
6° rapport du GIEC : Trois ans pour garder une planète « vivable »
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Les jeunes montent au créneau : il n’est plus temps d’attendre !
« Que voulons-nous ? La justice climatique ! Quand la voulons-nous ? Maintenant ! ». Les jeunes manifestent, des étudiants « bifurquent ». Et les plus jeunes ? Collégiens, écoliers, auraient aussi beaucoup à dire s’ils en avaient la possibilité.
Il ne s’agit pas d’ajouter aux programmes une nouvelle matière, le « développement durable », mais d’organiser un réel engagement dans la mobilisation générale qui s’impose… et qu’il s’agit de préparer.
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CONVERGENCES EMANCIPATRICES
Didier Eribon (Libération 9 mai 2023) : « Simone de Beauvoir dans Le Deuxième sexe en 1949 se demandait : « Pourquoi les femmes ne disent-elles pas « nous« , alors que les ouvriers disent ‘nous’ que les noirs aux Etats-Unis disent « nous » ? Quand elle présente son livre sur les « vieillards », elle dit d’entrée de jeu qu’elle veut « faire entendre leur voix », entérinant le fait qu’ils ne peuvent pas dire « nous … »
Les enfants non plus d’où cette autre :
BIFURCATION
L’actualité est telle que « le jour d’après » qui nous a initialement mobilisés (cf l’appel de 2020) paraît lointain. Les retraites, l’arrogance du pouvoir et ses casseroles, la guerre… nous incitent à réfléchir « en même temps » sur l’éducation au présent, face à l’état inquiétant des enfants et adolescents. Une « bifurcation » dans l’esprit de celle du 11 mai 2022 exigée par les étudiants d’Agro Paris Tech devrait s’imposer. Le texte suivant en explore une des voies souhaitables.
DE L’ENFANT-OBJET A L’ENFANT-SUJET
« Me Too » (octobre 2017) a porté un coup décisif à la domination masculine qui, selon l’anthropologue Françoise Héritier est universelle et remonte à la préhistoire.
En octobre 2022, Libération célèbre cet anniversaire : « Le mouvement #Me Too a rendu possible quelque chose qui semblait inimaginable il y a quelques années : entendre les femmes. Une « libération de la parole » mais surtout de l’écoute qui n’empêche pas certains discours sexistes de persister » et évoque Annie Ernaux : « qui écrit ce qu’elle devrait taire et qui, l’écrivant permet à celles qui suivront de ne plus avoir à se taire » (Libération 12-10-22).
Cette longue marche émancipatrice a été rendue possible parce que les femmes ont su enfin «se faire entendre».
Il importe aujourd’hui de réfléchir au fait qu’aucun mouvement « Me Too » ne permettra aux enfants de «se faire entendre», et que cette évidence nous fait le devoir, sinon de parler pour eux, du moins de réunir les preuves que leurs souffrances sont encore plus nombreuses et odieuses que celles des femmes. C’est un préalable pour que la bifurcation qui les concerne soit envisagée sous tous ses aspects.
Toute personne qui accepte d’envisager cet objectif sait, ou peut admettre qu’il n’y a là aucune exagération en prenant connaissance des quelques constats rassemblés sur le sujet. (1)_____________________
Poursuivant le travail entrepris sur le sujet «EDUCATION, BIEN COMMUN» (éditions Massot), nous entendons affirmer que notre système scolaire est aussi un lieu de souffrances et bousculer la bien-pensance des «défenseurs» de l’école «qui s’expriment dans les journaux et qui ont en commun d’avoir tiré profit du jeu scolaire». (2)
Nous avons pu écrire (27 mars 2023) : «Les raisons de bifurquer deviennent chaque jour plus évidentes. Harcèlement, décrochage, phobie scolaire, détérioration de la santé mentale des enfants et des adolescents, sont mis en évidence dans les journaux, à la télé», mais nous appelons à sortir de la rubrique «faits divers» et à aller à la racine du problème qui concerne aussi bien les travailleurs, les femmes, les enfants, les « dominés ». A la racine, il y a évidemment le patriarcat, mais nous essaierons seulement de poser ici la question du statut qu’on leur accorde, et les bases d’une action qui devrait s’imposer tout autant que « Me Too ».
STATUTS
LES TRAVAILLEURS
Dans la société industrielle, naissante, Marx pouvait définir le prolétaire comme un travailleur «qui, n’ayant ni capital ni rente foncière, vit uniquement de son travail, d’un travail abstrait et monotone». Le prolétaire est un objet dont on dispose comme une machine. (3) Cette société s’est complexifiée mais le nombre de personnes qui vendent leur force de travail et exécutent des tâches sans intérêt est tout aussi grand. Cette complexification rend le projet émancipateur lui aussi plus complexe.
LA FEMME
Le statut d’objet a une place majeure dans la lutte émancipatrice des femmes qui dénoncent ce fait immémorial et qui combattent les aliénations qui les accablent et revendiquent un statut de sujet.
LES ENFANTS
Les travailleurs et les femmes luttent pour leur émancipation. Les enfants, mis à part les plus grands, ne sont pas en mesure ne serait-ce que d’analyser le problème. C’est donc notre devoir d’entreprendre cette analyse et d’envisager les voies de leur émancipation dont l’institution parle abusivement, depuis Jules Ferry, en réduisant cet objectif à la transmission de savoirs… ce dont on peut discuter !
Nous verrons que les jeunes adultes, ceux du « 93 » (Lycée Le Corbusier -Seine Saint-Denis en 2016) et ceux sortis des Grandes Ecoles qui ont exprimé leur volonté de « BIFURQUER » peuvent nous y aider.
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ANALYSE
Dans la sphère familiale, ce statut d’objet est évident, non seulement dans les actes criminels dénoncés par l’INED, mais aussi dans le formatage éducatif, la transmission des « valeurs » (traditions, religion, « récits » historiques, etc.). Les parents sont de plus en plus nombreux à prendre conscience de la réalité volontaire ou insidieuse de ce problème. Ils constatent aussi qu’il est difficile de s’en dégager. Des sociologues pourraient décrire comment le statut de sujet s’impose progressivement. La bifurcation objet/sujet suit son cours dans notre société. Elle peut sembler irréversible mais les systèmes totalitaires peuvent engendrer des régressions comme dans la Russie de Poutine. (4)
Dans le système scolaire public, qui fait l’objet de notre réflexion, nous appelons à réfléchir aux faits suivants concernant :
LE STATUT DES ENFANTS
– à l’école maternelle, alors que le pouvoir actuel cherche à en faire la propédeutique de l’école primaire, par des évaluations hâtives, les enfants sont très majoritairement traités comme des sujets, tout autant et probablement mieux que dans la moyenne des familles.
Ils peuvent se déplacer librement, jouer, exister en sujets de leurs créations inventives. Ils sont invités à découvrir et respecter les différences (sexe, couleur, âge, comportements). Ils se socialisent, apprennent à coopérer et y sont encouragés et accompagnés par des adultes bienveillants. Le processus «d’auto-socio-construction» est objectivement en cours (plus ou moins clairement théorisé).
– à 6 ans, ils se trouvent soudain enfermés dans la salle du «cours préparatoire», contraints à des apprentissages dont ils ne comprennent pas précisément l’intérêt et la nécessité. Apprentissages qui laissent peu de place au respect du rythme de chaque enfant, et dont la fonctionnalité est très réduite, peu perceptible (sinon la fonction : satisfaire la maîtresse ou le maître, les parents). Les enseignant•e•s peuvent s’efforcer d’en ouvrir le champ culturel, mais la régression actuelle rend cette attitude presqu’impossible parce qu’il faut suivre le programme et sa temporalité. Les enfants deviennent objectivement des objets dont les étapes de formatage sont suivies attentivement : les évaluations se multiplient et l’on accorde à celle « du milieu d’année » une possibilité prédictive de réussite ultérieure ou d’échec.
Les parents acceptent ce changement, ils savent qu’un retard pris à 6 ans et demi risque de coûter très cher au cours du processus de sélection. Il leur semble normal de dire « maintenant tu es grand, tu vas à la grande école », sous-entendu, il est temps que tu découvres la dure contrainte du travail. L’enfant peut en être fier, se résigner ou en souffrir.
Il est possible de comparer cette attitude « réaliste » avec un rite d’initiation…
– de 6 à 17ans, le formatage se poursuit, les enseignants en sont chargés sans trop le mettre en cause.
– A 18 ans, après le bac, ils pourront plus facilement s’affirmer en tant que sujets mais le long formatage qu’ils ont subi à partir de leur sixième année aura laissé des traces…
LES ENSEIGNANT•E•S ET LEURS CONTRADICTIONS
Celles et ceux qui se considèrent enseignants et éducateurs s’efforcent de respecter leurs élèves en tant que sujets, individus et êtres sociaux… mais ils doivent avant tout respecter les programmes pour qui les élèves sont des objets à formater, à évaluer, à sélectionner, principalement en prévision de leur insertion dans la hiérarchie économique.
Les adeptes des diverses formes d’Education Nouvelle, sont donc dans l’obligation de gérer l’antagonisme objet/sujet et se trouvent dans une contradiction douloureuse. Ils s’efforcent de donner du sens aux obligations qu’ils subissent, tout autant que les enfants…Contradiction permanente d’autant plus dure à supporter qu’ils sont très rarement majoritaires dans leur établissement !
Ils ne cessent d’espérer qu’un changement politique puisse, un jour, (5) faire prospérer le fruit de leurs recherches et parfois militent politiquement à cet effet. Ils ne peuvent que constater, comme nous le faisons ici, que les organisations politiques évoquent volontiers le concept éducation mais se gardent de dénoncer le rôle du système scolaire dans la reproduction sociale comme a osé le faire le sociologue Pierre Bourdieu.
Il est possible de faire une hypothèse : la cause de cette difficulté récurrente pourrait se trouver dans l’attachement à l’idée ancestrale de transmission… La gauche tout autant que la droite, les croyants de toutes religions, les parents, souhaitent transmettre leurs « valeurs ».
…Et une objection : pourquoi la Finlande est-elle capable d’apporter des réponses audacieuses, évolutives et satisfaisantes alors que les Finlandais vivent dans un système politique comparable au nôtre et sont sans doute, tout autant que les Français, attachés à leurs « valeurs » ?
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SOUS STATUT DE SUJETS,
LES « ELEVES » PEUVENT CONTRIBUER AU PROCESSUS EMANCIPATEUR !
- Les écoliers ne sont pas en mesure de s’exprimer, avec les mots justes sur leur vécu scolaire. Nous venons de donner un coup de projecteur (de la maternelle à la classe terminale du lycée) qui risque de bousculer… Le chantier de l’analyse est ainsi ouvert.
- Les collégiens sont en âge de pouvoir décrire leurs malaises, constater des incohérences du système, formuler un avis sur les matières, affirmer leur manque d’intérêt, apprécier la pédagogie, et mieux encore analyser les rapports entre élèves, mais ne sont pas en mesure de théoriser. Les professeurs pourraient les y aider si un temps était imparti à cet effet. Ils pourraient être au moins invités à rassembler leurs constats systématiquement.
Il faut des évènements, suicides, harcèlements, phobie scolaire pour que les medias enquêtent. Libération (18 mars) donne la parole à 4 enfants dont celui glaçant d’une collégienne qui a subi des horreurs dans l’indifférence de l’institution. La sociologue Margot Déage, autrice de « A L’ECOLE DES MAUVAISES REPUTATIONS » constate que « l’insensibilité est forte au collège où l’empathie n’est pas la bienvenue » où « la dérision prime ». « En public, les élèves affirment qu’ils vont bien mais quand on discute seul à seul, beaucoup confient ne pas pouvoir être eux-mêmes ni exprimer certaines émotions comme la tristesse ».
Le statut de sujets n’étant que très partiellement attribué aux collégiens, ceux-ci l’affirment de manière plus ou moins insolente, bruyante, intempestive. Les parents peuvent constater à la télévision cette réalité (faussée par la présence de la caméra) qui signe la fin d’un système basé sur l’autorité. Il faut souvent semble-t-il, un quart d’heure pour commencer les cours… et le chahut, la poursuite des conflits, la dérision, les impertinences, semblent s’imposer inévitablement. Une mesure qui ne résout pas le problème mais qui en atténue les dommages en termes d’enseignement, des cours passant de 50 à 90 minutes a été expérimentée.
- Les lycéens, devenus de jeunes adultes, sont en mesure d’analyser lucidement leur passé scolaire. L’exemple le plus édifiant a été recueilli par le CESE (Conseil Economique Social et Environnemental) en 2016. Des élèves, le Proviseur et plusieurs professeurs du lycée Le Corbusier d’Aubervilliers étaient appelés à témoigner. Ce témoignage a été rendu possible grâce à une innovation auxquelles les élèves rendent eux-mêmes hommage (classes à effectifs réduits). Voir la page « 17-02-2015 : table ronde autour d’une école de la réussite pour tous ». La vidéo est toujours accessible.
La parole a été longuement donnée à une dizaine d’élèves de « l’atelier culturel » qui se sont répartis les interventions autour de trois thèmes : « l’importance de la pression, l’importance de la culture, l’importance du plaisir ».
Occasion de dénoncer « l’école lieu de souffrance », « la compétition malsaine pour la meilleure note (de la classe) au détriment du savoir » – de décrire « la solidarité, l’entraide, le travail en groupe et la mutualisation qui permet de combler les lacunes avec les points forts des autres » – de constater «qu’il faut défaire la représentation qu’ont les parents de l’école et leur montrer que la qualité de l’apprentissage est plus important » – de dénoncer « la pression sur les profs qui doivent finir le programme et ne donnent pas le temps de comprendre, et sur l’élève qui doit restituer ses connaissances sans même les comprendre ». (6)
Une enquête beaucoup plus large est à organiser pour demander aux grands élèves des lycées (techniques, professionnels compris), ce dont ils se souviennent de leurs années d’école et de collège…
Des étudiants (« sujets » à part entière), notamment les plus brillants (d’Agro Pari Tech à Polytechnique) ont procédé, lors de la remise des diplômes, à une analyse de l’enseignement qu’ils ont reçu et conclu à la nécessité d’une « bifurcation ».
Un universitaire vient d’illustrer et concrétiser leur critique de l’enseignement dispensé. Dans une tribune du MONDE Sciences & Médecine (19 avril 2023) le Pr. Nathanaël Wallenhort appelle à méditer sur les «enseignements trompeurs dès le lycée» qui permettent de poser la question suivante au « baccalauréat » : « A partir d’un exemple, vous montrerez que l’innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance » !
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STRATEGIE
Dans l’impossibilité d’espérer un « Me too » exprimé par les enfants, il faut réfléchir à une stratégie de remplacement (nous n’avons ni les moyens ni l’intention de réaliser une enquête avec des questions qui orientent plus ou moins les réponses comme celle du ministère).
Nous proposons la stratégie suivante :
Mettre en œuvre les deux propositions déjà énoncées :
1/ que les professeur•e•s d’école recueillent des expressions de souffrance ou de colère en précisant âge, circonstances de cette expression, et les opinions exprimées dans les éventuels « conseils de coopérative »
2/ que les professeur•e•s de collège fassent le même travail en recueillant particulièrement les opinions relatives au système, son organisation, la pédagogie, l’existence ou non de moments de régulation de la vie sociale scolaire, la nature et l’importance des problèmes relationnels
A cet effet, les mouvements pédagogiques et les syndicats seraient sollicités pour inviter leurs militant•e•s à rassembler les preuves des souffrances et des aliénations que le système ignore ou entretient et parfois génère.
Il sera alors possible :
– de rendre perceptible l’enfermement des élèves dans un statut d’objet et de faire connaître les situations exploitées pour construire le statut de sujet
– de convaincre les « dominé•e•s » en lutte, en premier les mouvements féministes, mais aussi les syndicats ouvriers, les associations d’Education Populaire (1), les pédopsychiatres, les psychologues, que les batailles pour le statut de sujet doivent converger
– d’envisager une action retentissante comparable à « Me too », et de proposer une alternative qui pourrait retenir les idées développées dans nos deux appels :
– Celui de 2020 ayant pour objectif « une éducation pour faire face au jour d’après » qui affirmait : « l’éducation ne doit pas dépendre d’un quelconque pouvoir politique ou économique mais faire l’objet d’une construction collective évolutive élaborée démocratiquement ».
– Celui de 2022 : « C’est tout le système éducatif qui doit bifurquer » où sont développés de nouveaux arguments à la suite et dans l’esprit des étudiants des « grandes écoles » qui avec Agro Paris Tech appelaient à « bifurquer »
Raymond Millot 22 04 23
Lire l’intégralité du texte avec ses NOTES sur la Page « PARADIGME ».
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Pour mémoire : veuillez trouver de nombreux textes autour des bifurcations dans la société dont la bifurcation dans l’Education dans la Page « PARADIGME ». Il faut changer de paradigme.
Mai : Convergences émancipatrices.
Avril : Bifurcation du système éducatif. Premières étapes d’une longue marche.
Mars : les propositions de bifurcations se multiplient
Février Les bifurcations historiques
Janvier : Pour une géopolitique de l’éducation…
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2023 :
où en sommes-nous ?
Chronologie avec renvoi aux trois textes successifs :
1 Le 14 octobre 2022, nous avons lancé un nouvel Appel sur le thème BIFURQUER qui reçoit des signatures significatives : « C’est tout le système éducatif qui doit bifurquer ! »
2 Il a engendré un texte ayant pour objectif de faire part aux collégien•e•,s lycéen•e•s et étudiant•e•s, des raisons et des objectifs de cette « bifurcation ». Pour essayer de traduire l’Appel en actes, nous avons rédigé un texte qui vise à interpeller les jeunes activistes : Bifurquer… ? Pourquoi ? Pour quoi ?
3 Pour convaincre qu’il ne s’agit pas d’idées en l’air, nous engageons une réflexion sur la possible traduction en actes des idées exposées dans l’Appel, intitulée « Transition ».
1– Appel du 14 octobre 2022
« C’est tout le système éducatif qui doit bifurquer ! »
« Quand on parle de politique climatique, en réalité on ne parle pas seulement de climat, on parle d’emploi, on parle de formation, on parle de protection sociale, on parle d’éducation, on parle de…», explique Magali Reghezza-Zitt, membre du Haut Conseil pour le climat dans Le Monde du 17 août 2022. Et elle n’est pas seule à inclure l’éducation dans le changement de paradigme qui s’impose sans pour autant préciser ce qui doit changer.
On peut, d’ailleurs, poursuivre sur le même modèle : quand on parle d’éducation, on ne parle pas seulement des savoirs fondamentaux, on parle de la fonction du système éducatif, de sélection, d’inégalités, de reproduction sociale, d’aliénation, on parle de formatage, mais aussi de fonctionnalité de coopération pour les apprentissages, on parle…
Des enseignants et éducateurs qui en sont convaincus, parfois depuis très longtemps (avec l’Education Nouvelle, avec Célestin Freinet, avec le sociologue Bourdieu…), sont persuadés que, de nos jours, la « politique climatique » peut enfin inciter le système éducatif et les éducateurs à « bifurquer ». Cette bifurcation doit mettre l’entraide, la considération, l’égalité, au cœur du système public d’éducation. Le chemin à prendre est celui qui permettra à chaque jeune de s’épanouir parmi les autres et qui offrira d’autres perspectives que celles de la reproduction sociale, de la consommation, de l’individualisme. Une bifurcation qui pose l’écologie et la justice sociale comme projet émancipateur.
Un premier signal de départ avait été donné par l’appel : « Plus jamais ça ! Préparons le jour d’après » lancé le 27 mars 2020 par 16 grandes organisations, et qui se terminait ainsi : « Lorsque la fin de la pandémie le permettra, nous nous donnons rendez-vous pour réinvestir les lieux publics et construire notre « jour d’après ». Nous en appelons à toutes les forces progressistes et humanistes, et plus largement à toute la société, pour reconstruire ensemble un futur, écologique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre néolibéral ».
Avec l’intention d’introduire l’éducation dans la préparation du « jour d’après », un nouvel appel, « Education Bien Commun », est lancé quelques jours plus tard, dans ce site, (cliquer ici), affirmant que notre système éducatif a pour « but principal de sélectionner les « élèves » pour répondre aux besoins du système capitaliste, avec pour horizon la consommation et pour résultat, l’accroissement des inégalités », qu’il est « urgent d’esquisser les contours d’un système éducatif alternatif et d’entreprendre des recherches-actions le préfigurant ».
Aujourd’hui, des faits nouveaux rendent ces projets d’actualité. D’une part, la canicule, les inondations, la multiplication d’événements climatiques extrêmes ; d’autre part, un événement inédit, révolutionnaire, la déclaration des étudiants d’AgroParisTech lors de la remise des diplômes le 10 mai dernier reflète la volonté de bifurcation de certains jeunes. Cette déclaration, qui recoupe celles de diplômés de l’Ecole Normale Supérieure, Centrale Nantes, Polytechnique, l’Ecole Nationale Agronomique de Toulouse, HEC, Science PO, exprime leur malaise d’une manière retentissante (« déserter », « bifurquer ») et a été relayée par de nombreux médias.
Fait tout aussi significatif, de nombreux jeunes lycéens et étudiants, stimulés par l’initiative de Greta Thunberg, ont manifesté leur impatience par centaines de milliers dans plus de 100 pays depuis 2018. Ils se sont exprimés en novembre 2021 au cours de la COP 26 à Glasgow : « Que voulons-nous ? La justice climatique ! Quand la voulons-nous ? Maintenant ! ».
Les plus jeunes, collégiens, écoliers, auraient aussi beaucoup à dire s’ils en avaient la possibilité. L’éco-anxiété touche un nombre croissant de jeunes. C’est aux professeurs d’en observer et relater l’expression qu’elle soit celle de la fuite, de la résignation, de la révolte ou du désespoir. Il ne s’agit pas d’ajouter aux programmes une nouvelle matière, le « développement durable », mais d’organiser un réel engagement dans la mobilisation générale qui s’impose…et qu’il s’agit de préparer.
Dans le domaine de l’éducation, les facteurs déterminants sont multiples :
- Les parents. Ils sont soucieux de l’avenir de leurs enfants ; dans l’immédiat, ils souhaitent leur insertion dans la société et savent qu’elle passe par les examens. En même temps, ils constatent que même très diplômés, leurs enfants n’ont pas la garantie d’un emploi et que ces mêmes jeunes refusent parfois des emplois qui contribuent à la catastrophe planétaire. Ils constatent, comme les experts de ces questions, que leurs enfants sont en souffrance. Il s’agit de leur montrer que leur vitalité est retrouvée quand ils se trouvent engagés dans des projets porteurs de sens.
- Les intellectuels, scientifiques, philosophes, sociologues, médecins, psychologues, journalistes, les leaders politiques,…, qui influencent l’opinion ont tous bénéficié du système scolaire. Ils se mobilisent plus volontiers pour défendre « l’école de la République » que pour examiner les défauts d’un système faussement « éducatif », bâti sur la méritocratie, la transmission magistrale des savoirs et qui participe à entretenir un système économique obsolète et mortifère. Il s’agit qu’ils admettent que d’autres voies permettent de développer les potentiels des enfants et des adolescents, en particulier leur engagement dans cette mobilisation générale.
- Les enseignants. Ce sont des hommes et des femmes mal payés à qui l’on confie des missions devenues impossibles. Il s’agit de leur proposer des perspectives, de définir leur place majeure dans la préparation des enfants face à un avenir problématique, d’engager des recherches-actions permettant de définir les voies de la bifurcation. Ces voies doivent sortir les élèves de leur pupitre, transformer leur statut et faire de ces enfants et adolescents des acteurs de la transition dans des projets concernant leur classe, leur établissement, leur quartier.
- Les animateurs et animatrices du périscolaire, de l’éducation populaire, de la culture et du sport, par leur proximité avec les enfants, notamment les plus éloignés de l’Ecole, sont des partenaires à ne pas oublier.
- Les enfants. Il est légitime que les adultes aient un projet éducatif. S’ils le veulent émancipateur et s’ils pensent indispensable de rendre les enfants actifs dans cette mobilisation, il leur revient de les aider à prendre conscience de leur changement de statut de plus en plus précisément en les associant progressivement à ce projet. (1)
- Il importe donc que nous mettions en question l’idéologie méritocratique et que nous appelions à la bifurcation en y incluant le système éducatif dans sa totalité. Il ne s’agit pas d’attendre des pouvoirs établis une nouvelle réforme mais d’opérer ensemble une bifurcation qui concerne l’ensemble de la société.
Les développements de ce paragraphe ne peuvent figurer dans ce texte volontairement bref. Toutes les associations qui préconisent les « méthodes actives », la « coopération », « l’auto-socio construction », agissent déjà dans ce sens. Une publication récente « EDUCATION , UN BIEN COMMUN » rattache ces pratiques au changement de paradigme qu’imposent le changement climatique et la volonté de justice sociale.
14 octobre 2022 – Raymond Millot et le groupe éducation CNNR (Conseil National de la Nouvelle Résistance)
Premiers signataires de l’Appel
UBC, Université du Bien Commun
Philippe Meirieu, professeur honoraire en sciences de l’éducation
Laurence De Cock, historienne et enseignante
Michel Bourgain, maire honoraire de l’Île-Saint-Denis
Elisabeth Bourgain, agrégée de mathématiques, ancienne coordinatrice d’Auto-Ecole (lycéens décrocheurs), ancienne maire adjointe de l’Île St-Denis
Eveline Charmeux, professeure-formatrice honoraire de français, ex-chercheure à l’INRP
Didier Minot, président de Changer de Cap
Vincent Giovannoni, PhD, conservateur en chef du patrimoine
Catherine Chabrun, militante pédagogique et des droits de l’enfant, pédagogie Freinet
Patrick Viveret, philosophe
Marie Preston, artiste, enseignante-chercheure à l’université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, membre de l’équipe TEAMeD (Théorie Expérimentation Arts Médias et Design)
Martin Pavelka, pédopsychiatre à l’hôpital public, Collectif des 39 – Groupe enfance, API
Sandrine Deloche, médecin pédopsychiatre en CMP et en CMPP. Collectif des 39- Groupe Enfance, API
Charles Pepinster, promoteur de la pédagogie du chef-d’oeuvre
Dominique Bourg, professeur honoraire de l’Université de Lausanne
Bernard Charlot, professeur honoraire en sciences de l’éducation, Université de Paris 8
Jean-Pierre Klein, psychiatre honoraire des hôpitaux publics, pionnier de l’Art-Thérapie
Jean-Noël Dumont, président de GAFE-France (Groupe d’Action Francophone pour l’Environnement)
Le GAFE – Haïti
Damien Deville, docteur en géographie et aménagement du territoire
Anne Querrien, sociologue retraitée, auteur de L’École mutuelle. Une pédagogie trop efficace?
François Harduin, enseignant spécialisé à dominante rééducative-relationnelle, président de la FNAREN
Angela Barthe, professeure des universités à Aix-Marseille
Pierre Frackowiak, inspecteur de l’Education Nationale honoraire
Denis Robert, journaliste d’investigation, fondateur du media BLAST
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2 – Bifurquer… Pourquoi ? Pour quoi ?
De nombreux élèves des grandes écoles à la suite d’AGRO PARIS TECH ont su expliquer pourquoi ils souhaitent « déserter », « bifurquer » (1)
Les plus jeunes qui ont suivi Greta Thunberg dans sa révolte, qui ont défilé dans une centaine de pays, alertés par le GIEC, ont révélé leur peur et l’ont traduite en exigeant lors de la COP 26 à Glasgow, « la justice climatique », « maintenant ». C’est à dire « bifurquer » même si leur analyse des raisons de l’injustice régnante reste imprécise. Ils poursuivent aujourd’hui, par tous les moyens, même « contre productifs » de se faire entendre (Extinction Rébellion, etc… )
Les uns et les autres se passionnent, « résistent», pratiquent la désobéissance civique, mettent en question « l’ordre établi ». Vivent. Ils construisent cette « résilience » qui leur permettra de traverser, mieux que d’autres, les épreuves qui vont se multiplier.
Les plus petits, ceux des écoles, des collèges, ressentent plus confusément cette peur dont les raisons sont parfaitement fondées. De nombreuses études en décrivent les effets inquiétants. Une éducation adaptée au monde dans lequel nous entrons doit viser à construire cette résilience. A cet effet, il importe que, comme leurs aînés, ils se passionnent, donnent un nom à leurs peurs, en comprennent la source, questionnent l’ordre établi, participent à certains projets des adultes.
A cet effet, la bifurcation qui concerne les enfants consisterait à leur reconnaître :
- un statut de citoyens en construction et non plus des élèves ayant, dans leur emploi du temps, un temps donné d’instruction civique
- un statut de sujets dont les apprentissages prendront essentiellement leur source dans les actions individuelles et collectives en lien avec le monde qui les entoure et non plus dans des programmes et des progressions
La bifurcation qui concerne le « corps enseignant » (2) consisterait à devenir
- les organisateurs de cette ouverture sur le monde,
- les techniciens des apprentissages qui s’y opèrent, des potentiels qui s’y révèlent, des émancipations qui s’y produisent.
- les facilitateurs de la co-éducation dans la perspective d’une société elle-même éducatrice
(1) Ces étudiants•e•s ont mis en question les objectifs pour lesquels on les a formé•e•s.
(2) Les enseignants auraient à mettre en question les divers formatages qu’on leur impose d’opérer pour assurer la reproduction sociale.
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3 – Transition

Einstein
Le changement de paradigme exige des «bifurcations »…
« En science, on appelle paradigme une conception théorique dominante ayant cours à une certaine époque dans une communauté scientifique donnée ».
Le productivisme est « une conception dominante de notre époque » qui a créé une situation catastrophique. Le mettre en question c’est donc vouloir « changer de paradigme ».
Le système éducatif entretient actuellement l’ancien paradigme en façonnant les esprits et en jouant un rôle majeur dans la reproduction sociale. Il est possible de nuancer le constat, d’évoquer le rôle émancipateur des savoirs qu’il transmet, mais il est indéniable qu’il est organisé pour sélectionner, sur la base de critères définis par des programmes qui correspondent aux besoins de la société productiviste et capitaliste.
Sa philosophie méritocratique, prétendument égalitaire, développe un individualisme qui fait obstacle à toute remise en question.
Vouloir changer de paradigme, c’est aussi vouloir, champ par champ, envisager les bifurcations nécessaires, et chercher à « résoudre les problèmes » en pratiquant « une autre pensée ». Dans le champ de l’éducation, une transition organisée doit, et peut, ouvrir la voie de la bifurcation.
a) La « déconstruction » du système… un préalable ?
La déconstruction commence d’une manière inattendue, inespérée, initiée par celles et ceux que le système a sélectionnés pour se perpétuer ! (note 1)
En mai 2022, les diplômés d’AgroParisTech suivis par ceux des grandes écoles affirment leur volonté de « bifurquer » et contestent à la fois, l’orientation politique de leur formation et les fonctions qui leur sont réservées.
Six mois plus tard, « le Monde Campus 01 12 22 », confirme la tendance, parle de « nouveaux rapports de force » et commente l’exemple des élèves polytechniciens qui s’opposent aux tentatives d’implantation de total Energies et de LVMH sur leur campus : « Voilà un groupe social – historiquement associé au pouvoir – qui se détache de la tradition. Dans une école militaire, ça fait désordre : si ces élites commencent à se mobiliser, alors quelque chose est définitivement reconfiguré par l’urgence écologique »
La conviction de John Dewey, philosophe américain (1859-1952) que « toute leçon doit être la réponse à une question que les élèves se posent » résume, en 2022, la contestation des diplômés. La question qu’ils posent et à laquelle ne répondent pas les « grandes écoles » est en effet l’urgence écologique.
Cette conviction est portée, depuis 1921, par les militants de « l’Education Nouvelle». Ils ont longtemps espéré que des forces progressistes entreprendraient un jour cette déconstruction et reconnaîtraient l’intérêt de leurs efforts. C’est le changement de paradigme qui peut aujourd’hui satisfaire cet espoir ! A cet effet :
- Il faut sensibiliser l’opinion et en premier, celles et ceux qui l’influencent. Notre Appel intitulé « C’est tout le système éducatif qui doit bifurquer » a déjà recueilli la signature significatives de diverses personnalités. Il croise la réflexion qui se développe dans les mouvements pédagogiques et d’éducation populaire (cf. Biennale « Convergence(s)pour l’Education Nouvelle » qui a réuni 500 participants à Bruxelles fin Novembre 22).
- Il faut informer les jeunes militants qui se mobilisent dans la foulée de GretaThunberg et multiplient les actions et qui n’établissent pas un rapport entre l’état du monde et le rôle qui joue l’éducation. L’Appel « Pourquoi bifurquer, et pour quoi ?» en précise très brièvement le lien.
- Il faut maintenant répondre à la question: « Comment s’y prendre ?», d’où la proposition ci-après qui envisage concrètement le problème de la transition.
- Elle suppose, ce qui n’est pas acquis, que l’idée de changement de paradigme pénètre le domaine de l’éducation. Dans celui de l’agriculture, de multiple expériences qui redonnent vie à la terre peuvent être évoquées, pour espérer qu’un jour les ravages des pesticides et insecticides pourront être combattus. Dans l’école publique les recherches tournées vers l’avenir que les enfants vont devoir affronter, n’existent pas. On parle seulement « d’innovations ».
- Les recherches organisées nationalement qui se produisaient dans les écoles expérimentales à Paris, Grenoble, Villeneuve d’Ascq …, ont été abandonnées depuis plus de 25 ans. Les perspectives ont dramatiquement changé et on ne peut plus s’y référer, (note 2) mais leurs apports ne sont pas oubliés. Ils nourrissent cette proposition.
- L’état moral et émotionnel inquiétant de la jeunesse, relaté par de nombreuses enquêtes, devrait en motiver l’examen. Et rien n’interdit d’imaginer que la conscience de l’urgence écologique, manifestée par l’élite de la jeunesse, soit, tout aussi subitement, partagée par une vaste cohorte de professeurs (ce que leur haut niveau de formation permet d’espérer)…
b) La proposition : lancer une recherche-action de très grande ampleur
Elle repose sur une hypothèse optimiste. La nécessité de « bifurquer » se développe et suscite l’exploration de voies nouvelles :
- visant à explorer les caractéristiques possibles et souhaitables du nouveau paradigme éducatif, d’une manière pragmatique, coopérative (avec une organisation régionale et nationale déjà expérimentée)
- faisant appel à de nombreuses équipes d’établissement volontaires
- ayant pour objectif de préparer des citoyens capables de faire face aux conséquences du réchauffement climatique, de préserver les biens communs et d’inventer une alternative démocratique et sociale au système capitaliste
- qui ne pourrait se confondre
- ni avec un nouveau de projet de réforme, ni avec l’opération lancée par le pouvoir au service d’un « Fonds d’Innovation Pédagogique (FIP) ». Opération conforme à l’idéologie libérale, sans perspective politique ambitieuse, qui détourne certains concepts de l’Education Nouvelle comme « innovations pédagogiques au plus près des besoins des élèves, « liberté pédagogique », et même qui s’approprie l’idée « école bien commun » que nous avons mise en chantier (note 3)
Elle concernerait les élèves de 3 à 15 ans.
- Objectifs immédiats :
- Enrayer leur détresse morale visible et prévisible en les engageant dans des activités sociales, écologiques, urbanistiques, agricoles, artistiques en cours dans leur environnement.
- Donner sens aux apprentissages, rendus fonctionnels parce que fondés majoritairement sur ces expériences de vie et évalués d’une manière participante formative, porteuses de sens pour les parents.
- Permettre aux potentiels individuels de s’exprimer et se développer au bénéfice général.
- Déterminer le rôle que les enfants peuvent jouer, sans être enrégimentés, dans les mobilisations adultes que le réchauffement climatique va rendre nécessaires.
- Objectifs à moyen terme :
- Ces deux premiers cycles essentiellement « éducatifs » deviendraient une préparation efficace et motivée pour des enseignements interdisciplinaires du 3ième cycle.
- L’ouverture de l’école sur le monde amorcerait l’idée d’une société éducatrice (les sources du savoir étant partagées entre enseignants, parents, acteurs du monde économique, social, culturel…).
- Les enfants et adolescents, sujets actifs de cette éducation, contribueraient eux-mêmes activement au changement des conceptions concernant l’éducation et l’enseignement, et deviendraient acteurs et bénéficiaires du processus émancipateur en cours dans plusieurs domaines…
NOTES
(Note 1) Il faut les écouter ici dans ce site et cette vidéo.
(Note 2) Ces propositions s’appuient sur l’expérience acquise dans la recherche-action (dans le cadre de l’INRDP) relatée dans : Une voie communautaire (éd. Castermann 1978 ) – Ecoles en rupture (éd. Syros 1979) – Vivre à l’école en citoyens (éd.Voies livres 1998), Ecole ouverte/recherche-action/société éducatrice (éd. AFL 2013)
Lire sur notre site les articles de la page Recherche-action et de la page Innovation.
(Note 3) Raymond Millot. L’EDUCATION UN BIEN COMMUN (éd.Massot 2021). Il se clôture par des pistes de réflexion pour mettre en œuvre une école plus juste, démocratique et solidaire en quelque sorte une « bifurcation »comme celle qu’ont souhaité en juin 2022, les étudiants d’AGRO PARIS TECH et leurs collègues des autres « Grandes Ecoles » ».
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2020 : premier Appel
Ce site « Education bien commun » est né d’un APPEL lancé en mai 2020
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AUTOUR DE LA BIFURCATION EN EDUCATION
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Un système éducatif qui « bifurque » transforme radicalement les apprentissages, en particulier celui de la lecture pour émanciper les enfants et les jeunes, leurs conditions d’apprentissage ; émancipe les personnels du rêve technocratique de l’Etat qui veut les infantiliser, intègre comme des partenaires les éducateur•rice•s, les parents d’élèves, etc ; prend en compte réellement l’urgence écologique… en faisant des enfants et des jeunes les premiers acteur•rice•s d’actions entreprises collectivement pour qu’ils échappent aux états dépressifs qui le menacent…
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- « Ils l’ont fait… en 2020 ! »
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Articles récents
Les élèves auteur•e•s de leurs apprentissages
Par Catherine Chabrun, professeure d’école, militante Freinet. Publié dans Savoirs émancipateurs. *** Semaine de la presse 2023 Semaine de la presse du 27 mars 2023 au 1 avril : c’est chaque année, dans les établissements scolaires, l’occasion donnée aux élèves et à leurs enseignant•e•s de questionner les média (journaux, sites internet, réseaux sociaux…), leur validité…
Une critique de l’Ecole « républicaine » résolument révolutionnaire
Par Nadine Lanneau, professeure documentaliste de l’Education nationale, retraitée. Publié dans Système éducatif. « Contre l’école injuste » De nombreuses critiques se sont souvent élevées pour dénoncer l’échec de l’école « républicaine » quand d’aucun•e•s veulent la restaurer, dans la nostalgie de temps soit-disant paradisiaques ; or, toutes les études sérieuses démontrent qu’elle est profondément inégalitaire depuis ses origines et…
Enfants : objets ou sujets ?
Par Raymond Millot, ancien coordinateur des écoles ouvertes de la Villeneuve de Grenoble, à l’initiative de notre collectif Education bien commun. Publié dans « Elèves, enfants ». Les enfants, des sujets Les enfants, comme tout le vivant, doivent être traités comme des « sujets » qu’on doit respecter et non des « objets » à formater pour qu’ils soient utiles (à la famille, au…
L’ensemble des articles est à lire dans le BLOG
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Actualités
Nous souhaitons publier sous cette rubrique des articles ayant trait aux possibilités et aux difficultés du changement de paradigme en éducation que propose notre APPEL et des articles en rapport avec les thèmes de la brochure « EDUCATION UN BIEN COMMUN ».
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19 mai 2023
Crise climatique : « Les programmes de sciences économiques et sociales au lycée portent la marque d’une vision dépassée »
« Un collectif d’enseignants et de chercheurs déplore, dans une tribune au « Monde », que les questions d’écologie n’occupent qu’une place minime dans les classes au regard des enjeux. Aussi s’engagent-ils à constituer au plus vite un groupe de travail pour refonder les programmes de SES ». Article pour abonné•e•s.
« Les élèves connaissent l’ampleur de la crise climatique et prennent conscience de l’effondrement du vivant, travaillent en classe sur les limites écologiques de la croissance, mais continuent d’être formés à des modèles économiques qui ne tiennent pas compte de ces limites ou prétendent pouvoir les ignorer en recourant à l’innovation technologique. De même, ils et elles apprennent à analyser les rapports de pouvoir et d’inégalité, mais sans pouvoir véritablement les articuler aux enjeux environnementaux ». Sur le site du Monde.
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Mai 2023
Le mois de tous les abandons : des lycées professionnels et de la mixité scolaire dans les collèges
Un choix a été fait par le ministère de l’Education et le chef de l’Etat E. Macron : abandonner les élèves de milieu défavorisé. C’est d’abord leur formation qui est complètement transformée : on privilégie les stages en entreprise au détriment de l’enseignement en lycée
Pourtant la formation en lycée professionnel est plus efficace que celle donnée dans les centres d’apprentissage : en lycée professionnel, 3 élèves su 4 obtiennent le bac pro contre 2 sur 5 dans l’apprentissage car là, beaucoup décrochent. Or, il faut que les élèves du professionnel obtiennent un bac et aient une formation de qualité comme le réclament leurs patrons dans les conventions de branche. Et une formation de qualité ce n’est pas une formation sur le tas mais une formation en lycée pro avec leurs enseignants, incluant des enseignements artistiques et culturels comme dans les lycées généraux et non pas uniquement des cours de « fondamentaux » au rabais.
Abandon également des élèves défavorisés par le ministre Pap N’Diayé qui a renoncé contre toute attente à son plan « mixité » pour lutter contre les inégalités scolaires et sociales. C’est E. Macron qui a encore mis le holà et le ministre a fini par abandonner sa volonté de vaincre les résistances. Sur le site du Café Pédagogique « Choukri Ben Ayed, chercheur spécialiste des questions de mixité scolaire, réagit à l’abandon du plan mixité par le ministre de l’Éducation nationale. Un abandon d’autant moins compréhensible selon le chercheur qu’il est le fait d’un ministre pas comme les autres. D’un ministre issu lui aussi du milieu scientifique, un ministre qui sait l’importance de la mixité dans la lutte contre les déterminismes ».
« là nous avions un collègue, venant de la communauté scientifique, travaillant sur la discrimination et la cause noire en France. Comment aurions pu nous imaginer son indifférence à la mixité sociale ? Qu’il ne discute avec aucun collègue, avec aucune organisation collégiale. Nous lui avons fourni des actes, des préconisations. Aucun retour. Depuis 2015, nous travaillons sur les territoires, nous échauffons une politique nationale de mixité sociale livrée presque clés en mains au Ministre. Depuis quoi ? Le silence. La fermeture du ministère sur lui-même. Cela prouve au moins une chose, faire défendre les intérêts des dites « minorités » par l’un de ses membres n’a aucune plus-value voire peut-être pire. Finalement, il y a bien un changement de style mais nous avons un scénario à la Jean Michel Blanquer : pas de sujet, fichez le camp, y’a rien à voir. Est-ce digne du parcours de ce prestigieux collègue ? J’en doute. La politique décidément broie les personnes. Les ordres venus d’en haut étaient plus forts que les alertes venues d’en bas. Chacun sa conscience… » Choukri ben Ayed : « Les ordres venus d’en haut étaient plus forts que les alertes venues d’en bas ».
Pour « François Dubet, sociologue, dans un article du Monde : « La défense du statu quo scolaire est une défense de caste ». « Il dénonce, le retour d’une « vraie droite » qui cherche à maintenir les privilèges des familles les plus « riches ». Le 15 mai, article pour abonné•e•s.
Et sur Facebook, l’ancienne ministre de l’éducation (sous Hollande) Najat Vallaud Belkacem, au sujet de la mixité sociale à l’école a laquelle elle avait donné en 2015, une forte impulsion depuis son ministère : « J’avais affronté et géré les résistances, il suffisait de poursuivre sur la lancée ».
Elle explique sur le site du Café Pédagogique pourquoi il faut de la mixité sociale à l’école :
« Pourquoi est-ce si important la mixité sociale à l’école ?
Pour au moins trois raisons. D’abord une question de justice sociale. Des écoles non mixtes cela signifie un système scolaire qui grave dans le marbre les inégalités de naissance et même les amplifie en construisant une ségrégation et des communautés de destins différents.
Ensuite pour une question de réussite collective : si tant est qu’on conçoive la réussite scolaire d’un pays comme un enjeu majeur – tout à la fois pour des raisons économiques, de créativité, de place dans le monde …- , il est tellement évident qu’en mélangeant les élèves on multiplie les opportunités de toutes parts. Pour les enfants des classes défavorisées, parce qu’on les met au contact de pairs à l’environnement plus propice à la réussite, à l’appétence et à l’ambition scolaire, ce qui les tire vers le haut. Pour les enfants les plus favorisés parce qu’à eux aussi l’hétérogénéité ouvre des perspectives, à commencer par une emprise sur le véritable monde qui n’en fasse pas de futurs déconnectés.
Pour le climat scolaire, et le bien-être professionnel des enseignants, parce que la mixité est la meilleure façon de lutter contre l’idée que les jeux sont faits, les dés pipés à l’avance. C’est donc la meilleure arme contre la création de communautarismes de fait se construisant dans le rejet de l’école et de ses codes, et plus généralement le rejet des institutions qui ne semblent jamais tenir la promesse d’égalité pourtant inscrite à leur fronton.
Enfin pour notre qualité de vie tout simplement, car qui peut vraiment imaginer que des enfants grandissent dans un monde de ségrégation et d’horizons limités, génération après génération, et n’en nourrissent pas de rancœur ? »
Elle analyse ensuite « ce qui limite l’action en matière de mixité c’est d’abord une série de mythes collectivement intériorisés »
[…]
« Le problème de ces mythes c’est qu’ils sont autoréalisateurs. Oui, à force de laisser ce séparatisme de fait s’installer dans les collèges, on a vu apparaitre des établissements marqués au fer rouge de la réputation de n’héberger que des « élèves à difficultés » qui font fuir les autres, alimentant ensuite la crainte qu’une opération « mixité sociale » vienne importer leurs difficultés dans un cadre qui en était préservé ».
Des expérimentations menées depuis 2015
Les expérimentations qui ont été menées pour rester au plus près du local, en associant tous les partenaires : « Ainsi parmi les quelques 80 expérimentations lancées, certaines ont fait le pari de l’amélioration de l’offre de formation. Ce fut le cas au Petit Bard à Montpellier avec le collège Simone Veil qu’on a rendu très attractif. D’autres ont misé sur les filières entre collèges et lycées, comme à Strasbourg. Parfois en associant l’enseignement privé, comme ce fut le cas à Redon, avec des résultats très probants.
Lorsque la ségrégation semblait irrémédiable, des élus courageux ont pris la décision toujours difficile de fermer un collège pour répartir autrement les élèves, comme ce fut le cas à Nîmes ou à Toulouse. Enfin, d’autres territoires ont choisi d’expérimenter les secteurs dits « multi collèges » rendus possible par la loi de refondation de l’école du 8 juillet 2013. Ce fut notamment le cas à Paris, qui reste la ville où la compétition scolaire est la plus féroce ».
« Quel bilan tirez-vous de votre action en faveur de la mixité ?
Les résultats sont aujourd’hui connus, ils ont été étudiés par les chercheurs qui accompagnaient la démarche et notamment Julien Grenet et Elise Huillery ». Sur le Café Pédagogique : « Najat Vallaud Belkacem : « J’avais affronté et géré les résistances, il suffisait de poursuivre sur la lancée ».
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11 mai 2023
L’éducation bien commun : une autre façon de penser l’école ?

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20 avril 2023
Elisabeth Borne accusée de faire du « mépris social » par une étudiante : la parole des jeunes se libère !
« Nina Fleury-Panel, une étudiante qui a gagné un concours d’éloquence, s’est exprimée devant Elisabeth Borne à l’occasion d’une rencontre avec des jeunes à Matignon. Son discours très critique à l’encontre des autorités a paru surprendre l’auditoire – notamment le porte-parole du gouvernement Olivier Véran – et a suscité beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux ».
Sa conclusion :
« Madame la première ministre, nous allons construire un nouveau monde, nous allons construire le monde de demain et nous vous demandons aujourd’hui de ne pas y faire obstacle ».
Ces interventions, celle de cette étudiante en sociologie, à Matignon et celle de Dominik Moll devant le ministre de l’Education à la Sorbonne, seront certainement suivies d’autres à l’avenir. Cela serait souhaitable pour faire bifurquer la société et l’Ecole !
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11 avril 2023
« Humiliations, insultes, violences… un rapport dénonce des maltraitances dans les crèches »
« Des enfants sont maltraités dans certaines crèches. Voilà l’une des principales conclusions d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) publié ce mardi. Elle préconise donc de profondes réformes et appelle à un « changement de regard » sur ce secteur ».
« l’Igas s’alarme d’une qualité d’accueil « très disparate » et appelle à de profondes réformes ». « Au côté de crèches « de grande qualité, portées par une réflexion pédagogique approfondie« , on trouve aussi « des établissements de qualité très dégradée« , ce qui peut entraîner « des carences dans la sécurisation affective et dans l’éveil » des tout-petits, soulignent les auteurs de ce rapport ».
« Le sujet de la maltraitance sur les enfants est « trop peu interrogé » d’après l’Inspection générale des affaires sociales, alors même que « les zones de risque et les faits remontés sont identiques à ceux que l’on constate dans tout accueil de personnes vulnérables et dépendantes « . Les auteurs du rapport font notamment référence aux maisons de retraite et aux établissements pour personnes handicapées ».
Violences sur les bébés :
Par la voix de Cyrille Godfroy, son co-sécrétaire général, le Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE) se dit « soulagé qu’enfin une inspection générale dise tout haut ce qu’on revendique et ce qu’on dénonce depuis des années ». Pour Cyrille Godfroy interrogé par France Info, les maltraitances sur les enfants dans certaines crèches sont la conséquence de politiques menées depuis de nombreuses années : « On a un gouvernement qui privilégie le chiffre à la qualité d’accueil ». Lire ici.
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7 avril 2023
Dénonciation de l’Ecole à la Sorbonne !
Chaque année, la cérémonie du César des lycéens, récompense un film à la Sorbonne. Il est attribué par un corps électoral de 2000 élèves, distinguant l’un des cinq films nommés dans la catégorie « meilleur film« . La cérémonie a eu lieu le 7 avril à l’occasion d’une rencontre-débat avec plus de 700 lycéens et en présence du lauréat, Dominik Moll, du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse Pape NDiaye, et de la présidente de l’Académie des César, Véronique Cayla.
Sur Wikipedia : Le film est un thriller franco-belge de Dominik Moll « La nuit du 12 »: Il est inspiré d’un fait divers réel. Dans la nuit du 13 au 14 mai 2013 le corps de Maud Maréchal, 21 ans, est retrouvé calciné à Lagny-sur-Marne. Son meurtrier n’a jamais été identifié. Il en est de même dans le film qui dénonce. La critique met en avant la peinture réaliste du travail quotidien de la PJ dans la lignée de Bernard Tavernier et la revue Première rajoute un petit commentaire politique sur l’actualité en parlant du film comme d’un « plaidoyer [brillant] pour la sauvegarde d’un service public en péril ». La question d’un féminicide est posée mais sans réponse puisque le meurtrier n’est pas retrouvé.
A la Sorbonne, la rencontre-débat a été vivement applaudie par les lycéens car le réalisateur a parlé politique devant le ministre de l’éducation en saluant le courage de celui-ci qui a accepté de travailler au sein du gouvernement de Macron : « Un gouvernement et un président dont les paroles et les actes sont le contraire de ce que devrait transmettre l’école ». Très applaudi !
Alors même à la Sorbonne, on révèle la vraie nature de ce régime, de ce gouvernement, de Macron ! Et en même temps « en même temps » ! critique radicale de l’Ecole et de son fonctionnement qui génère les plus graves inégalités en laissant trop d’élèves au bord du chemin, qui ne promeut pas tous les élèves selon leurs compétences personnelles mais selon celles dictées pour les premiers de cordée. Une école qui n’est pas celle de la promotion collective mais celle de quelques-uns qui méprisent les autres et sont incapables d’empathie et d’humanité. Quant aux compétences manuelles et artistiques, ils sont loin de les posséder ! L’Ecole ne les valorise pas ! Cette caste et ce qu’elle engendre sont un danger immense pour la démocratie !
Une belle leçon très applaudie : à suivre ici sur youtube.
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4 Avril 2023
Les enfants en détresse psychique : un secteur en grande souffrance
La rédaction de France culture a tweeté sur ce grave problème. Lire et écouter sur le site.

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1er avril : non ce n’est pas un poisson !
Très très intéressant : « Une utilisation de ChatGPT en classe »
Dans un article du Devoir, journal québécois, on peut lire la relation par un professeur, de son utilisation pédagogique de ChatGPT, Intelligence Artificielle qui « aide » les étudiant•e•s, les lycéen•e•s dans leurs travaux et que d’aucun•e•s accusent de plagiat. Ce professeur a décidé avec succès de prendre l’IA à rebours et d’en faire son alliée. Grand succès auprès des élèves. A méditer si on veut changer sa pédagogie dans le secondaire et développer esprit critique et éducation aux médias et à l’information. A lire ici.
« Faut-il avoir peur de l’intelligence artificielle ? » Réponse sur France culture : « Oui, 1100 fois oui, et si je vous dis oui 1100 fois, c’est parce que 1100 personnes appellent solennellement à une pause dans le développement de ChatGPT et autres trouvailles de l’intelligence artificielle. Et, attention, il ne s’agit pas de 1100 personnes choisies parmi les femmes et les hommes des cavernes, mais 1100 personnes qui travaillent elles-mêmes dans l’IA ». Même le créateur de ChatGPT, « Sam Altman est, je cite, effrayé par sa trouvaille si elle était utilisée « pour de la désinformation ou des cyberattaques », la « société a besoin de temps pour s’adapter ».
« Pour un peu, on se dit qu’il faudrait demander à l’intelligence artificielle d’aider nos pauvres intelligences pour réussir à la stopper ».
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28 mars 2023
« La classe : une forme scolaire dépassée ?«
Article très important du site The Conversation. Avec en légende de la photographie de présentation, cette légende en forme de constat clair : « Les ordinateurs et autres dispositifs numériques se sont invités dans les classes mais n’en ont pas révolutionné le plan et l’organisation ».
« La salle de classe, ce parallélépipède de plus ou moins 10 mètres sur 6 mètres, est un lieu familier pour chacun d’entre nous. La classe, c’est là que des enseignants enseignent et, quand tout se déroule bien, que des élèves apprennent ». La classe, un lieu d’apprentissage, vraiment ?
C’est en tout cas, le lieu depuis son origine et la décision de Jules Ferry, de l’implanter, « d’une pédagogie dite « simultanée » qui consiste à réunir des élèves de même âge en un groupe considéré comme homogène pour transmettre à toutes et tous les mêmes données, informations, connaissances et savoirs ».
Historique : « Ce modèle de transmission simultané s’est imposé au cours du XIXe siècle au détriment de la méthode d’enseignement mutuel pour laquelle les âges et les niveaux étaient mélangés, et où les élèves les plus avancés épaulaient le maître«
A l’heure actuelle, le modèle « simultané » subit de nombreuses critiques car il reste arc-bouté sur des compétences dépassées : « l’Unesco […], avec d’autres institutions, a rassemblé des experts pour définir les compétences du XXIᵉ siècle.
Il faut donc sortir de ce modèle anciens qui modèle les esprits et même les lieux, les locaux des établissements scolaires, les salles de classe traditionnelles qui peinent à se transformer.
Il faut donc « Réinventer la géographie scolaire ». Mais la grande difficulté vient de ce que chacun de nous n’a connu que la forme scolaire actuelle, n’a pas de vision historique : « Pour les élèves, les parents et les enseignants, l’école c’est la forme scolaire ». »Dépasser le modèle de la classe est au sens propre révolutionnaire ».
Le métier d’enseignant devrait être plus d’accompagnement que de transmission. Mais la forme scolaire est délétère : « Enfin, la forme scolaire repose sur une logique de domination. Paolo Freire, Ivan Illich, Michel Foucault ou Jacques Rancière l’ont dénoncée depuis longtemps. Elle permet le contrôle et la surveillance. Dans un établissement scolaire, le système quadruple de la classe permet de savoir qui (les élèves comme les enseignants) est où, pour y faire quoi et à chaque moment de la journée d’école. Partir des apprentissages et de chaque individu, multiplier les parcours et les choix relève d’un processus émancipateur dont tout le monde ne veut sans doute pas ».
« L’école de la forme scolaire et du système-classe est dépassée « même si encore on ne voit qu’elle, même si on ne sait construire qu’elle », selon les mots de Michel Serres. Il faut individualiser les parcours et pour cela inventer de nouveaux espaces et de nouvelles organisations : pour apprendre seul, avec un livre ou devant un écran, pour apprendre et produire du savoir en groupe, pour apprendre en confrontant ses idées à celles des autres dans le cadre d’un débat, pour apprendre dehors, pour apprendre par les sens et le corps (debout, assis, en marche…), pour apprendre en expérimentant, en fabriquant, en démontant ».
Lire sur la page du site The Conversation.
Dans le secondaire, les CDI (Centres documentaires et d’Information) et dans le primaire (maternelle, élémentaire), les BCD (Bibliothèques Centres de Documentation) sont des lieux d’apprentissage au centre des établissements qui ont pour vocation de transformer radicalement les apprentissages et rendre les élèves autonomes. En primaire, les professeur•e•s d’école en font, lorsque les BCD existent réellement, un outil efficace de leur enseignement et de leur travail d’équipe. Dans le secondaire, des professeur•e•s documentalistes ont entre autres, celle principale d’éduquer aux médias et à l’information. Cette éducation commence en maternelle sous des formes adaptées. Former à l’esprit critique est une mission fondamentale.
Dans le secondaire, le CDI est trop souvent un « déversoir des permanences ». «
« Le lieu «sert souvent à absorber le flux d’élèves qui ne sont pas en salle de permanence».
Élèves venu.e.s pour travailler ? Sans objectif trop souvent hormis celui de s’amuser : « On est systématiquement mis de côté, oubliés, exclus ou effacés, résume Christophe Barbot, «prof doc» dans un lycée de l’académie de Créteil. On a l’impression que ce qui intéresse l’institution, c’est qu’on ouvre une salle conviviale et agréable aux élèves [le CDI, ndlr] pour qu’ils puissent s’asseoir et travailler, au détriment de nos missions premières.
Lesquelles sont pourtant claires et comptent au premier chef la transmission d’«une culture de l’information et des médias». «C’est notre cœur de métier. Quoi qu’on fasse, de la culture ou de l’incitation à la lecture, on en revient toujours à le rattacher à des compétences d’EMI», assure Sophie Van Ommeslaeghe, professeure documentaliste en lycée à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) ».
« Afin de goupiller enseignement et accueil au CDI, une solution pourrait être de confier la gestion des lieux à des assistants d’éducation formés. Une demande à laquelle le gouvernement reste pour l’heure sourd. Autant qu’aux autres ».
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20 mars 2023
« Le rapport de synthèse du GIEC, « un guide pratique pour désamorcer la bombe à retardement climatique » »
« Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, qui publie ce lundi la synthèse de huit ans de travaux, entretient l’espoir ténu qu’il reste une chance de limiter le réchauffement à 1,5 °C, à condition d’un sursaut international ».
Article du Monde pour abonné•e•s
«
Autre article du Monde en anglais : « Document : le résumé pour les décideurs du rapport de synthèse du GIEC »
« Le texte approuvé par les 195 pays membres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat appelle à un sursaut pour garder l’espoir de limiter le réchauffement à 1,5 °C ». Article pour abonné•e•s.
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14 mars 2023
« L’usine des animaux » : l’enfer sur terre pour des animaux-objets
A 21h sur Arte – mais à (re)voir en replay plus tard pour ne pas manquer ce documentaire exceptionnel :
« 70 milliards d’animaux sont abattus chaque année pour subvenir aux besoins de l’alimentation. Loin des spots publicitaires vantant les mérites d’une vie en plein air, leurs conditions d’élevage et d’abattage s’apparente le plus souvent à des usines déshumanisées, dans d’effroyables conditions, où seul compte le rendement. Des États-Unis à la Chine en passant par la Pologne et la France, gros plan sur l’envers du décor. Éleveurs, historiens, sociologues, économistes, et militants de la cause animale témoignent. Parmi eux, la directrice de L214 Brigitte Gothière »
Les multinationales gèrent tout le circuit de l’élevage, de la naissance à l’abattage de l’animal, en passant par l’alimentation etc. Est-ce de ce modèle que le monde de demain a besoin ?
Etc.
A compléter par cette lecture : le thriller de José Rodrigez Dos Santos qui s’appuie sur des données scientifiques récentes et documentées comme dans le documentaire d’Arte : « Ames animales ».
Voir « L’usine des animaux » en replay sur Arte.
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Bibliographie, sitographie, citations
Dans cette rubrique : Des textes, des citations tirées de livres ou de sites, à lire et partager. Cliquer ici pour aller sur la Page en haut du site et accéder à tous les documents archivés.
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23 avril 2023
Des savoirs bioclimatiques enseignés à revoir
« Dans une tribune au « Monde », Nathanaël Wallenhorst, professeur en sciences de l’éducation et auteur de « Qui sauvera la planète ? », alerte à propos de certains savoirs bioclimatiques enseignés entretenant le mirage de limites écologiques à dépasser ».
« En mai 2022, les lycéens du parcours de spécialité sciences économiques et sociales (SES) ont eu à répondre, parmi les questions posées au baccalauréat, à ceci : « A partir d’un exemple, vous montrerez que l’innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance ».
Ceux d’entre eux qui ont brillamment réussi sont aujourd’hui en prépa économique et commerciale où ils visent HEC. Les meilleurs conseilleront les ministres de demain ou spéculeront sur les matières premières alimentaires comme tradeurs dans des banques d’affaires. Un tel sujet d’examen, proposé par des agrégés, puis retenu par les inspecteurs généraux et les recteurs, en dit long sur l’obscurantisme économique et ses programmes ».
[…]
« il apparaît avec clarté que seule une rupture radicale avec le modèle économique dominant serait à la hauteur des enjeux ». « nous avons besoin de demeurer en présence des savoirs scientifiques pour les comprendre en profondeur – ils doivent être travaillés par les ministres et leurs conseillers, les PDG et leurs comex, les chefs d’établissement et leurs enseignants, etc ».
[…] »Alors nous cesserons de faire plancher nos lycéens sur des fables obscures et changerons le monde pour plus de justice, d’humanité, de durabilité et d’hospitalité ».
Réservé aux abonné•e•s. Lire l’article du Monde ici.
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Immersion d’une journaliste éducation du Slate dans un collège : Louise Tourret en 2015
Premier volet, sur la façon dont elle est devenue prof et a enseigné au collège de février 2015 à la fin de l’année scolaire 2014-2015. «Devenir prof ? Rien de plus simple (c’est après que ça se complique)» Prof contractuelle sans aucune formation, c’est facile… » Lire ici.
Deuxième volet, sur le niveau des élèves : «La difficulté scolaire n’est pas une maladie contagieuse». « Ce n’est pas seulement le niveau des élèves en français qui l’a marquée ». Lire ici.
Troisième volet : « Le système (scolaire) est plus fort que notre intérêt pour les élèves. Le niveau d’expression écrite est loin d’être ce qui l’a le plus attristée. Récit ».
A retenir sur la question du conseil de classe et de l’orientation en fin de troisième ceci : « À la fin de la 3e, les élèves ne sont plus des personnes mais des notes ».
« L’impression que tout cela m’a donné, c’est que mes élèves et les enfants de France ne sont pas orientés : ils sont classés, triés et rangés dans des petites cases dans lesquelles tout le monde va finir par rentrer si, du moins, il y a suffisamment de places dans les filières et les établissements demandés. Je le sais et je l’ai vu: les profs et les principaux sont attentifs, ils ont pris du temps pour parler, expliquer aux adolescents et à leurs parents de quoi il retourne pour chaque choix, mais la logique bien installée et bien rodée est trop forte. L’idée de choix des gamins est une illusion: les bonnes moyennes vont vers les bons lycées, les passables vers les établissements qui ont de moins bonnes réputations, les moins bons en pro. Vue de mon collège, l’idée de l’égale dignité des filières (générale et professionnelle), un vieux serpent de mer éducatif et politique, fait franchement sourire… et surtout pleurer ».
Désespérante mais si vraie la conclusion de ce troisième récit :
« À la fin de l’année, mis à part pour quelques élèves qui vont intégrer d’excellents établissements, il n’y a aucun enthousiasme à se figurer l’avenir scolaire. Pas de joie, pas de rêve au collège.
Comment faire aimer les livres, la littérature et même le savoir à des gamins pour qui il a pour principale fonction de les écarter des voies que la société tout entière présente comme les plus désirables ? Je me suis attachée à ces adolescents et, peut-être suis-je naïve, mais je sors du collège avec le sentiment d’avoir proposé un marché de dupes à des gamins de 15 ans ». Lire ici.
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Quand l’école de Jules Ferry découvre l’inégalité sociale…
TRIBUNE. Raymond Millot, auteur d’ École ouverte, Recherche-action, Société éducatrice , critique les outils avancés par l’Éducation nationale pour réduire les inégalités à l’école. Texte de 2014 : rien n’a changé !

Copie d’écran : le groupe scolaire de la Villeneuve de Grenoble avec son projet d' »école ouverte » en 1970 jusqu’en 2000.
« Vincent Peillon n’ignorait rien du rôle de l’école dans la reproduction sociale, mais ne pouvait (ne voulait ?) le dénoncer. Sa «refondation» semblait néanmoins promettre une rupture avec l’école de Jules Ferry. Ainsi, dans son livre consacré au sujet, il condamnait cette «école pensée comme machine à trier» , ce lieu de «production de l’échec [par] institutionnalisation de la compétition et de la souffrance de beaucoup de nos enfants…» . Il maintenait «l’idée de socle commun de connaissances, de compétences et de culture» , mais tenait à «bien le distinguer d’une approche économiste […] qui voudrait réduire la scolarité à une simple préparation au marché du travail […] sorte de Smic éducatif» . Il entendait donner aux élèves «les moyens de se préparer au monde qui est le leur […], [de développer] la capacité à travailler par projet, à concevoir, à coopérer, à communiquer, à inventer, à créer» .
«Pourtant, aujourd’hui, malgré tous ses succès et le dévouement des personnels de l’Éducation nationale, la promesse républicaine qu’incarne l’école est mise à mal.« .
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Les inégalités filles-garçons vues par les enfants
“Il y a plein de gens qui disent que la place de la femme, c’est à la cuisine et tout, et que les hommes, ils doivent partir travailler. Ça ne se fait pas tout ça !” Brut a interrogé plusieurs enfants et adolescents ayant entre 8 et 19 ans. Et voici ce qu’ils pensent de l’égalité fille-garçon. “Les garçons, ils trouvent que les filles, c’est leur boniche. Ils disent ‘va me chercher ça et nananinanana…’”, explique Ariana, 8 ans ». Voici leurs réponses ».
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Les esprits formatés… et les autres !
Dans notre collectif et ce site, nous militons ardemment pour que l’Education cesse de formater les enfants et les jeunes. Pourquoi ? Arguments d’Edgar Morin.
Tweet ce matin d’Edgar Morin, sociologue et philosophe réputé, bientôt 102 ans le 8 juillet tweete presque tous les jours.
Son dernier tweet il y a 17 h :

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« L’adolescence ou le deuil des possibles »
« A quinze ans, j’étais fatigué de vivre. Sans doute faut-il être si jeune pour se sentir si vieux…
De quoi souffre-t-on à quinze ans?
De ça, justement: d’avoir quinze ans. De ne plus être un enfant et pas encore un homme. De nager au milieu du fleuve, une rive quittée, l’autre non rejointe, buvant la tasse, coulant, remontant, luttant contre les tourments du courant avec un corps nouveau qui n’a pas fait ses preuves, seul, suffoqué.
Violents, mes quinze ans, rudes. La réalité frappe, entre, s’installe et trucide les illusions. Gamin, je pouvais me rêver mille destinées – aviateur, policier, prestidigitateur, pompier, vétérinaire, garagiste, prince d’Angleterre -, m’imaginer de nombreuses apparences – grand, fin, trapu, musclé, élégant -, me doter de talents variés – les mathématiques, la musique, la danse, la peinture, le bricolage -, m’attribuer le don des langues, la facilité pour le sport, l’art de la séduction, bref, je pouvais me déployer dans tous les sens puisque je n’avais pas encore de réalité. Qu’il était beau l’univers, tant qu’il n’était pas vrai… Quinze ans, voilà que mon champ d’action se rétrécissait, les possibles tombaient comme des soldats à la guerre, mes rêves aussi. Charnier. Massacre. Je marchais dans un cimetière de songes. »
« Ma vie avec Mozart » – Eric-Emmanuel Schmitt – Ma vie avec Mozart est un roman épistolaire d’Éric-Emmanuel Schmitt sorti en 2005.
- A l’heure actuelle, ces propos sur l’adolescence doivent s’accompagner d’une réflexion sur l’éco-anxiété, la dépression voire les tentatives de suicides chez de nombreux jeunes (et même chez des enfants). Ecouter la jeune Nochka qui a présenté « L’Enfer » de Stromae dans The Voice 2023.
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Offrir à tous les jeunes…
Un livre : Yann Arthus-Bertrand. Maintenant ! Agir rend heureux », Saltimbanque édition, 2021.
« Tout au long de ce livre, je vous invite une nouvelle fois au voyage avec des images extraordinaires des plus belles régions du monde. Mais cette fois-ci, je vous raconte une histoire unique, magnifique : la vôtre. Celle de l’humanité et de son incroyable succès »[…] « Nous disposons tous d’atouts indéniables pour préserver la planète : notre intelligence et notre capacité à coopérer […] « Ce n’est pas la Terre que nous devons faire mourir. C’est notre vision du progrès. »
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« 100 ans d’éducation nouvelle
Répondre aux défis éducatifs et sociaux de notre temps »
Michel Baraër, Michel Neumayer, Sophie Reboul, Etiennette Vellas, L’Éducation nouvelle. Répondre aux défis éducatifs et sociaux de notre temps, Chronique sociale, 2022.
« […] ouvrage réalisé par le GFEN à l’occasion des 100 ans de l’Education nouvelle et du GFEN. Le livre présente les principes de l’Éducation nouvelle et les démarches concrètes qu’elle veut mettre en œuvre dans les classes. Né de la coopération de pédagogues de différents pays, l’ouvrage met en lien action éducative et transformation sociale. Il donne une large place aux pratiques du changement. Il revient sur les apports de l’Éducation nouvelle au débat éducatif. Et il revient aussi sur les 100 ans du GFEN ».
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Ils l’ont fait !
En 2020
« RÉSISTONS ENSEMBLE, POUR QUE RENAISSENT DES JOURS HEUREUX »
Le 13 Mai 2020 a été créé le Conseil National de la Nouvelle Résistance CNNR Voir la vidéo.
En ce 27 mai, journée nationale de la Résistance, nous publions RÉSISTONS ENSEMBLE, POUR QUE RENAISSENT DES JOURS HEUREUX – un ouvrage préfacé par Denis Robert qui nous propose les contributions d’une quarantaine de personnalités. Un texte pour apprendre d’hier pour agir demain. Disponible gratuitement ici. Téléchargeable.
Préface de Denis Robert : « Tout est parti d’un vieux militant Raymond Millot, 93 ans, qui rêvait de refaire le coup « des jours heureux ». Il nous a écrit et envoyé un texte […] Il parle d’un projet visant à repenser le modèle éducatif. […]
Denis Robert est écrivain, journaliste et réalisateur de documentaires. Spécialiste de la lutte contre la criminalité financière, il est notamment connu pour son enquête sur la société Clearstream. Il est depuis 2019, le directeur de la rédaction du Média. Artiste prolifique, il est aussi plasticien et l’auteur d’une dizaine de romans et autant d’essais. »
Raymond Millot se définit lui-même comme libertaire, féministe, internationaliste, autodidacte. Il a été charpentier, électricien, agent technique, instituteur (école expérimentale), conseiller pédagogique, coordinateur de la recherche-action (école ouverte/société éducatrice) à La Villeneuve de Grenoble. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels : Une voie communautaire ; Émancipation, avenir d’une utopie, et co-auteur de : Émancipation, avenir d’une utopie, et co-auteur de : À la recherche de l’école de demain ; Écoles en rupture ; Vivre à l’école en citoyen.
Cliquer ici pour accéder au site du CNNR (Conseil National de la Nouvelle Résistance).
« Déclaration » du Conseil National pour la Nouvelle Résistance, CNNR, point 5 : « Les biens communs sont l’air, l’eau, la biodiversité, la santé, l’éducation».
27 mars 2020 : Tribune essentielle
18 organisations syndicales, associatives et environnementales signent une tribune « Plus jamais ça ! Préparons le « jour d’après » Lire ici.
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Où en sont les écoles expérimentales aujourd’hui ?
Des photos et images d’expériences alternatives, de projets émancipateurs. Voir aussi dans la Page du site : « Innovations »
et dans la Page du site : Recherche-action.
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Les écoles (et collège) de la Villeneuve de Grenoble
Des expérimentations ont été réalisées à l’intérieur du système éducatif et du Service public depuis plusieurs années. Certaines n’ont pas résisté à la pression de l’administration et ont disparu comme les écoles de la Villeneuve de Grenoble (avec un collège) qui ont vécu des années soixante-dix aux années deux mille. Et ce, malgré les éloges de l’administration qui n’était pas à une contradiction près comme on le voit sur ce document où sont énoncées les conditions propices à une transformation réelle de l’Ecole, qui peuvent être encore utiles aujourd’hui. Ces éloges ( exceptionnels) venant de l’institution témoignent du fait qu’il ne s’agit pas d’un mythe :

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L’école Vitruve à Paris
Certaines innovations sont toujours vigoureuses comme l’école Vitruve à Paris : on peut lire sur la page d’accueil de son site « L’école Vitruve est une école publique un peu particulière. Basée sur un fonctionnement par projets, elle a pour objectif de permettre à chaque individu qui la compose, enfant comme adulte, de trouver sa place et d’agir dans le collectif. Sa devise : C’est à plusieurs qu’on apprend tout seul ».
« Située dans le 19ème arrondissement, cette école publique est une « expérimentation, qui veille à se remettre en question et à se renouveler, et qui demeure hors norme, atypique et originale ». Une originalité qui porte sur l’organisation pédagogique de l’école et sur la coopération avec les partenaires du système éducatif dans le but de mieux lutter contre l’échec scolaire. Son évaluation, menée entre mars 2018 et juin 2019, doit permettre le renouvellement du statut particulier de cette école ô combien atypique… » Sur le site du Café Pédagogique (cliquer sur la photo).
L’école Vitruve participe depuis plusieurs années à la FESPI (fédération des établissements scolaires publics innovants).
Yves Reuter : « […] au travers des études qui existent, les résultats quant aux apprentissages purement scolaires sont au moins identiques aux autres écoles. Là où les résultats sont nettement meilleurs, c’est au niveau des compétences psycho-sociales et de citoyenneté. »
« Il ne s’agit pas d’uniformiser, mais de faire bouger l’éducation nationale et d’encourager différentes initiatives prises sur le terrain. Et puis surtout, il faut former les enseignants. Bien souvent en France, on reforme mais on ne forme pas. Quand on veut généraliser trop vite, quand les enseignants ne sont pas convaincus, cela ne marche pas. Il faut faire connaître ce type de pratiques pour que les gens s’en inspirent, il faut socialiser. Chacun en fera ce qu’il souhaite. »
Lire ici « En sortant de l’école » de Jean Foucambert sur l’école Vitruve.
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Le lycée auto-géré de Paris
Le lycée autogéré de Paris (LAP) est un lycée expérimental créé en 1982 sous le ministre de l’Éducation nationale Alain Savary. Des enseignants et des jeunes en sont les fondateurs. Il a été créé pour offrir une alternative à la pédagogie traditionnelle.
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Le collège Clisthène
Le collège Clisthène à Bordeaux date de 2002.
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En Belgique
Il faut retenir les expériences belges des écoles publiques sous la houlette de l’inspecteur Charles Pepinster.
Septembre 2020 : Une septième école publique à pédagogie du chef-d’oeuvre en Belgique
Une école publique au-delà de Montessori, Decroly, Freinet …



Un livre pour en savoir plus : « Du chef-d’oeuvre pédagogique à la pédagogie du chef-d’oeuvre » Ed. Chronique Sociale, éditions du GBEN collectif
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