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Les ACTUALITES depuis le 3 mai 2022

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Rentrée 2022

L’école doit assumer d’authentiques finalités démocratiques et être au clair avec les défis planétaires : « Contre l’école injuste » 

Depuis la massification de l’Ecole à partir des années soixante qui a été un succès (maintenant 80% d’une classe d’âge au niveau du bac toutes sections confondues), qui s’est interrogé sur les finalités démocratiques de l’Ecole ? Car l’heure n’est plus à la massification mais à sa démocratisation. Et qui a interrogé les savoirs « traditionnels » qui se sont accumulés sans réflexion, parfois sans queue ni tête ? Qui a posé la question des nouveaux savoirs à mettre enfin au clair pour leur donner sens et les faire acquérir aux élèves afin de répondre aux défis planétaires actuels ?

Philippe Champy, ancien ingénieur de recherche à l’Institut national de la recherche pédagogique (INRP), a été initié aux diverses approches de la recherche en éducation. Il a longtemps dirigé les éditions Retz avant d’intervenir de façon critique, dans ses écrits et conférences, sur la politique scolaire française. Jean-François Gauthier, ancien inspecteur général de l’Éducation nationale, a enseigné à plusieurs niveaux scolaires et universitaires avant de se spécialiser dans la comparaison des politiques éducatives dans le monde et d’être reconnu internationalement pour ses travaux sur les contenus d’enseignement. Ils publient en cette rentrée : « Contre l’école injuste », « Questionner l’imaginaire scolaire, discerner les pièges, repenser les savoirs à enseigner ». Quelques citations :

« Pouvez-vous expliquer en quoi et pourquoi l’Ecole est injuste ? »

Notre École est injuste à deux titres au moins, l’un assez connu et l’autre encore laissé dans l’ombre. Ce qui est connu, c’est ce que révèlent aussi bien les études sociologiques et historiques que les évaluations officielles : l’École reproduit voire renforce les inégalités sociales et culturelles entre élèves au lieu de les diminuer. Les dispositifs mis en œuvre pour éviter ce biais structurel n’ont qu’un impact marginal. L’injustice ici est de faire croire à une « égalité des chances » dans la compétition scolaire alors que les dés sont pipés de multiples façons.

Ce qui est moins connu, c’est que les savoirs jouent aussi un rôle déterminant dans le tri injuste des élèves » […]

« Pourquoi considérez-vous que notre système éducatif est devenu indifférent aux savoirs ? »

Regardons ce qu’enseigne l’École : qui en décide ? quelles en sont les finalités d’ensemble ? Déjà là on ne le sait pas, aucun texte ne le définit, on se trouve face à un immense impensé, et du coup à un invraisemblable désordre, fait d’un « socle commun », plus ou moins abandonné, de quantité d’injonctions ministérielles d’enseigner des objets éducatifs divers (éducation à la citoyenneté, au développement durable, etc.) et de l’ensemble des programmes des disciplines scolaires.

Jamais par exemple on ne s’interroge sur les savoirs qui seraient simplement nécessaires aux élèves, pour vivre, pour se repérer dans les complexités du monde. Beaucoup de savoirs que l’École enseigne ne servent à rien, sont oubliés sans que personne ne s’en soucie, parce que l’essentiel de l’attention de l’École est ailleurs, dans les procédures permanentes de sélection et de tri » […] Lire ici sur le site de l’éditeur.

Philippe Meirieu a publié une note de lecture rédigée par Charles Hadji, Professeur honoraire de l’Université Grenoble Alpes : « Sur le problème lancinant de la démocratisation de l’enseignement en France, Philippe Champy et Roger-François Gauthier viennent de publier (chez ESF sciences humaines) un ouvrage relativement petit par sa taille, mais certainement très important par son contenu, et qui mérite de retenir l’attention de tous ceux qui sont concernés par ce problème, c’est-à-dire l’ensemble des citoyens français !  Car il propose une perspective qui pourrait s’avérer révolutionnaire. Le défi est de taille : il s’agit de lutter contre « une inégalité anthropologiquement inacceptable d’accès aux savoirs » (p. 89). »

Philippe Champy et Roger-François Gauthier (2022).
Contre l’école injuste. Paris : ESF sciences humaines
(96 pages, 7,90 euros).

 Lire l’intégralité de la note de lecture de Charles Hadj ici.

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Août 2022

Apprendre à passer des évaluations au lieu d’apprendre : dès la maternelle ?!

Un exemple de production éditoriale de la rentrée : édifiant !

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10 août 2022

« Le besoin est urgent de faire de l’enfance une priorité nationale »

« Face à une situation alarmante, aggravée par la crise sanitaire, un collectif de magistrats, de médecins, de responsables d’associations défend, dans une tribune au « Monde », la création d’une délégation aux droits de l’enfant à l’Assemblée nationale, afin de porter dans la durée une pensée politique globale sur l’enfance […]

« Le président de la République s’est engagé, le 20 avril, à ce que l’enfance soit au cœur de son quinquennat. Nous demandons aujourd’hui de passer de la parole aux actes. En ce sens, nous soutenons la création d’une délégation aux droits de l’enfant au sein de l’Assemblée nationale, comme demandé par les députés (socialistes, Nouvelle Union populaire écologique et sociale, Nupes) Isabelle Santiago et Boris Vallaud à la présidente de l’Assemblée nationale […]

« […] en France, au moins 50 000 mineurs sont victimes de maltraitance par an. Toujours en France, un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, 300 000 enfants bénéficient d’une mesure de protection de l’enfance, un enfant sur dix est victime de violences à l’école. Derrière ces chiffres, rappelés dans chaque rapport et étude, ce sont des vies d’enfants qu’il est question […] Lire ici sur la page du Monde. (réservé aux abonnés).

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Juillet 2022

Au printemps dernier, le 13 mai, l’appel à déserter par les étudiants d’AgroParisTech a été vu sur youtube, plus de 12 millions de fois. Partout, des jeunes et des moins jeunes questionnent le travail. Certains bifurquent pour inventer, ailleurs, une vie qu’ils et elles estiment plus riche.
Le site de Reporterre a consacré une enquête en trois volets sur ce phénomène : « Dans le monde occidental, des millions de personnes quittent leur travail. L’offensive néolibérale, la catastrophe écologique et la pandémie ont attisé cette fugue massive ». Premier volet : « La grande démission ». Second volet : « La désertion, germe d’une contre-société » » et le troisième :« De l’esclave au prolétaire, «la désertion n’est pas qu’une histoire bourgeoise» ».

Reporterre revient, dans une série d’été, sur cette vague. Pour la questionner. Car il n’est pas si facile de tout plaquer. Quelques-uns y parviennent, certains galèrent, d’autres abandonnent.
À travers des portraits et des entretiens, nous nous demanderons : comment faire de la désertion une lame de fond, un raz-de-marée ?« 

La vidéo de l’Appel à déserter des étudiants d’AgroParisTech.

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30 juin 2022

Les inégalités filles-garçons vues par les enfants

“Il y a plein de gens qui disent que la place de la femme, c’est à la cuisine et tout, et que les hommes, ils doivent partir travailler. Ça ne se fait pas tout ça !” Brut a interrogé plusieurs enfants et adolescents ayant entre 8 et 19 ans. Et voici ce qu’ils pensent de l’égalité fille-garçon. “Les garçons, ils trouvent que les filles, c’est leur boniche. Ils disent ‘va me chercher ça et nananinanana…’”, explique Ariana, 8 ans ». Voici leurs réponses ».

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13 juin 2022

Pap Ndiaye annonce de « grands débats » à la rentrée : pour changer l’Ecole ?

Sur le site vousnousils l’emag de l’éducation : « L’objectif, pour le ministre, est « non pas de faire un Grenelle de l’éducation, une grand-messe à Paris, mais plutôt au plus près des demandes locales et du terrain. » Enseignants, personnels administratifs, élèves et parents d’élèves, élus et associations devraient être invités à y participer ». […] « A Poitiers, le ministre a évoqué les « malentendus » du gouvernement précédent avec les personnels de l’éducation, liés pour lui à « des questions de délimitation de responsabilité et des questions budgétaires. » Des malentendus qu’il entend régler en étant un « ministre de terrain. » A voir donc à la rentrée ! Lire sur cette page.

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3 juin 2022

Pour que l’Ecole n’exclut plus les pauvres !

« L’école doit cesser de privilégier les intérêts particuliers des familles favorisées. C’est le message fort lancé par Jean-Paul Delahaye, ancien conseiller spécial et DGESCO (directeur général de l’enseignement scolaire) de Vincent Peillon au ministère de l’Éducation nationale, alors que Pap Ndiaye vient d’en être nommé ministre ». « 

Article réservé aux abonnés mais le début est parlant surtout lorsque l’on connaît Jean-Paul Delahaye qui a toujours dénoncé les inégalités à l’école. Ce qu’il dit de la question des rythmes scolaires est d’une immense pertinence.

« Vous évoquez une “lutte des classes” au sein du système éducatif. Qu’entendez-vous par là ?

Regardons les choses en face : les inégalités à l’école ne nuisent pas à tout le monde. Il existe bien un clivage entre les familles dont les enfants réussissent, et qui n’ont donc pas intérêt à ce que le système change, quel que soit leur bord politique, et les parents d’origine modeste, qui auraient au contraire besoin de transformations. Les premiers ont des relais politiques à la différence des seconds. Cette lutte des classes se traduit par exemple dans le débat sur les rythmes scolaires. En 2017, le ministère de l’Éducation nationale [ndlr : le socialiste Vincent Peillon qui n’est resté aux manettes que quelques mois] avait adressé un questionnaire aux parents à ce propos. Les couches moyennes et favorisées plébiscitaient la semaine de quatre jours car, le mercredi, leurs enfants sont au poney-club, au conservatoire ou dans une officine de soutien scolaire privée. Quant aux familles populaires, elles affichaient une nette préférence pour la semaine de quatre jours et demi. Au lieu d’écouter ces dernières, on a le plus souvent privilégié l’intérêt particulier sur l’intérêt général. Sauf heureusement dans certaines communes qui tiennent bon, mais qui représentent une toute petite minorité, comme Paris, Avignon, ou quelques grandes villes de l’ouest de la France ».

Ndlr : La semaine de quatre jours et demie = neuf demi journées, date du décret de 2013 qui peut être aménagé par questionnaire auprès des parents et devenir la semaine de quatre jours.

Article réservé aux abonnés sur le site de Télérama.

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Mai 2022

Retour sur un rapport d’avril 2022 : L’enseignement en CM au scanner de l’IGESR : le leurre des « fondamentaux »

Sur son blog de Médiapart, Jean-Pierre Véran, formateur, revient sur les conclusions du rapport de l’IGESR (L’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche): « Nous ne reprendrons ici que quelques éléments susceptibles de nourrir une réflexion plus large sur l’école française ». « Après cinq ans de focalisation obsessionnelle sur les enseignements fondamentaux à l’école élémentaire, un rapport de l’IGESR dresse un état des lieux riche d’enseignements sur les effets induits de ce choix politiqueOn ne peut que souhaiter une autre politique des savoirs ». Le dernier ministre de l’éducation J.M. Blanquer, comme on l’a vu et déploré pendant cinq ans, a fondé toute sa politique du primaire au secondaire sur les fameux « fondamentaux », français et mathématiques » au détriment – comme on le voit dans l’article – sur les apprentissages en EPS, arts plastiques et technologie, considérés comme secondaires.

Un exemple : l’enseignement du français tel qu’il est mis en oeuvre au CM2 d’après le rapport : « En français, par exemple, on s’attache plus au décodage et à la grammaire qu’à la compréhension de ce qu’on lit ou à l’expression écrite personnelle ». Et on s’étonne ensuite que les élèves ne maîtrisent pas la lecture (« Lire c’est comprendre »), encore moins l’écriture malgré l’inculcation systématique de règles parfois absurdes, en orthographe, syntaxe, grammaire au lieu de se focaliser sur l’usage que seul permettrait un apprentissage de la lecture plus adéquat.

Lire l’article ici.

On peut lire le rapport dans son intégralité sur le site ministériel.

Au sujet de l’apprentissage de la lecture au primaire, lire aussi l’article de blog d’Eveline Charmeux : « La lecture, saison 13 (ép.3) : savoir comprendre ce qu’on lit ».

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20 mai 2022

Décès d’André Antibi, l’inventeur de la « constante macabre » : une grande perte pour l’éducation

« Alors que la lutte contre l’échec scolaire reste une priorité pour l’école française, elle perd un de ses plus ardents combattants avec le décès d’André Antibi. Père de la « constante macabre », animateur infatigable du MCLCM [ndlr : Mouvement Contre la Constante Macabre], André Antibi a défendu jusqu’au bout sa vision pédagogique. Il s’est éteint le 20 mai 2022 à l’âge de 77 ans au terme d’une vie bien remplie où il aura fait preuve de talents exceptionnels comme mathématicien, pédagogue, écrivain et musicien ». « La constante macabre, mise en évidence par André Antibi, se traduit par le fait que les enseignants semblent obligés, pour être crédibles, de mettre un certain pourcentage de mauvaises notes, même dans les classes de bon niveau ». « Les résultats sont connus : sentiment d’injustice chez les élèves et aigreur des relations entre professeurs et élèves. Surtout, perte de confiance en soi des élèves, un phénomène qui affecte particulièrement les élèves français selon les enquêtes internationales ». Lire sur le site du Café Pédagogique.

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3 mai 2022

Appel à déserter de huit jeunes ingénieurs d’AgroParisTech 2022

« Dans un discours prononcé lors de la cérémonie de remise des diplômes, des étudiants de la prestigieuse école d’agronomie ont fustigé leur formation et appelé leurs camarades à tourner le dos à leurs prestigieuses carrières pour s’impliquer dans des projets compatibles avec la lutte contre le changement climatique« . « Dénonçant une école dont la formation participe «aux ravages écologiques et sociaux en cours», ce collectif appelé «Des agros qui bifurquent» clame son rejet des notions de développement durable, de croissance verte ou encore de neutralité des sciences ». Lire la suite sur la page de Libération.

Consulter la vidéo de la remise des diplômes sur youtube.

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