enseignons toujours plus ou moins pour faire vivre à d’autres la joie de nos propres
découvertes… et c’est bien! C’est là notre « foyer mythologique » où nous puisons notre
énergie.
Entendre chez nos élèves la résistance à notre projet de transmettre… Ne pas chercher à
la briser, mais en faire un levier pour réinterroger nos propres savoirs sous l’angle de
leur genèse […] Lire la suite.

« Vous avez dit fluence ?  » Entre question(s) et débat

Par Serge Herreman, rédacteur en chef de la revue de l’AFL (Association Française pour la lecture) « Les Actes de lecture ». Editorial de la revue n°157 mars 2022.

Qu’est-ce que la fluence ?

« Fluence », ce mot, à côté de « codage » s’est vu imposé par le ministère de l’éducation nationale pour évoquer l’apprentissage de la lecture. Mais qu’est-ce donc que cette fluence ? […] Lire la suite.

FLUENCE : ramage, plumage et pilotage

Par Rachel Schneider, professeure d’école, militante secteur éducatif SNUipp-FSU.

Introduits par les évaluations nationales imposées en CP et CE1 depuis 2018, les entraînements à la «fluence » se sont généralisés à tous les niveaux de classes de l’élémentaire. Cette pratique, qui a fait du chronomètre un outil indispensable en classe pour mesurer le nombre de mots oralisés à la minute, s’installe également au collège, sur prescription ministérielle, notamment depuis l’ajout de tests de fluence dans les évaluations 6ème en 2020 […] Lire la suite.

Les élèves auteur•e•s de leurs apprentissages

Par Catherine Chabrun, professeure d’école, militante Freinet.

Semaine de la presse du 27 mars 2023 au 1 avril : c’est chaque année, dans les établissements scolaires, l’occasion donnée aux élèves et à leurs enseignant•e•s de questionner les média (journaux, sites internet, réseaux sociaux…), leur validité et la liberté d’expression. Malgré tout, ce travail réduit à une Semaine, doit être réalisé toute l’année.

2023 : En ces 40 ans du CLEMI (Centre pour l’éducation aux médias et à l’information) qui organise la Semaine de la presse, n’oublions pas la place qu’a eu et qu’a la pédagogie Freinet, notamment pour la liberté d’expression. Et retenons-en les points principaux et essentiels pour une pédagogie renouvelée, capable de transformer les apprentissages. Car la liberté d’expression, on l’apprend certes mais on la pratique d’abord.

Elèves acteur•re•s de leurs apprentissages mais surtout auteur•e•s de leurs apprentissages si l’on suit les préconisations de Célestin Freinet qui a inventé le journal scolaire et l’imprimerie au début du XX° siècle. L’écriture d’un journal permet d’aborder de manière naturelle et ludique de multiples apprentissages en langage, écriture du français et découverte du monde […] Lire la suite.

Passer du déchiffrement à la véritable lecture

Par Nadine Lanneau, professeure documentaliste à la retraite. 

« Professeure documentaliste en collège, j’ai d’abord utilisé le cdrom Elsa de l’AFL (Association Française pour la Lecture), dans les années 2000 puis à partir de 2015, le logiciel elsaweb sur le web. J’ai ainsi entraîné des élèves principalement ceux qui arrivaient en sixième en déchiffrant – très peu avaient acquis les compétences remarquables de la lecture. Années après années, j’ai reçu au CDI sur les ordinateurs, en nombre de plus en plus grand, des élèves de tous niveaux, peu en troisième cependant, car les professeurs jugeaient qu’ils n’étaient pas disponibles à cause de la préparation du brevet des collèges. L’organisation de ces entraînements fut très variable, dans l’espace et dans le temps : une fois par semaine, tout d’abord, pendant la pause méridienne, puis après les cours vers 15 ou 16h et enfin de manière définitive, pendant les cours des professeurs de français, lorsque fut établi un partenariat avec eux. Les élèves préféraient en effet, venir pendant les cours dans des « groupes de besoin ».

Je suis maintenant à la retraite et je propose à la médiathèque de ma ville l’entraînement elsaweb à des enfants de primaire à partir de 9 ans, à des collégiens et lycéens et à des adultes alphabétisés.

Comment alors passer du déchiffrement à la véritable lecture ? » […] Lire la suite.